Alors que le monde vacille, plusieurs dirigeants européens se sont réunis au Royaume-Uni. En effet, le Premier Ministre Keir Starmer, a accueilli à Londres ce dimanche 2 mars, un certain nombre de ses homologues, chefs d’État ou de Gouvernement. Ce sommet s’est déroulé dans un contexte particulièrement tendu, après l’échange virulent entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche. En marge de ces discussions, Lesfrancais.press a interrogé les représentants des Français vivant au Royaume-Uni. Quelles sont leurs réactions ? Comment vivent-ils la situation actuelle ? Entre espoir et inquiétude…
Les réactions des Français à Londres
Avant l’ouverture officielle des discussions, le Président français, Emmanuel Macron s’est entretenu avec le Premier Ministre du Royaume-Uni, pour réaffirmer la solidarité franco-britannique envers l’Ukraine. Mais c’est dans un climat d’incertitude que s’est tenu le week-end dernier à Londres ce sommet.
« Ce qui se joue aujourd’hui, c’est notre capacité à assurer notre sécurité collective. »
Vincent Caure, député des Français établis hors de France
Pour Vincent Caure, le député (Renaissance) des Français établis hors de France dans la 3e circonscription (îles Britanniques, pays nordiques et pays baltes) : « cette rencontre est un signe fort de soutien à nos amis ukrainiens. Depuis la confrontation entre Trump et Zelensky vendredi dernier, nous vivons un moment clé pour l’unité européenne. Ce qui se joue aujourd’hui, c’est notre capacité à assurer notre sécurité collective. »
« Après les événements de Washington, les discussions de Londres sont plus cruciales que jamais », nous a déclaré Patricia Connell, conseillère des Français de l’étranger (Angleterre, Pays de Galles, Irlande du Nord.)
« Nous sommes à la croisée des chemins de l’histoire »
Keir Starmer, Premier Ministre du Royaume-Uni
Pour l’élue consulaire, « L’Europe doit intensifier son soutien à l’Ukraine. Nous ne pouvons pas laisser l’administration Trump imposer un accord de paix qui menacerait la souveraineté et la sécurité des Ukrainiens ». Elle attend une issue positive de ces échanges et « compte sur Emmanuel Macron et Keir Starmer pour défendre cette position »
Un plan franco-britannique pour la paix
Sur la BBC, Keir Starmer a confirmé que le Royaume-Uni et la France travaillaient à l’élaboration d’un plan pour mettre fin aux combats. « Nous sommes à la croisée des chemins de l’histoire », a-t-il déclaré, soulignant l’importance d’une approche européenne unie. Au cours de cette rencontre à Londres, les dirigeants présents ont, entre autres, défini quatre axes prioritaires :
- Maintenir l’aide militaire à l’Ukraine ;
- Assurer la présence de Kiev à la table des négociations de paix ;
- Dissuader toute future agression russe ;
- Former une « coalition des volontaires » pour garantir la sécurité de l’Ukraine.
Outre ce plan, le Royaume-Uni a également annoncé une aide supplémentaire de 1,6 milliard de livres sterling (soit 2,01 milliards de dollars) pour permettre à l’Ukraine d’acquérir de nouveaux missiles. « L’Europe doit prendre ses responsabilités dans la négociation d’un accord de paix », a insisté le Premier Ministre britannique, tout en reconnaissant la nécessité d’un appui américain.
Une diplomatie européenne renforcée ?
Mais cet appui de la Maison blanche ne semble pas être le souhait de Charlotte Minvielle, candidate du Nouveau Front Populaire aux élections législatives de 2024 en Europe du Nord, et coprésidente d’EELV au Royaume-Uni. En effet, elle dénonce l’attitude de Washington : « Les États-Unis adoptent une approche offensive vis-à-vis des dirigeants européens, comme l’a montré l’entretien entre Trump et Zelensky, qui était humiliant. Nous devons redoubler de soutien à l’Ukraine et affirmer nos valeurs démocratiques et les droits de l’Homme », a-t-elle indiqué à notre média Lesfrancais.press.
« Nous devons redoubler de soutien à l’Ukraine et affirmer nos valeurs démocratiques et les droits de l’Homme »,
Charlotte Minvielle, co-président Les ecologistes au Royaume-Uni
En marge de ce sommet, une rencontre entre Volodymyr Zelensky et le roi Charles III a pu s’organiser. « L’agression russe est une menace existentielle pour l’Europe, et le roi Charles en est conscient. C’est pourquoi il a accordé une audience privée au président Zelensky tout au long du week-end. » », souligne un proche de Buckingham. Et « La famille royale excelle dans l’art du soft power », poursuit cette même source.
L’ensemble de ces démarches permettront-elles une issue positive ? Aujourd’hui l’inquiétude demeure. Nos Français à Londres partagent pour certains del’optimisme, quand d’autres doutes encore de l’influence de notre pays sur la scène mondiale. Ce sommet de Londres marque en effet une étape importante dans la construction d’une stratégie européenne face à la guerre en Ukraine. Reste à savoir si ces initiatives auront un impact sur la position américaine et entraîneront rapidement des avancées concrètes, tant diplomatiques que militaires ?
Auteur/Autrice
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Alexander Seale est franco-britannique. Né et habitant au Royaume-Uni, il est correspondant pour lesfrancais.press, LCI (France) et LN24 (Belgique) à Londres.
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