Si la politique est un jeu, il peut être mortel. Pour les États comme pour les gens.
Antisémitisme et racisme
Soit. Ni l’antisémitisme ni le racisme ne sont l’alpha et l’oméga de ces élections. Ils devraient l’être : ce sont les marqueurs de la République, de sa santé comme de sa maladie. Le nombre d’actes antisémites a été multiplié par quatre en un an : plus de 1600. Par contre, les actes islamophobes sont presque « rares » : 242, mais augmentent de 30% en un an. La banalisation de la haine se répand. Pourvu qu’elle reste un cas isolé, la gamine de 12 ans violée à Courbevoie par trois gamins, parce qu’elle était juive ! Pourvu qu’ils restent isolés les deux jeunes arrêtés hier à Paris, qui prévoyaient des actions « antijuives » ! C’est à la racine qu’il faut combattre le mal. Aucun compromis avec la haine.
Quelles alliances internationales ?
Les Français enverront-ils au Parlement une majorité contre l’Europe, contre l’Otan, conforme aux vœux des Russes, Chinois, de Kim Jung Un, de Maduro, d’Ortega, des « fous de dieu » et autres Iraniens ? La Chine vient de demander à Apple de retirer l’application Radio France de ses téléphones. La Russie attaque les intérêts français en Arménie, dans le Pacifique, au Moyen Orient, en Afrique… à Paris !
De même que les alliances de la France étaient stables et fortes, de même son système politique, la République, faisait consensus (en dehors du parti communiste). Ce n’est plus le cas : le Rassemblement national n’a jamais accepté la République telle qu’elle est, fondée sur l’état de droit (le droit du citoyen supérieur à celui de l’État), les droits de l’homme (fustigés à travers le droit de l’homme). Il a toujours dénoncé la Cour européenne des Droits de l’Homme, oubliant qu’elle est fondée sur les principes du droit français.
De son côté, LFI, avec ses troubles alliances internationales, ne partage en rien les principes de la Ve République. Mouvement révolutionnaire, il promet une « Constituante » pour faire table rase du passé. L’intégration du « Nouveau Parti anticapitaliste » dans le Nouveau Front Populaire, dont le projet est de renverser l’État, en est la signature. Voir la gauche démocrate s’allier avec eux est une autre forme de trahison, ce qu’un Philippe Val, ancien patron de Charlie Hebdo énonce clairement : « La gauche est retombée dans la poubelle de la Nupes. Elle s’est rendue compatible avec l’antisémitisme pour des raisons ignobles : ils veulent séduire une immigration musulmane supposée antisémite. » L’antisémitisme était un marqueur de la gauche. Le voilà gommé par les intérêts supérieurs de l’enjeu électoral. Soi-disant pour faire front au front. En fait, il le fait monter, parce que LFI fait peur, et réduit ce qu’il y a entre eux, la seule force qui s’était vraiment opposée au RN. La gauche démocrate pouvait s’intégrer à un arc républicain, elle a choisi de s’en dissocier pour surfer sur l’anti-macronisme : par électoralisme.
Le quotidien ou la République ?
Soit. Les Français seraient plus concernés par le pouvoir d’achat, la détestation de Macron, l’immigration que par la République. Le pouvoir d’achat ? Voici le Nouveau Front Populaire avancer un programme qui coûterait 250 milliards selon Mélenchon. Pourquoi ne pas prendre les gens pour des imbéciles, puisqu’ils sont si naïfs ? Le RN repousse la retraite à 60 ans à plus tard, mais tient bon sur la réduction de la TVA et de la taxe sur l’énergie. La première coûte une fortune ; le deuxième revient à subventionner les compagnies pétrolières. Bravo.
Tout ce concours de mensonge et de démagogie intervient au moment où la Commission met la France sous surveillance pour « déficit excessif ». On l’enverra paître la Commission ! Mais les marchés financiers auxquels on emprunte plus de 295 milliards par an, le font déjà payer, par la hausse des taux. Aujourd’hui, le différentiel de taux avec l’Allemagne, de 0,7%, représente le budget du ministère des affaires étrangères.
Les naïfs croient que les déficits ne se paient pas, que l’on peut augmenter des impôts, alors que la France en détient le record. Menteurs ou naïfs ceux qui pensent que le pouvoir d’achat dépend du gouvernement ? Il dépend de la création de richesse, du travail, de l’investissement. Bridez-les, vous baissez le pouvoir d’achat. Laissez-les, il s’envole, comme en suisse, Pays bas, Pologne, Australie, Irlande, États-Unis, Uruguay, Costa Rica, Portugal, Corée, etc.
« Si j’avais fait de la politique, je serais mort depuis longtemps » disait Socrate avec humour avant de boire la ciguë. À faire de la politique, on risque de mourir. À ne pas en faire aussi. Certains voient la politique comme un jeu de pouvoir, ils s’y complaisent en joueurs, y compris au sommet de l’État. D’autres l’observent en spectateurs, comme un concours de fléchettes. Flèches mortelles. Si la politique est un jeu, il peut être mortel. Pour les États comme pour les gens.
Laurent Dominati
a. Ambassadeur de France
a. Député de France
Président de la société éditrice du site Lesfrancais.press
