Sergio Coronado : "un projet qui rend la parole aux Françaises et aux Français"

Sergio Coronado : "un projet qui rend la parole aux Françaises et aux Français"

Poursuite de nos rencontres avec les candidats aux élections législatives de 2024, pour les Français de l’étranger. Aujourd’hui, Sergio Coronado, élu député « Europe-Écologie-Les Verts » de la 2ème circonscription des Français de l’étranger de 2012 à 2017, il est aujourd’hui le candidat écologiste du Nouveau Front Populaire pour cette circonscription qui couvre l’Amérique latine et les Caraïbes.

Depuis 2022 Sergio Coronado était le secrétaire général du groupe Écologistes et pluriel-s au conseil municipal de Marseille. Il se lance donc à nouveau dans la campagne.  

Écouter l’interview du candidat du Nouveau front populaire

« Un accord électoral qui permet (…) d’aller unis à cette élection législative »

Q : Il ne reste que quelques jours avant le vote, d’une part électronique, puis à l’urne, un délai extrêmement court. Allez-vous pouvoir faire campagne correctement dans cette grande circonscription ?

Nous avons prévu un certain nombre de déplacements qui commenceront par le Mexique, qui iront ensuite à Bogota, à Santiago, au Chili, en Argentine, au Brésil. 

Mais c’est vrai, c’est une campagne qui se déroule dans des conditions tout à fait particulières. La décision du Président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale le soir des résultats de l’élection européenne, où l’extrême droite est arrivée en tête et donc espérant gouverner en fait puisqu’elle avait dépassé les 30 %, a mis une situation tout à fait particulière sur la difficulté d’organiser pour les services de l’État cette élection dans de bonnes conditions. 

C’est une forme de brutalité en fait, dont a fait preuve Emmanuel Macron. Je crois que la démocratie a besoin de temps. Je crois que le débat d’idées a besoin de temps, de pédagogie, de confrontation, de débat. Je ne suis pas sûr que nous ayons ce temps, nécessaire à toute élection, à tout débat démocratique. Je le regrette fortement et je crois que c’est une décision incomprise, même parmi ses soutiens, on voit aujourd’hui un président en campagne, des élus macronistes un peu désarçonnés, ne sachant pas très bien sur quel programme ou sur quelle orientation ils vont faire campagne. 

Nous, nous n’avons pas ces difficultés. L’ensemble des forces de gauche et les écologistes ont passé un accord programmatique, qui a été salué notamment par des économistes de renom, qui ont dit que c’était le meilleur projet, qu’il était chiffré, qu’il était ambitieux, qu’il remettait les services publics, la justice sociale au cœur des futures politiques. 

Et il y a eu également un accord électoral qui permet, à la gauche rassemblée et aux écologistes, d’aller unis à cette élection législative.

Q : Dix jours de campagne, vous n’avez pas le sentiment que c’est aussi quelque part priver justement les électeurs de débats ?

Nous allons essayer de faire exister ce débat. C’est pour ça que je vous réponds et je réponds à l’ensemble des sollicitations des journalistes. Nous organisons ce soir même un webinaire sur l’ensemble de la circonscription et nous aurons des débats, nous organisons également des rencontres sur les réseaux sociaux. 

Mais la responsabilité, elle, ne nous incombe pas. Je n’ai pas choisi la date de la dissolution, je n’ai pas choisi la date du premier tour. Je n’ai pas choisi que cette campagne se déroule dans de si mauvaises conditions. Je crois qu’en effet, l’ensemble des candidats, qui sont aujourd’hui en lice, regrettent la manière de procéder du président de la République, cette brutalité, cette précipitation qui prive en effet les Français de débat. 

Cependant, je crois que le choix qui est aujourd’hui celui auquel les Françaises et les Français sont appelés à trancher, est assez clair, le président de la République en 2017 et ensuite en 2022 et s’est fait élire sur l’idée de faire barrage à l’extrême droite.

J’ai fait partie, comme beaucoup d’entre nous, de ces électeurs-là qui ont voté Emmanuel Macron alors même qu’il n’était pas mon candidat. Je l’ai fait pour empêcher que l’extrême droite n’accède aux responsabilités dans mon pays. 

Je suis arrivé en France au début des années 80, je suis né au Chili et ai grandi en Argentine. Ma famille est une famille exilée, accueillie par la France et je dois beaucoup, si ce n’est tout, à ce pays qui nous a accueillis, qui nous a permis de vivre en liberté, en sécurité, de bénéficier des protections qu’une démocratie octroie à ses citoyens, que l’État de droit garantit. 

Et je crois en effet que l’idée que l’extrême droite pourrait gouverner le pays est une blessure pour le fils d’exilés que je suis, pour le français devenu. Aujourd’hui, plus personne ne pense que le président Emmanuel Macron est un rempart. Il est devenu même un agitateur de ces idées-là. 

« Les Français ont besoin d’espoir »

Q :  Vous parlez beaucoup de l’extrême droite. Les élections européennes sur votre circonscription ont placé entre le RN et Reconquête à environ 17 %. Ne pensez-vous pas qu’en parler dans votre campagne auprès des électeurs des Français de l’étranger, n’est pas aussi faire évoluer les idées dans le débat.

Je ne suis pas dans le déni. Le risque existe. Il est tous les jours commenté par les journalistes sur les plateaux de télévision et nous vivons dans un monde désormais connecté en fait. Et les sondages dont on nous abreuve ne disent pas autre chose. 

Ma campagne n’est pas une campagne contre, c’est une campagne en faveur d’un autre projet de société, d’un projet où la justice sociale redevient une boussole, où la question, par exemple, de nos services publics redevient une priorité. Nous avons constaté dans notre circonscription les effets de la politique de coupes budgétaires. Nous avons désormais des services consulaires qui répondent avec difficulté aux attentes des Français. Nous avons un budget des bourses qui est toujours insuffisant pour répondre favorablement à la demande de scolarité des familles dans un système français. 

Je pense en effet que les Français ont besoin d’espoir, de perspectives, d’un horizon politique. Et c’est ce que nous allons essayer de faire avec ma suppléante, Louise Guibrunet, résidente au Mexique, qui est enseignante chercheuse.

Q : Si vous êtes élu député, quelle serait la réforme pour les Français de l’étranger que vous souhaiteriez défendre ?

Je déposerai un projet qui vise à sanctuariser la binationalité, c’est la situation de beaucoup d’entre nous. Nous sommes des binationaux, nous avons des familles binationales qui ont des enfants binationaux. Les attaques de plus en plus nombreuses, qui ont commencé il y a une quinzaine, une vingtaine d’années, contre la binationalité sont inquiétantes et elles sont contraires, à ce qu’est la France, à ce qu’est la France dans le monde, à ce que sont les Français établis à l’étranger, qui sont en très grande majorité binationaux. 

Q : Quel serait le projet que vous souhaitez vraiment porter à l’Assemblée pour la 2ème circonscription ? 

Je souhaite porter un projet qui rende la parole aux Françaises et aux Français, et notamment à celles et à ceux de la 2ème circonscription qui sont parfois loin de nos institutions. Les ambassades, les consulats sont basés dans les capitales et nous avons des Français qui sont loin de ces services publics. Je souhaite, avec Louise Guibrunet, ma suppléante, mettre en place un Parlement. Un Parlement de la France dans la circonscription, en Amérique latine et dans les Caraïbes, ouverte aux élus, aux associations et aux citoyens. Je pense qu’il est nécessaire de faire vivre cette démocratie. Nous sommes des citoyens Français. 

Les Français établis à l’étranger sont considérés comme des citoyens de seconde zone. J’ai été frappé, lors de mon premier mandat de député, par la méconnaissance absolue des conditions de vie des résidents à l’étranger par les élites politiques, par les responsables politiques. Quand je venais parler des difficultés sociales, des difficultés de retraites, des difficultés de couverture sociale, on me regardait comme si j’avais abusé du vin rouge ou d’un cocktail un peu alcoolisé au bord d’une piscine on me répondait : « Mais enfin, les Français à l’étranger, ce sont des expatriés. Ils passent leur temps entre les cocktails et les rendez-vous mondains et ils ont beaucoup de personnel à la maison ». 

Les difficultés rencontrées par mes compatriotes dans la vie à l’étranger, je les ai rencontrées. La prise en charge médicale, l’assurance, les coups, tout ça n’est pas simple. Ces difficultés-là, je les connais par cœur, et je crois en effet qu’on a besoin de faire corps, en fait, au-delà des étiquettes politiques. J’ai eu comme expérience un travail collaboratif de bonne entente, avec l’ensemble des élus des Français établis sur le continent. Nous avons toutes et tous conscience de la difficulté à faire comprendre à Paris, au Parlement, la réalité de nos vies à l’étranger.

Q :Quel serait le message que vous souhaitez aujourd’hui adresser à vos électeurs de la deuxième circonscription ?

C’est un message d’espoir. Je pense qu’il faut redonner espoir au pays. Je crois que les Françaises et les Français qui vivent dans la 2ème circonscription ont conscience de l’image qu’incarne la France, notamment sur le continent latino-américain. 

Une voix de défense des droits de la liberté, la voix de la démocratie, la voix aussi des révolutions et des émancipations dans le monde. Je crois que ces voix portent moins. 

La présence française dans le monde est en net recul, je crois que la France ferait bien de reprendre le drapeau de la défense du droit international, de la lutte contre les régimes autoritaires, les dictatures. Qu’elle développe une diplomatie de la paix, du développement durable, nous en avons besoin. Les Françaises et les Français établis en Amérique latine en ont besoin et ils seraient fiers à nouveau de notre pays, de la France et de notre gouvernement.

Les candidats de la 2eme circonscription des
Français établis hors de France sont (par ordre du tirage au sort) :

1. Mme AGOSTINI Jessica, remplaçant M. FRANCISCO Xavier;

2. Mme GONCALVES Marie-Nathalie, remplaçant M. VANDAMME Marlon;

3. M. DUPONT Bertrand, remplaçante Mme MARTIQUET Frédérique;

4. Mme MERCIER Camille, remplaçant M. BROSSOLET Théodore;

5. Mme COURMONTAGNE Nora, remplaçant M. COURMONTAGNE Charles-Edouard;

6. Mme CAROIT Eléonore, remplaçant M. LARROUQUIS Benoît

 7. M. CORONADO Sergio, remplaçante Mme GUIBRUNET Louise.

Auteur/Autrice

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire