Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a accusé dimanche (23 octobre) Bruxelles d’affaiblir la Hongrie avec ses sanctions contre la Russie, au moment où le dirigeant nationaliste doit affronter chez lui un fort mouvement de contestation des professeurs et étudiants.
Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de la capitale, ont constaté des journalistes de l’AFP, et promis de nouvelles actions dans les semaines à venir.
Dans ce contexte, Viktor Orban avait choisi de ne pas réunir ses partisans à Budapest, comme il le fait traditionnellement en ce jour de fête nationale commémorant le soulèvement de la Hongrie contre l’URSS en 1956.
Il a tenu à la place un discours à 230 km de là, dans la ville de Zalaegerszeg (ouest), où il s’en est encore pris à l’UE.
« Ne nous préoccupons pas de ceux qui tirent sur la Hongrie cachés dans l’ombre, quelque part depuis les miradors de Bruxelles », a lancé le dirigeant.
« Ils finiront là où leurs prédécesseurs ont fini », a-t-il ajouté, prédisant à l’Union européenne un sort similaire à celui du bloc soviétique qui s’est effondré entre 1989 et 1991.
« Pas des robots »
Ce discours fait écho au lancement mi-octobre par le gouvernement d’une « consultation nationale » sur les sanctions européennes contre Moscou, que Viktor Orban ne cesse de fustiger même s’il les a votées aux côtés de ses partenaires.
Dans la capitale et le reste du pays, des posters ont été affichés avec un message flanqué d’une photo d’un missile : « Les sanctions de Bruxelles nous ruinent ».
« Guerre à nos portes, crise financière et ralentissement économique dans l’UE, invasion migratoire au sud (…), nous devons faire face » à de multiples problèmes, a déclaré le Premier ministre dimanche, assurant que « son gouvernement fort et uni » surmontera cette épreuve.
Depuis le début du conflit en Ukraine, la Hongrie, qui est fortement dépendante des importations d’hydrocarbures russes, a pris soin de préserver de bonnes relations avec le Kremlin pour continuer à recevoir gaz et pétrole.
Elle a parallèlement refusé d’apporter une aide militaire à Kiev, tout en fustigeant la stratégie de Bruxelles.
Dans la foule à Budapest, certains manifestants dressaient des comparaisons entre Viktor Orban et le président russe Vladimir Poutine.
Mais les revendications portaient essentiellement sur les conditions de travail dans l’éducation, secteur négligé ces dernières années selon les syndicats.
Les enseignants hongrois, payés entre 170 000 forints (410 euros) et 396 000 forints (950 euros) par mois, ont durci le ton depuis la rentrée, furieux de l’adoption en février d’un décret restreignant drastiquement le droit de grève.
« Aux côtés de mes profs », « On en a ras le bol » ou encore « Les travailleurs de l’éducation ne sont pas des robots », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les protestataires.
« Dans mon école, tout le monde est épuisé de devoir se battre pour le strict minimum : un nombre suffisant de professeurs, un équipement correct », a témoigné la lycéenne Anett Bodi, interrogée par l’AFP.
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