Sall favori, le Sénégal joue la confiance

Macky Sall a de grandes chances d’être réélu Président de la République du Sénégal.

Le Président sortant a d’excellent résultats économiques – les meilleurs du continent africain- une reconnaissance internationale, une stature au dessus de ses concurrents, une opposition en lambeaux. Celui qui avait pris le risque de défier son prédécesseur Abdoulaye Wade, a vu ses principaux rivaux, dont le fils de l’ancien Président, écartés par la justice après avoir été condamnés pour corruption. D’où des soupçons de justice aux ordres, même si personne ne doute vraiment de la réalité des faits reprochés.

Une victoire facile annoncée? Soit, les opposants ne font pas le poids.

Le parti socialiste, autrefois hégémonique, a disparu. Mais personne ne peut nier que Sall a réussi son premier mandat, ni faire croire que le Sénégal est une fausse démocratie: la preuve en fut la rébellion de Saal lui même, et une liberté de la presse que l’on retrouve rarement ailleurs. De même, pour l’instant, le régime Saal tranche par son souci de transparence. Faux semblant, précautions électorales? Il se passe quelque chose au Sénégal, qui vient de loin. Pendant quarante ans, le pays a été dirigé par Léopold Sédar Senghor, icône qui n’accepta que tardivement le multipartisme. Il transmit le pouvoir à son héritier Abdou Diouf, qui dut accepter l’alternance incarnée par le vieil opposant Abdoulaye Wade. Pour la première fois, le Parti socialiste cédait les rênes du pouvoir à un libéral convaincu. De fait, la libéralisation à la Wade apporta lors du premier mandat un vent de fraicheur, de nouveauté qui changea le Sénégal. Le second mandat fut plus problématique; et Sall Premier ministre s’opposa au vieux chef et à sa famille. Libéral convaincu lui aussi, il s’affranchit des pesanteurs du clanisme de Wade et continua une politique économique de croissance et d’investissements. Enfin, servi par la chance, des champs de pétrole découvert au large du Sénégal devraient lui permettre, quand ils seront opérationnels, de financer la modernisation du pays. Chinois, Allemands, Français et même Russes se précipitent sur ce qui pourrait apparaître comme le premier dragon africain. Pour l’instant, Sall plane; Les Sénégalais devraient lui faire confiance.

Pourvu que le succès ne monte pas à la tête. Mais pourquoi s’inquiéter d’un succès avant d’en profiter un peu?

Le plus marquant, c’est la réussite d’un programme franchement libéral, dont les bénéfices sociaux sont incontestables. Les pays en développement ont la plupart du temps, notamment en Afrique, privilégié le dirigisme et l’étatisme, qui permet de tenir un discours social, contrôler des ressources du pays, tout en facilitant la corruption. Rares sont ceux qui ont opté pour un voie franchement libérale, malheureusement assimilée aux «recettes» du FMI, qui relèvent plus de la purge que d’une politique de l’offre. Au Brésil, le Président Fernando Cardoso avait fait ce choix, qui fut une réussite économique et qui permit de financer la bolsa familia de Lula. Ici aussi, Macky Saal  a développé un programme de bourses aux familles. Ce n’est pas une coïncidence: mener de front l’investissement et l’intégration des plus pauvres au circuit économique, c’est la recette du développement et de la création d’une classe moyenne. 

La rédaction

 

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