Tandis que l’intersyndicale affirme ne pas «tourner la page», certains manifestants comme des responsables syndicalistes semblent avoir acté la défaite. A l’instar de Laurent Berger qui s’accorde à dire que « sur le sujet des retraites, et avec un décret à 64 ans qui est publié, ça devient de plus en plus compliqué». Du côté des Français de l’étranger, la mobilisation s’est aussi estompée ce 06 juin 2023.
Mobilisation en chute libre
Dans un contexte de faible engouement autour de cette 14e journée de manifestation contre la réforme des retraites, Sophie Binet a appelé les Français à se mobiliser. « Les suites dépendent du niveau de mobilisation aujourd’hui et de ce qu’il se passera le 8 », met-elle en avant. « Mais, ce qui est sûr, c’est que l’Intersyndicale va rester unie », assure la patronne de la CGT.
En France
Mais la nouvelle tête d’affiche de la CGT n’a pas été entendue. Alors que les syndicats annoncent 300 000 personnes à Paris, les forces de l’ordre et les médias estiment que les manifestants étaient autour de 80 000 personnes.
Même dans les bastions de la contestation, les chiffres sont les plus faibles enregistrés en près de cinq mois. À Nantes, ils étaient ainsi 8600 selon la police, 20.000 d’après les organisateurs – plus bas encore que le 11 mars, point bas du mouvement jusqu’à présent. Même chose à Rennes, où 5.500 à 10.000 personnes ont défilé, à Rouen (2900 à 6000), mais aussi plus au sud à Nice (1700 à 6500) et Perpignan (2000 à 4000). Quelques villes dépassent de peu leurs jauges minimales, mais suivent tout de même la tendance, comme Grenoble (5000 à 10.000) et Le Havre (3500 à 10.000).
Hors de France
Alors que les partis d’opposition, en particulier ceux affiliés à la NUPES, appelaient à manifester devant les ambassades et consulats à Barcelone, Londres, etc, ils ne furent qu’une poignée dans chacune de ces villes à rejoindre les organisateurs.
L’exception qui confirme la règle fut Berlin où 70 personnes se sont rassemblées devant l’ambassade de France de 18 à 19h avec des discours tenus par la candidate NUPES Asma Rharmaoui-Claquin, ainsi que par des membres d’IG Metal et ver.di, les plus grands syndicats allemands.
Enfin à Madrid, une trentaine de Français ont manifesté avec enthousiasme et détermination leur opposition à la réforme des retraites. Mais globalement, les Français de l’étranger comme ceux de métropole semblent résignés. Pour autant, le responsable UNSA, Adrien Guinemer, nous a transmis la réaction de son syndicat depuis Dijon où les responsables syndicaux sont en congrès.
« L’UNSA réunie en congrès à Dijon participe à la manifestation intersyndicale contre la réforme des retraites. Les député•es doivent se saisir de la chance qui leur est donnée cette semaine. Emmanuel Macron peut encore écouter son peuple qui dit Non à cette réforme. «
Adrien Guinemer, chargé de mission « Hors de France » : AEFE, MLF, MEAE Secteur : trésorerie, numérique, communication et HdF
Ce fut aussi le cas d’un des responsables de LFI en Espagne, Youssef Hanayen, qui constate aussi une baisse de la mobilisation mais qui tient à la relativiser. En effet, hors de France, il est plus que difficile de mobiliser sur de tels sujets nationaux.
« Même si on rassemble moins de monde à cause notamment des épreuves du bac, cela reste des chiffres très corrects quand on sait que même lors des élections on a parfois du mal à rassembler une vingtaine de curieux… «
Youssef Hanayen, un des responsables de LFI en Espagne
En effet, dans les établissements AEFE, les syndicats contactés n’ont même pas pu nous communiquer des chiffres concernant les débrayages. Une situation qui s’explique par les épreuves du Baccalauréat et du Brevet des collèges qui étaient organisées dans une partie du réseau des établissements scolaires hors de France ce 06 juin 2023.
Moins de violences
Du côté des violences, les cortèges clairsemés n’ont pas permis aux Black Blocs de se lancer dans leurs opérations de destruction dans les rues de France. Mais une anecdote a été retenu par les médias nationaux.
En effet, lundi, Adrien F., 20 ans, comparaissait après l’agression du petit-neveu de Brigitte Macron, Jean-Baptiste Trogneux. Sur les trois prévenus, il est le seul à avoir été relaxé de ces faits commis en mai à Amiens. Ce mardi, il a été interpellé à Paris durant la manifestation contre la réforme des retraites…
Et maintenant ?
« La lutte continuera« , a promis Jean-Luc Mélenchon mardi à Paris depuis la manifestation contre la réforme des retraites, même s’il a admis ne pas savoir « sous quelle forme« , appelant une nouvelle fois les syndicats à associer les partis aux décisions.
« D’une manière ou d’une autre, cette lutte va trouver son prolongement« , a-t-il déclaré. « Les jeux ne sont pas faits« , a insisté l’Insoumis. « Je préfèrerais une organisation plus ample où les syndicats acceptent de collaborer avec les organisations politiques » pour « travailler ensemble« , a-t-il ajouté.
Pour la CFDT, comme pour d’autres instances, cette 14e journée de mobilisation « est la dernière évidemment sur la question des retraites dans ce format-là« , mais elle doit servir à « montrer la force du mouvement syndical pour relever les défis qui sont devant nous« , notamment « le pouvoir d’achat, les salaires, le logement, les conditions de travail« , a ajouté Laurent Berger, le patron de la CFDT.
Cependant, une dernière date s’impose dans le calendrier, jeudi 08 juin, la proposition de loi portant sur l’abrogation du nouvel âge légal de départ à la retraite, 64 ans, sera présentée aux votes des députés. Avec peu de chances d’être adoptée.
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