Boeing 737 MAX. Les familles de victimes du crash aérien de 2019 ont déposé une plainte ce 22 décembre auprès de l’Agence européenne de la sécurité aérienne, tandis que celle-ci s’apprête à lever l’interdiction de vol du Boeing à partir de janvier.
Deux accidents aériens ayant coûté la vie à 346 personnes en 2018 et 2019 avaient entraîné une immobilisation au sol de l’aéronef pendant 20 mois, et ce à travers le monde entier. Toutefois, l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) devrait apporter quelques rectifications à cette interdiction, emboîtant ainsi le pas aux autorités américaines.
l’Europe va donner son feu vert
Le chef de l’AESA, Patrik Ky a déclaré dimanche (20 décembre) qu’il était fort probable que son agence donne le feu vert à la remise en service du 737 MAX à partir de mi-janvier, insistant sur le fait que l’AESA avait effectué une analyse des plus rigoureuses sur la sécurité de l’avion.
« Nous sommes allés un cran plus loin. Nous avons procédé à nos propres contrôles et à nos tests en vol », a-t-il souligné dans un entretien avec la BBC. En outre, il convient encore d’effectuer des mises à jour des logiciels et des câblages, et donc former les pilotes à ces nouveautés.
AESA ET FAA
En menant son propre examen, l’AESA a rompu avec les procédures normalement effectuées par l’organisme responsable, dans ce cas-ci : la Federal Aviation Administration (FAA, l’autorité américaine compétente).
Au vu des remous engendrés par les deux crashs aériens et des manquements présumés dans les démarches initiales de certification, le régulateur européen s’était engagé à réaliser sa propre enquête. Toutefois, une grande partie de celle-ci avait finalement été effectuée par la FAA.
M. Ky a maintenu auprès de la BBC que l’affaire MAX avait poussé les parties impliquées à repenser le rôle d’un régulateur suppléant, de même que des contrôles supplémentaires seraient plus réguliers. « Nous procéderons à notre propre évaluation des risques ; celle-ci sera bien plus complète qu’auparavant ».
Les familles des victimes des crashs opposées
Cependant, à la suite de l’annonce de la levée prochaine de l’interdiction, les familles des victimes de l’accident mortel de 2019 impliquant le vol éthiopien 302 ont déposé une plainte auprès de l’AESA, l’accusant de ne pas avoir mené l’enquête minutieuse initialement promise.
« Lors de votre réunion avec les familles du vol ET302 le 16 septembre, vous nous avez dit que le 737 MAX ne reprendrait pas du service en Europe tant que les deux accidents n’avaient pas été totalement élucidés », peut-on lire dans le document.
« Vous nous aviez promis que l’AESA ne se reposerait pas sur les conclusions tirées par la FAA et qu’elle mènerait ses propres examens », écrivent les familles, déplorant que l’étude de sécurité ne soit rendue disponible qu’après la remise en service.
« Pour l’heure, néanmoins, l’avion est dépourvu de toute stabilité aérodynamique et ne respecte pas les normes de certification des aéronefs actuels », poursuivent-elles.
« J’étais soulagé lorsque j’ai appris que le 737 MAX était immobilisé au sol. Tout ce que nous avons entendu depuis ne fait que me convaincre du fait que l’avion n’aurait jamais dû être construit en premier lieu ».
Adrian Toole, père d’une des victimes
L’enquête de la FAA a conclu qu’une mauvaise interprétation du logiciel anti-décrochage MCAS l’avait incité à pousser le nez de l’avion vers le bas, sans que les pilotes d’Ethiopian Airlines et de Lion Air n’aient été en mesure de le redresser.
La plainte déposée exhorte l’AESA à revoir entièrement l’aéronef afin qu’il « respecte les normes de sécurités actuelles ».
L’AESA a soutenu auprès d’Euractiv qu’elle ne commenterait pas l’affaire « à ce stade » et qu’elle s’exprimerait dans le cadre de la procédure de feedback.
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