Rentrée scolaire 2025/2026 du réseau AEFE

Rentrée scolaire 2025/2026 du réseau AEFE

La rentrée scolaire en France métropolitaine a lieu ce lundi 1er septembre 2025. Et c’est aussi le cas pour la plupart des 400 000 écoliers, collégiens et lycées inscrits dans un des 615 établissements du réseau AEFE répartis sur près de 140 pays. Quelques établissements ont déjà ou vont réaliser leur rentrée scolaire 2025/2026 dans le cadre des adaptations locales qui sont possibles dans certains pays comme au Québec où les cours ont repris dès le 22 août.

Pour les Français de l’étranger, petit panorama des innovations mises en place par le réseau AEFE. Mais il y aura aussi des défis à relever, en particulier sur la gouvernance et le budget.

Toujours plus de bilinguisme

Tous les établissements homologués par le ministère de l’Éducation nationale française dispensent les programmes français, mais intègrent aussi l’enseignement de la langue et de la culture du pays d’accueil, souvent dès la maternelle.

Cette approche bilingue ou multilingue est une caractéristique centrale du réseau, permettant aux élèves de maîtriser à la fois le français et la langue locale (arabe, anglais, espagnol, portugais, etc.), selon le pays. Par exemple, au Maroc, 50 % des écoles primaires du réseau enseignent l’amazighe en plus du français et de l’arabe, et dans de nombreux pays, des sections bilingues ou internationales sont proposées.

Photo lycée français à Rabat ©AEFE
Photo lycée français à Rabat ©AEFE

Autre terre de bilinguisme, le Canada, où cette année les cours seront renforcés en français et en anglais. Des échanges culturels avec les écoles locales sont aussi prévus comme des ateliers artistiques et scientifiques en partenariat avec des institutions québécoises.

Maintenir la présence quoi qu’il en coûte

Dans le monde, le réseau AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger).  est présent dans près de 140 pays, dont certains connaissent des situations de crise ou de guerre (Liban, Ukraine, Sahel, etc.). Cependant, la continuité de l’enseignement est toujours privilégiée mais des conditions de sécurité peuvent amener les autorités locales et françaises à fermer des établissements. Dans ce cas, des solutions alternatives (comme le Label FrancÉducation ou le programme FLAM) peuvent être mises en place pour assurer la continuité pédagogique en français, même en l’absence d’établissement physique.

Car la priorité n°1, c’est la sécurité des élèves et des personnels. Les décisions de maintien ou de fermeture sont prises au cas par cas, en lien avec les autorités diplomatiques.

Ainsi en Ukraine, Depuis le début du conflit en 2022, l’établissement a mis en place des dispositifs d’enseignement à distance et hybride pour assurer la continuité pédagogique, en coordination avec l’AEFE et l’ambassade de France. Aussi, des bourses sociales et des aides spécifiques sont proposées aux élèves français et ukrainiens, en partenariat avec les autorités locales et les ONG.

Lycée français de Kiev
Lycée français de Kiev ©AEFE

De l’autre côté de la ligne de front, à Moscou, depuis 2022, et malgré les tensions rencontrées dans les relations franco-russes, les établissements du réseau sont restés ouverts, avec un suivi accru des autorités diplomatiques françaises. Mais les effectifs ont légèrement diminué en raison des départs de familles expatriées. Les directions essayent de maintenir le lien avec les autorités russes en organisant dans la mesure du possible des projets culturels franco-russes.

En Israël, les écoles renforcent leurs mesures de sécurité (contrôles d’accès, exercices de confinement) en raison des tensions régionales. L’AEFE et l’ambassade de France assurent un suivi rapproché. Surtout qu’une école de Management France-Israël ouvrira, début 2026, à Tel Aviv, avec un enseignement bilingue français-anglais (hébreu optionnel).

Enfin, dans les pays du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger), les lycées français font face à des défis majeurs en raison de l’insécurité liée aux groupes jihadistes et au sentiment anti-français qui a prospéré sur ce continent. Pourtant, le réseau AEFE est très présent en Afrique, avec des établissements dans des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Maroc, mais aussi dans des zones plus instables comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Certains établissements ont réduit leurs effectifs ou adapté leurs modalités d’enseignement (cours en ligne, partenariats avec des écoles locales sécurisées).

Crise de gouvernance à l'AEFE

L’AEFE subit une baisse de 14 millions d’euros de ses subventions en 2025, puis une coupe supplémentaire de 24 millions en 2026, dans un contexte de rigueur budgétaire imposée par l’État. Cela conduit à la suppression de 100 postes vacants en 2025, puis 50 en 2026 et 2027, et à une remise en cause de la prise en charge des pensions civiles des personnels détachés, ce qui crée un déficit structurel estimé entre 50 et 80 millions d’euros.

En avril 2025, les syndicats (FSU, UNSA, CFDT) ont boycotté le Comité Social d’Administration (CSA) de l’AEFE, dénonçant un mépris du dialogue social et l’absence de concertation sur les réformes. Les représentants des personnels critiquent une gouvernance « autoritaire » et un manque de transparence.

Grève du 19 mai 2022 dans le réseau AEFE – FSU-SNUipp HDF - Photo prise en Espagne © FSU-SNUipp HDF
Grève du 19 mai 2022 dans le réseau AEFE – FSU-SNUipp HDF - Photo prise en Espagne © FSU-SNUipp HDF

En sus, un rapport publié en 2025 souligne les dysfonctionnements de la gestion des ressources humaines, notamment la limitation des détachements et le manque de cohérence dans les carrières des personnels. Les élus et syndicats demandent la suspension des réformes actuelles, jugées « néfastes » pour le réseau. Les établissements conventionnés sont particulièrement touchés par le transfert de charges (ex. : pensions civiles), tandis que les établissements partenaires ou privés en sont exemptés, créant des tensions au sein du réseau.

Une crise multidimensionnelle

En réponse, la direction de l’AEFE évoque une nécessaire « refonte de la gouvernance », mais les modalités restent floues. Les syndicats et élus réclament une concertation élargie pour éviter une « crise majeure » du réseau.

Cependant il est difficile de cacher que l’AEFE soit aujourd’hui confrontée à une crise multidimensionnelle :

  • Financière (baisse des subventions, déficit structurel).
  • Sociale (suppressions de postes, dialogue complexe).
  • Managériale (remise en cause du modèle de détachement et de la gouvernance centrale).

Cette situation menace la pérennité du réseau et son attractivité, tant pour les personnels que pour les familles expatriées.

Auteur/Autrice

  • Chantal Julia est maitre de conférence en Suisse. Après plusieurs années à l'Université de Lettre Paris 1, Chantal a suivi son compagnon à Lausanne où elle enseigne toujours la littérature française. Elle écrit pour différents magazines universitaires et Lesfrancais.press

    Voir toutes les publications
Laisser un commentaire

Laisser un commentaire