Relégué dans les sondages, Trump reste favori

Relégué dans les sondages, Trump reste favori

Plusieurs sondages donnent Trump battu par ses adversaires démocrates, notamment par le favori des primaires, le Sénateur Joe Biden. Plus significatif, il serait battu dans ce que l’on appelle les swing states, ceux qui sont âprement disputés parce qu’ils votent alternativement démocrate ou républicain. En effet, l’élection présidentielle n’est pas une élection au suffrage direct, (sinon Hilary Clinton l’aurait emporté, elle avait recueilli presque trois millions de voix de plus que Trump) mais au suffrage indirect, par l’intermédiaire de grands électeurs, dont le nombre dépend de la population. Par exemple, le Delaware procure trois grands électeurs, la Californie cinquante-cinq.

Les sondages donnent Trump battu

Mais l’élection ne se jouera ni dans le Delaware, ni en Californie, deux Etats acquis aux Démocrates. Elle se jouera en Pennsylvannie, Wisconsin, Michigan, Ohio, et Floride. Ces Etats, où Trump l’avait emporté de très peu en 2016, ont tous élu un sénateur démocrate en 2018 – sauf en Floride où le Républicain l’a emporté d’un cheveu.

Quels sont les atouts de Donald Trump pour conserver ces Etats ? D’abord et avant tout l’économie. Les deux Présidents sortants battus Jimmy Carter et Georges Bush senior – avaient laissé les Etats-Unis en récession. « It’s economy, stupid », martelait le directeur de campagne de Clinton. Or les Etats-Unis connaissent actuellement la plus longue phase de croissance économique de leur histoire. C’est le premier atout de Trump. Il est considérable. Certes, les probabilités d’une récession augmentent chaque jour, mais les effets positifs de la croissance de longue durée ne seront sans doute pas remis en cause avant le vote.

Les offres d’emploi excédent le nombre de chômeurs

Le chômage, à 3.6%, est au plus bas depuis cinquante ans. Pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis, les offres d’emploi excèdent le nombre de chômeurs. Tous en profitent: le taux de chômage des jeunes, des noirs et des femmes  sont au plus bas. L’emploi dans l’industrie, essentiel pour les swing states,  est reparti à la hausse : plus d’1.5 million industriels ont été créé en dix ans. La production industrielle est de plus en plus informatisée et se joue à flux tendus, ce qui favorise la localisation près des marchés de consommateurs et diminue la part salarial dans le coût relatif global. Trump n’y est peut-être pour rien, mais il en tirera bénéfice.

L’économie le donne gagnant

Le pouvoir d’achat, qui avait peu augmenté sous Obama (0.4% par an en moyenne) augmente désormais grâce à la pression sur le marché de l’emploi. Les salaires sont repartis à la hausse.

Les électeurs de Pennsylvanie, Wisconsin, Michigan, Ohio se sentaient les floués de la mondialisation, victimes de désindustrialisation et de stagnation et d’endettement. L’emploi est revenu, le pouvoir d’achat aussi et les taux d’intérêt restent bas.

Dans les Swing States, l’Amérique va mieux

Quant à la mondialisation, Trump donne le sentiment de la bousculer de tous cotés, avec une Amérique offensive et décomplexée. Ce que les analystes considèrent comme de l’esbroufe incohérente et dangereuse n’effraie pas le Midwest. Au contraire. Dire aux Européens que l’Amérique en a marre de payer pour eux, aux Chinois qu’ils sont des tricheurs, aux Mexicains qu’ils gardent les migrants, aux Iraniens qu’on va les détruire flatte l’ego national. D’autant, que malgré les menaces, les soldats rentrent à la maison. Trump rapatrie les troupes, les guerres restent verbales. « America first», proclame-t-il. C’est son deuxième atout.

L’image de Trump et de l’Amérique sont peut-être au plus bas, ce n’est pas le sentiment des habitants du Midwest. Au demeurant, ils s’en moquent. Ils se moquent même de savoir si Trump est à la hauteur ou pas. Ils voient que l’Amérique va bien, et qu’eux, ils vont mieux. Ils ne se sont pas encore aperçus que les droits de douane imposés par Trump sont des taxes qu’ils paieront.

Il n’est donc pas sûr que les sondages d’aujourd’hui reflètent le vote de demain. Déjà, en 2016, Hilary était sûre de l’emporter si on s’en tenait à la presse internationale et aux sondages. De fait, moins que ne le prévoyaient les experts, elle l’avait emporté en voix. Seulement en voix. Encore une fois, ce sont les swing states, et seulement eux, qui feront la différence.

Trump vu comme favori

Si l’on cherche des indicateurs prédictifs, les corrélations entre critères économiques et résultats électoraux sont plus pertinents que les sondages. Aussi, dans beaucoup de chancelleries aujourd’hui, au rebours de ce que disent les sondeurs et les résultats des élections de midterm, Trump apparait actuellement le favori.

Pour ceux que cela inquiète, il y reste deux correctifs. L’un est qu’une crise est vite arrivée, et que ses effets dans l’économie réelle et la situation sociale des électeurs des swing states dépendra de son intensité. Petite récession ou grand coup de bambou, nul ne sait. De là à espérer une crise mondiale … L’autre est que toute analyse concernant Trump peut s’appuyer sur une constante: il est imprévisible.

Alain Stéphane

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