L’exécutif tente de négocier une sortie, les syndicats de mobiliser pour bloquer la réforme.
La grève contre la réforme des retraites commencée il y a plus d’un mois donne lieu à une nouvelle journée de mobilisation. La circulation des trains et des transports publics parisiens reste très perturbée au 36e jour consécutif de grève.
Ce nouveau rendez-vous dans la rue jeudi est l’occasion de tester les forces en présence, avant une nouvelle mobilisation samedi. L’intersyndicale CGT-FO-Solidaires-CFE-CGC-FSU y réclame le retrait pur et simple du projet, après plus d’un mois de mobilisation et déjà trois journées d’actions interprofessionnelles, les 5, 10 et 17 décembre.
En plus des perturbations dans les transports terrestres jeudi, la direction générale de l’aviation civile (DGAC) anticipe des « perturbations et des retards » possibles dans l’aérien. Elle a demandé aux compagnies d’annuler un tiers des vols programmés au départ et à l’arrivée de l’aéroport de Toulouse. Dans les écoles, le SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire, annonce 40 % de grévistes parmi les enseignants jeudi.
Les avocats continuent leur mobilisation, tout comme les salariés de raffineries qui ont voté sa poursuite, mardi, jusqu’à la fin de la semaine. D’après la CGT, plus aucune expédition de carburant ne se fait au dépôt pétrolier de la Compagnie industrielle maritime (CIM), au Havre, et le mouvement est reparti mercredi à Fos-sur-Mer (Esso), ainsi que dans les cinq raffineries qui dépendent de Total.
L’âge pivot au centre des négociations
Côté exécutif, un premier pas vers un compromis semble avoir été fait sur la question cruciale de l’âge pivot, en dessous duquel il ne sera pas possible de partir avec une retraite à taux plein. Un point dur pour le premier syndicat français, la CFDT, pourtant favorable à un système universel de retraite par points.
Son secrétaire général, Laurent Berger, a estimé mercredi, sur Franceinfo, qu’un accord était encore « loin » d’être trouvé et a demandé au gouvernement « qu’on y arrive le plus vite possible », estimant que la balle était dans le camp de l’exécutif. A l’inverse, le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a estimé que la solution pour garantir l’équilibre du système passait « de toute façon par une mesure d’âge » inscrite dans la loi.
Mercredi, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, a convenu que l’âge pivot figurait « pour l’instant » dans la version de l’avant-projet de loi transmis au Conseil d’Etat. Mais cela « ne préjuge pas » du contenu final du texte attendu le 24 janvier en conseil des ministres, puis le 17 février à l’Assemblée nationale pour une adoption avant l’été. L’objectif est de « trouver ensemble des solutions qui permettent que le système soit durable » et « s’il y avait des meilleures solutions (…) que l’âge pivot, on les prendrait », a-t-elle dit.
Les syndicats demandent la prise en compte de la pénibilité
Le premier ministre, Edouard Philippe, a accepté la proposition de M. Berger de convoquer une conférence de financement du système. Il a invité les partenaires sociaux vendredi pour parler du « mandat de cette conférence » et du « délai qui lui sera accordé » pour trouver des solutions. Pendant ce temps, Les Républicains, partisans d’un report à 65 ans de l’âge légal de départ, ont dévoilé mercredi une batterie de propositions, dont un « régime universel de pénibilité » qui permettrait à ses bénéficiaires de partir un an plus tôt.
La pénibilité était justement le sujet d’une réunion organisée par les secrétaires d’Etat Olivier Dussopt et Laurent Pietraszewski avec les syndicats de la fonction publique mercredi matin, mais la CGT, la CFE-CGC et la FSU ont claqué la porte. Selon ces syndicats, « la fin des catégories actives », qui permettaient aux agents ayant un métier particulièrement pénible de partir à la retraite anticipée cinq ou dix ans avant l’échéance, leur a été annoncée. FO et Solidaires avaient décidé dès mardi de boycotter cette réunion.
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