Une quinzaine de personnalités lancent un appel au Parlement Européen pour sauver la démocratie en Israël à la réforme de la justice voulue par Benyamin Netanyahou. Parmi les signataires de cet appel Élie Barnavi, historien, ex-ambassadeur d’Israël en France que TV5MONDE a reçu.
Une contestation sans précédent
Il n’y a pas qu’en France que les citoyens battent le pavé depuis 3 mois, en Israël un mouvement de contestation sans précédent mobilise la population. Depuis dimanche, les manifestations se succèdent et dans la foulée, un appel à la grève générale a été lancé par la plus grosse centrale syndicale de l’Etat hébreux.
On vit donc l’apogée de l’un des plus grands mouvements de mobilisation populaire de l’histoire d’Israël, mais aussi un tournant puisque Benyamin Netanyahou a annoncé, ce lundi, mettre le projet « en pause », reportant l’adoption définitive des différents projets de loi de la réforme à la prochaine session parlementaire, au mois d’avril.
Au cœur de cette contestation, donc, un projet de réforme du système judiciaire, qui entend « corriger un déséquilibre en renforçant le pouvoir des élus sur celui des magistrats » en s’attaquant au rôle de la Cour suprême. En voici les quatre points qui soulèvent la polémique.
- Une « clause dérogatoire »
Le texte prévoit « une clause dérogatoire », qui permettrait au Parlement, par un vote à la majorité simple, de prémunir une loi contre toute annulation par la Cour suprême. Il s’agit d’une sorte de « droit de veto » pour bloquer l’action de la Cour suprême.
- L’influence des conseillers juridiques revue à la baisse
Le gouvernement souhaite également réduire l’influence des conseillers juridiques au sein des ministères. Aujourd’hui, leurs recommandations sont citées par les juges de la Cour suprême lorsqu’ils statuent sur la bonne conduite du gouvernement.
- La nomination des juges entre les mains de la coalition
Le projet entend aussi revoir le système de nomination des juges de la Cour suprême, pour donner davantage de pouvoir au gouvernement, aux dépens de la société civile et des avocats.
- Les nominations ministérielles enlevées du portefeuille de la Cour suprême
Enfin, dernier point de contestation de cette réforme, et non des moindres, un projet d’amendement à une loi fondamentale, surnommé « Deri 2 », vise à placer les nominations ministérielles hors du champ de compétence de la Cour suprême.
La diaspora mobilisée
Le Conseil représentatif des institutions juives de France a demandé lundi 27 mars au gouvernement israélien de « suspendre la réforme » judiciaire très contestée depuis des mois. Il invoque la nécessité de « préserver l’unité du peuple juif » et « les principes démocratiques ».
Ce n’est pas la première fois dans l’histoire contemporaine que des mouvement juifs de la diaspora prennent part au débat sur les grandes questions qui concernent l’avenir de l’Etat d’Israël comme ce fut le cas lors du processus de paix et des accords entre Israël et l’OLP des années 1990.
De façon générale cependant la diaspora juive évite de commenter la politique israélienne. Mais cette fois, les organisations pro-israéliennes de gauche commencent à s’impliquer en Europe et aux Etats-Unis. Des associations et de personnalités juives qui justifient cette immixtion par le fait qu’ils s’inquiètent de « la dérive d’un Etat considéré jusqu’alors comme une démocratie à toute épreuve ».
Ainsi JCall, le réseau juif européen pour Israël et pour la paix, et le CCLJ, le Centre communautaire laïc juif, ont ainsi lancé ce lundi soir au Parlement européen, à Bruxelles, un appel à «sauver la démocratie israélienne».