Radioscopie de l’industrie française

Radioscopie de l’industrie française

En 2023, selon l’Insee, les entreprises industrielles en France emploient près de 3,4 millions de salariés en équivalent temps plein (EQTP), soit 22 % de l’emploi des secteurs marchands non agricoles et non financiers.

L’industrie manufacturière compte à elle seule 2,9 millions de salariés, soit 87 % de ceux de l’industrie. En son sein, les premiers secteurs employeurs sont l’agroalimentaire, avec 666 000 salariés, puis l’ensemble formé par la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques, avec 439 500 salariés, la fabrication de matériel de transport, avec 400 300 salariés, et la métallurgie et le travail des métaux, avec 360 400 salariés. Hors industrie manufacturière, les entreprises de l’électricité et du gaz emploient 222 400 salariés, celles de la distribution d’eau, de la gestion des déchets et de la dépollution en emploient 196 800, et celles de l’extraction 14 400. Au sein de l’industrie, les grandes entreprises et celles de taille intermédiaire (ETI) ont un poids élevé. Ainsi, les 112 grandes entreprises industrielles emploient à elles seules 1,2 million de salariés, soit 34 % du total de l’industrie. Cela est à comparer à l’ensemble des secteurs non industriels, où 215 grandes entreprises emploient 26 % des salariés.

L’industrialisation consommatrice de capitaux

Le secteur industriel compte 2 077 entreprises de taille intermédiaire (ETI) employant 1,2 million de salariés, soit 35 % du total. Cette part est bien plus élevée que dans les autres secteurs, où les 5 219 ETI non industrielles emploient 23 % des salariés. Prise ensemble, grandes entreprises et ETI industrielles pèsent ainsi 69 % de l’emploi industriel, contre 49 % hors industrie.

La part des petites et moyennes entreprises (PME) et des microentreprises dans l’emploi salarié, qui s’élève à 51 % dans les secteurs non industriels, n’atteint que 31 % dans l’industrie. Environ 25 000 petites et moyennes entreprises industrielles (PME, entendues ici hors microentreprises) emploient 791 000 salariés, soit 23 % du total, contre 31 % dans les autres secteurs ; 295 000 microentreprises industrielles n’emploient que 242 700 salariés, soit seulement 7 % des salariés, contre 20 % dans les autres secteurs. Cette concentration s’explique par les niveaux très élevés de capital physique nécessaires (machines, équipements, etc.).

En 2014 déjà, les salariés se mobilisaient au tribunal de commerce de Nanterre.
En 2014 déjà, les salariés se mobilisaient au tribunal de commerce de Nanterre. ©MAXPPP - Christophe Petit Tesson

Au sein de l’industrie manufacturière, les grandes entreprises dominent ainsi nettement dans les activités pour lesquelles les immobilisations corporelles contribuent le plus à la production. Cette situation prédomine pour la fabrication de matériels de transport, où elles emploient 70 % des salariés. C’est également le cas dans la distribution de l’électricité et du gaz, ainsi que dans la distribution d’eau et la gestion des déchets. En revanche, les ETI sont davantage présentes dans la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique, l’industrie chimique et pharmaceutique, la fabrication de textiles, ainsi que dans l’industrie de l’habillement et du cuir et chaussures. Elles y emploient respectivement 57 %, 48 % et 38 % des salariés. Les PME hors microentreprises représentent environ 38 % des salariés des industries manufacturières les plus anciennes et représentatives de l’activité de transformation de biens, à savoir l’ensemble formé par les industries textiles, celles du bois et du papier, de la métallurgie, du plastique et du caoutchouc.

Enfin, les microentreprises industrielles engagent peu de capital mais nécessitent un accès direct au client, selon une logique proche du commerce de proximité ou des services aux particuliers. L’agroalimentaire représente 45 % de leurs salariés et recouvre l’artisanat commercial. Ces microentreprises comptent ensuite 25 % de leurs salariés dans l’ensemble des activités du textile, du bois et du papier, de la métallurgie, ainsi que du plastique et du caoutchouc, puis 10 % dans la réparation et l’installation de machines et d’équipements.

Les entreprises étrangères prépondérantes

Les groupes étrangers emploient 738 000 salariés dans l’industrie française, soit 22 % du total de celle-ci, alors que leur part dans l’emploi des autres secteurs marchands non agricoles et non financiers est moindre, à 14 %. De façon cohérente, un tiers de l’emploi en France des groupes étrangers est situé dans l’industrie, nettement plus que la part de l’industrie dans l’ensemble de l’emploi des entreprises non agricoles et non financières, à 22 %. Sur les 112 grandes entreprises industrielles, 31 sont contrôlées par des groupes étrangers. De même, sur les 2 077 ETI industrielles, les groupes étrangers en contrôlent 762.

Les grandes entreprises et ETI industrielles à contrôle français sont également fortement investies à l’étranger. Sur les 81 grandes entreprises industrielles à contrôle français, toutes ont des filiales à l’étranger, à l’exception de deux. Sur les 1 315 ETI industrielles à contrôle français, 794, soit 60 %, ont des filiales à l’étranger. La France représente désormais une part minoritaire de l’activité des groupes industriels français ayant des filiales à l’étranger : 61 % de leur effectif salarié est situé à l’étranger, et l’étranger représente une part équivalente de leur chiffre d’affaires mondial consolidé. En revanche, le déploiement international reste peu présent parmi les PME. Seulement 12 % de l’emploi des PME industrielles (hors microentreprises) dépendent de groupes étrangers, et 7 % des PME industrielles (hors microentreprises) françaises ont une filiale à l’étranger.

En France, les grandes entreprises industrielles réalisent à elles seules 42 % du chiffre d’affaires à l’exportation de l’ensemble des entreprises présentes, tous secteurs confondus, les ETI industrielles 17 % et les PME industrielles 3 %. Sur les 112 grandes entreprises industrielles, 111 ont réalisé des exportations en 2023. Ces exportations s’élèvent en moyenne à 47 % de leur chiffre d’affaires. Cette part atteint 52 % du chiffre d’affaires pour les grandes entreprises industrielles à contrôle étranger, contre 46 % pour les grandes entreprises à contrôle français. 91 % des ETI industrielles exportent, et leurs exportations représentent 34 % de leur chiffre d’affaires. Les ETI sous contrôle étranger exportent davantage que les ETI françaises, respectivement 42 % du chiffre d’affaires contre 28 %. Parmi les PME industrielles hors microentreprises, 44 % exportent, pour 18 % de leur chiffre d’affaires.

Au niveau sectoriel, les industries automobiles et la fabrication des autres matériels de transport pèsent un poids majeur, du fait de l’aéronautique.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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