Quels scenarios économiques après le coup de Donald Trump ?

Quels scenarios économiques après le coup de Donald Trump ?

Le 2 avril 2025 pourrait devenir non pas le « libération day » mais le « disruption day », le jour où l’économie mondiale est entrée dans un nouveau cycle sur fond de fragmentation et de protectionnisme. Ce cycle pourrait mettre un terme à celui ouvert en 1989 avec la chute du Mur de Berlin qui marqué l’entrée dans l’ère de la mondialisation. Ce dernier cycle était ébréché depuis la crise financière de 2008 et la guerre en Ukraine. L’augmentation des droits de douane aux États-Unis et les mesures de représailles ont et auront des incidences sur le cours de la conjoncture. Celles-ci seront plus ou moins importantes en fonction du résultat des négociations entre les États-Unis et leurs partenaires.

La spirale protectionniste, un scenario catastrophe

Plusieurs scénarios peuvent être ainsi envisagés. Scénario A : la spirale protectionniste Le scénario catastrophe repose sur une absence d’accords entre les États-Unis et leurs partenaires économiques et l’enclenchement d’une spirale de droits. Le commerce international pourrait alors connaître un recul marqué. L’inflation augmenterait aux États-Unis mais aussi dans les autres pays. Une récession mondiale serait fortement probable.

La décision de la Chine d’appliquer des droits de douane de 34 % en représailles de ceux des États-Unis a amené ces derniers à surenchérir en portant le taux à 104 % pour les importations chinoises. Compte tenu de l’éclatement des chaînes de valeurs, ces taux peuvent entraîner des conséquences majeures au niveau mondial sur de nombreux produits qui incorporent des éléments venant d’un grand nombre de pays. L’Europe s’est interdite, pour le moment, de répliquer en recourant à un relèvement massif des droits de douane. Dès le départ, elle a opté pour la voie de la négociation et a laissé le temps au temps. Les évènements semblent lui donner raison.

Scénario B : le protectionnisme régulé

50 pays auraient engagé des négociations avec les États-Unis afin d’obtenir des aménagements des droits de douane contre des concessions. Donald Trump entend, de la sorte, rééquilibrer la balance commerciale des États-Unis en optant pour un système de quasi-troc niant la théorie des avantages comparatifs et de la spécialisation internationale. Les droits pourraient se situer, après négociation, autour de 16/20 %. Ces accords pourraient néanmoins permettre une moindre attrition du commerce international.

@Adobestock
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Cette voie a pris forme avec la décision, le 9 avril dernier, de Donald Trump de sursoir à l’application de son plan de majoration des droits de douane sauf pour la Chine. L’application des droits de douane dits réciproques semble vouloir jouer la carte de la négociation. C’est le scénario le plus probable.

Un retour à bonne fortune

Sur pression du Congrès et du monde des affaires, Donald Trump pourrait infléchir progressivement sa politique commerciale. En cas de tensions inflationnistes et de perte de pouvoir d’achat pour les ménages américains, il pourrait réduire de manière ciblée les droits de douane. Progressivement, les échanges reprendraient et les effets sur la croissance seraient amortis d’ici le milieu de l’année 2026.

Au Congrès, des démarches bipartisanes ont été engagées afin de reprendre la main sur la politique commerciale. Cependant pour mettre un veto sur les décrets du Président, un vote des deux tiers des membres est nécessaire. En l’état, cette hypothèse ne semble pas crédible. Les parlementaires restent pour le moment tétanisés face à Donald Trump. Leur crainte est que ce dernier favorise des candidats contre des élus qui ne suivraient pas sa politique. Le scénario à bonne fortune n’est donc pas, actuellement, dominant.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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