Quelle croissance pour la zone euro en 2020 ?

Quelle croissance pour la zone euro en 2020 ?

Des indicateurs d’enquêtes qui cessent de se dégrader dans le secteur manufacturier, des évolutions récentes des négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis et du Brexit plutôt favorables, des conditions de financement qui resteront très accommodantes et un marché du travail qui faiblit mais reste relativement résistant, autant de paramètres qui, sans annoncer un rebond marqué, sous-tendent un début de stabilisation de la croissance.

Au sein de la zone euro, l’année 2019 a confirmé le processus de ralentissement engagé en 2018.

La décélération de la croissance a été marquée en Allemagne qui a subi de plein fouet les tensions commerciales, le durcissement des normes environnementales sur les automobiles et la fin du cycle industriel qui s’était traduit par l’achat dans les pays émergents de biens d’équipement. La croissance de la zone euro est ainsi passée de 1,9 % en 2018 à 1,1 % en 2019 (selon les dernières estimations connues).

Les derniers indicateurs conjoncturels et avancés de l’activité indiquent que le point bas conjoncturel aurait été atteint.

L’indice des directeurs d’achats (PMI) du secteur manufacturier demeure en territoire récessif mais ne se dégrade plus. Dans les services, l’indice PMI a peu souffert de la détérioration de l’industrie. Il se maintient en territoire positif à 52,8 (au-dessus de 50). La croissance réelle de l’agrégat monétaire M1 laisse supposer un potentiel de retournement économique.

En ce début d’année, l’environnement économique est plutôt porteur avec une politique monétaire très accommodante, un taux de change favorable aux exportations européennes. La conjoncture américaine devrait rester bien orientée en raison notamment de la proximité croissante des élections du mois de novembre 2020. Malgré ce contexte, les prévisionnistes tablent sur une croissance très faible en 2020, autour de 0,8 % pour la zone euro avant d’augmenter en 2021. Cette prévision est peut-être un peu pessimiste. Un effet de rattrapage n’est pas impossible.

Possible baisse du taux d’épargne attendue en Allemagne comme en France 

Que ce soit en Allemagne ou en France, une possible baisse du taux d’épargne attendue depuis plus d’un an pourrait intervenir et favoriser la consommation. Cette dernière pourrait être soutenue par l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages rendue possible par une petite accélération des hausses salariales. Le moral des ménages devrait s’améliorer avec l’éloignement des menaces de récession.

La demande publique ne devrait pas, en revanche, être d’un grand secours pour la croissance. En effet, comme en 2019, la politique budgétaire en zone euro ne devrait être que légèrement expansionniste.

 la zone euro en 2020 menacée par la poursuite du processus de désindustrialisation

La principale menace qui guette la zone euro en 2020 est la poursuite du processus de désindustrialisation qui s’accompagne d’une polarisation des emplois. Le remplacement d’emplois industriels bien payés par des emplois de service à faible valeur ajoutée a un effet indéniablement récessif. Pour le moment, l’emploi industriel sur l’ensemble de la zone euro tend à se stabiliser voire à légèrement augmenter, laissant penser que ce risque est endigué.

La deuxième menace est liée au commerce international et aux mesures que pourraient prendre l’administration américaine à l’encontre des exportateurs européens. L’activité économique en Chine, partenaire commercial important de la zone euro, ne devrait commencer à réaccélérer qu’à partir de la seconde moitié de l’année 2020.

La troisième menace est la survenue d’une crise politique ou sociale dans un des pays membres. Les prochaines élections législatives en Italie sont une source d’inquiétudes. La France qui depuis plus d’un an vit au rythme des manifestations reste un foyer d’instabilité sociale. Enfin, un choc externe n’est pas à exclure sur fond de tensions au Moyen-Orient.

Statu quo avec Lagarde à la BCE 

Au niveau monétaire, le statu quo est de rigueur. Depuis son entrée en fonction, la nouvelle présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a confirmé que la politique monétaire restera inchangée d’ici la fin 2021. Selon les dernières projections de l’institution, la croissance en zone euro demeurera faible à court terme, malgré des signes de stabilisation. Christine Lagarde a indiqué que, compte tenu des prévisions et du niveau actuel de l’inflation, l’absence de tout durcissement des conditions monétaires à un horizon relativement long est probable

Comme la Réserve fédérale aux États-Unis, la banque centrale de la zone euro lance donc une réflexion à propos des objectifs et des instruments de politique monétaire (dans un contexte de marges de manœuvre particulièrement réduites). Les questions liées aux monnaies digitales, aux changements climatique et technologique et aux inégalités sont également à l’ordre du jour.

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