En France, pays de la gastronomie, la peur d’être privés de certains produits alimentaires demeure forte. En 1974, un mouvement spéculatif sur le sucre avait provoqué une pénurie, les Français s’étant rués dans les commerces pour réaliser des réserves. Lors de l’annonce du premier confinement en 2020, de nombreux ménages ont constitué des provisions pour tenir un siège de plusieurs mois. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les Français sont confrontés à un problème majeur. Il ne s’agit pas des éventuelles coupures de gaz ou d’électricité, il s’agit de la pénurie de la moutarde.
Les graines de moutarde ont disparu
Depuis le printemps, les supermarchés de toute la France sont à court de pots de moutarde. Même à Dijon où le métier de moutardier date de 1634, il est impossible de s’en procurer en quantité. Les commerces qui sont approvisionnés rationnent leurs clients. Le prix d’un pot de bonne facture a augmenté depuis le mois de mars de 15 %. Est-ce la crise sanitaire ou la guerre en Ukraine qui est responsable de cette pénurie ? Comment un produit supposé spécifiquement français se retrouve-t-il à faire défaut ?
Longtemps cultivée en Bourgogne, les graines de moutarde ont disparu dans les années 1980 en raison d’un coût de production élevé et de rendements faibles. En 2015, selon l’institut de la statistique agricole, il ne restait plus que 500 hectares de moutarde. La production française connaît depuis quelques années de faibles rendements en raison de l’interdiction de l’épandage d’insecticides.
La France importe de ce fait la quasi-totalité des graines de moutarde. 80 % des graines de moutarde proviennent logiquement du Canada, le premier exportateur mondial en la matière. Or, ce pays, ces dernières années, a réduit ses champs de graines de moutarde au profit du blé plus rémunérateur. La sécheresse de 2021 a, en outre, provoqué une baisse de la récolte de 50 %. La crise sanitaire a provoqué une hausse des coûts de transports et un allongement des délais de livraison. Les producteurs de moutarde n’ont pas pu se tourner vers les deux autres grands exportateurs de graines que sont la Russie et l’Ukraine.
La pénurie devrait durer jusqu’en 2023
Selon Unilever, le premier producteur mondial de moutarde, la pénurie devrait durer jusqu’en 2023. L’entreprise a indiqué qu’un tiers de ses besoins en graines de moutarde ne serait pas assuré. Il faudra attendre la production du mois d’octobre pour espérer la fin de la pénurie.
Du fait de la hausse des cours, les agriculteurs canadiens devraient ensemencer de nouvelles parcelles en 2022 et en 2023. En France, un renouveau de la production est également attendu. Les Français qui mangent un kilo de moutarde par an en moyenne, devront patienter quelques mois.
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