Le nombre de restrictions au commerce mondial s’accroît depuis 2018 et plus encore depuis 2020. Les barrières tarifaires et réglementaires se multiplient. La Chine vient ainsi d’interdire l’usage des IPhone à ses fonctionnaires.
Les pays à l’origine du protectionnisme entendent protéger leurs industries au nom de la défense de l’emploi ou de l’indépendance nationale. Dans les faits, ils en sont bien souvent les premières victimes en termes de croissance.
En une dizaine d’années, le nombre de mesures protectionnistes adoptées au niveau mondial a été, selon le FMI, multiplié par plus de 10. Les États-Unis, la Chine mais également l’Union européenne en sont à l’origine.
Les barrières tarifaires pénalisent les consommateurs
La multiplication des barrières tarifaires se traduit par un ralentissement marqué du commerce international. Les échanges sont en recul depuis 2017 pour le Japon, depuis 2018 pour les États-Unis, et 2021 pour la Chine. Les effets sur les échanges pour l’Europe seraient moindres. Aux États-Unis, les exportations peinent à retrouver leur niveau de 2019. Si, en volume, ces exportations avaient doublé de 2002 à 2020, elles stagnent depuis. La diminution des exportations ne favorise pas la demande interne bien au contraire. Les barrières tarifaires pénalisent, en règle générale, les consommateurs contraints d’acheter des produits plus chers.
Les mesures de rétorsion réduisent la production interne et freine la hausse des rémunérations. Le protectionnisme joue ainsi contre la croissance. En Europe, les échanges sont en léger déclin depuis deux ans avec une demande interne atone. De 2002 à 2020, les exportations avaient progressé de 120 % et la demande intérieure de 25 %. Au Japon, la progression des exportations a été également forte compensant l’atonie de la demande intérieure pénalisée par le vieillissement de la population. De son côté, les exportations chinoises ont été multipliées par près de huit de 2002 à 2022, quand la demande interne l’a été de plus de 5. Les exportations sont en léger recul depuis près de deux ans, la demande interne suivant le mouvement.
En une dizaine d’années, le nombre de mesures protectionnistes adoptées au niveau mondial a été multiplié par plus de 10.
Le commerce international qui était un moteur de la croissance ne l’est plus actuellement.
Les pays émergents hors OPEP et Chine ont connu une forte progression de leurs exportations ces vingt dernières années. Elles ont été multipliées par 2,5, la demande interne l’étant par 2,2. Touchée par la baisse des échanges, la demande interne a également reculé. La diminution des échanges, en termes de croissance, concerne en premier lieu les États-Unis, la Chine et le Japon, ces pays étant, avec l’Allemagne, les principaux acteurs du commerce international. Le protectionnisme est un jeu perdant/perdant. Le commerce international qui était un moteur de la croissance ne l’est plus actuellement. Il croît moins vite que le PIB depuis 2019. Son affaiblissement intervient au même moment que celui de la croissance économique. Même si le ralentissement de la croissance s’explique d’abord par la hausse des taux d’intérêt, il n’est pas sans lien avec la montée des barrières tarifaires et réglementaires.
Auteur/Autrice
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Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.
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