Pour le nouveau gouvernement travailliste britannique, le commerce international doit jouer un rôle clé pour stimuler la croissance et cela passe par une relance « urgente » des relations avec l’Union européenne après le Brexit, affirme à l’AFP son secrétaire d’État chargé du Commerce.
Pour Douglas Alexander, la sortie de l’Union européenne, votée en 2016 et concrétisée en 2020, a provoqué « des perturbations importantes » pour la politique commerciale du Royaume-Uni, qui doit désormais être recalibrée.
Le secrétaire d’État se trouvait lundi à Genève pour rencontrer la directrice générale nigériane de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) Ngozi Okonjo-Iweala. Cette visite s’inscrit dans les préparatifs en cours pour publier au printemps prochain une stratégie commerciale à long terme remaniée.
Car si le Brexit était vanté par ses partisans au sein de l’ex-gouvernement conservateur comme une manière pour Londres de s’affranchir du carcan européen pour négocier des accords commerciaux tous azimuts dans le monde, les résultats sont restés modestes. Et le divorce a compliqué les échanges avec l’UE qui reste le principal partenaire commercial du Royaume-Uni, malgré un accord de libre-échange.
« Les chiffres restent difficiles en termes de conséquences commerciales immédiates post-Brexit, mais la réalité, c’est que 47 % des échanges du Royaume-Uni se font toujours avec l’UE. Il est donc urgent de relancer notre relation », assure Douglas Alexander.
Il insiste qu’augmenter les échanges commerciaux ont « un rôle critique » pour soutenir la croissance économique, érigée en priorité par le nouveau Premier ministre Keir Starmer.
Élu en juillet avec un programme centriste et pro-entreprises, ce dernier dit vouloir améliorer les relations avec les Européens mais sans revenir sur le Brexit ni rejoindre le marché unique, ce qui risquerait de rouvrir les plaies ouvertes lors de la sortie de l’UE.
« Stabilité » politique et économique
Après 14 ans de pouvoir conservateur marqué par une forte instabilité avec cinq Premiers ministres, des remaniements encore plus fréquents et d’importantes turbulences économiques, les travaillistes ont remporté une large majorité au Parlement.
Pour Douglas Alexander, cette victoire place le Royaume-Uni en position d’être « la démocratie la plus stable politiquement du G7 » dans les prochaines années — plusieurs des pays riches ont soit des élections imminentes, soit des gouvernements affaiblis.
Et si cela « ne garantit la stabilité économique et le progrès, cela y contribue certainement », ajoute-t-il. « Nous souhaitons en tant que nouveau gouvernement à la fois relancer notre relation avec nos amis et partenaires de l’UE, tout en continuant de chercher à conclure des accords de libre-échange et de nouvelles opportunités dans le monde entier ».
« Crédibilité »
Si l’économie britannique a rebondi en début d’année après une courte récession fin 2023, la reprise reste modeste et a tendance à ralentir.
Douglas Alexander souligne qu’avec une activité dont les services représentent 81 %, le Royaume-Uni a un « intérêt énorme » en particulier à développer les échanges dans l’économie numérique.
Il insiste sur le fait que son déplacement à Genève, son premier en Europe, « témoigne de la force de l’engagement du nouveau gouvernement, à la fois envers l’OMC et au système commercial multilatéral ».
Après le Brexit, le Royaume-Uni négocie indépendamment de l’UE avec les 166 membres de l’OMC.
Il qualifie l’organisation basée à Genève d’« institution indispensable de coopération internationale » et soutient la candidature de la directrice générale actuelle, en poste en l’état jusqu’au mois d’août, pour un second mandat.
Première femme et première Africaine à la tête de l’OMC, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala est pour l’instant la seule candidate à cette procédure sur laquelle pourrait peser la présidentielle américaine.
En 2020, l’ancien président américain Donald Trump avait bloqué sa nomination et elle avait dû attendre l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche pour obtenir le soutien crucial de Washington.
Pour le secrétaire d’État britannique, l’ancienne ministre des Finances a apporté « autorité » et « crédibilité » à une institution souvent qualifiée de sclérosée.
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