Les électeurs de Polynésie française ont choisi le parti indépendantiste. Le Tavini, mené par Oscar Temaru, est arrivé en tête des élections territoriales lundi 1er mai 2023, avec 44,3 % des voix selon les résultats provisoires du Haut-Commissariat de la République en Polynésie, relayés par Polynésie la Première .
Le Tapura, la liste autonomiste du président sortant Édouard Fritch, arrive deuxième avec 38,5 % des suffrages. À Here là, autre liste autonomiste, est troisième en ayant récolté 17,2 % des voix.
Arrivée en tête du scrutin, la formation bleue remporte les 19 sièges de la prime majoritaire. Le Tavini devrait donc disposer d’une très large majorité avec 38 sièges sur les 57 de l’hémicycle de Tarahoi. Ils disposent donc d’une majorité stable pour gouverner pendant cinq ans la collectivité du Pacifique sud.
Les résultats ont été confirmés par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, sur Twitter.
« La liste Tavini huiraatira remporte les élections territoriales en Polynésie française et devra élire le futur président de l’archipel. Avec Jean-François Carenco, nous félicitons Oscar Temaru et Moetai Brotherson pour leur victoire«
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, sur Twitter
Sur le même réseau social, le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a également félicité Oscar Temaru pour sa victoire.
Vers un référendum pour l’indépendance ?
La triangulaire du second tour a mis en scène plusieurs projections du statut polynésien.
L’autonomie classique, proche de la France, version Fritch, prend une nouvelle tournure plus souverainiste avec l’alliance Tapura/Amuitahiraa. Pour Gaston Flosse, à l’origine du statut de 1984, l’évolution doit se poursuivre vers une pleine souveraineté grâce à un statut d’Etat associé qui donnerait à la Polynésie toutes les compétences régaliennes jusqu’ici contrôlées par l’Etat. Un Etat redevable financièrement à la Polynésie pour sa puissance nucléaire.
« La Polynésie est la seule collectivité d’outre-mer qui a donné à la France la possibilité de posséder l’arme atomique. Grâce à cela, elle est dans la catégorie des pays les plus forts… La France a eu une dette à l’égard de la Polynésie française, a dit Emmanuel Macron à papeete en juillet 2021. La France doit continuer à nous accompagner en reconnaissance »
Martèle Gaston Flosse, président du Amauitahiraa
De là à arriver à un référendum d’autodétermination, il n’y a qu’un pas. Un référendum d’ailleurs envisageable pour le candidat de A here ia Porinetia dont la vision de l’autonomie reste plus proche de la France. Un statut triplement avantageux pour Nuihau Laurey.
« C’est une triple appartenance, on est citoyen d’une communauté, la communauté polynésienne ; on est Français et on est Européen. Donc, pour nous, cette triple appartenance est un avantage… Il faut sortir du clientélisme et de cet assistanat, d’où les mesures que nous proposons en termes de limitation de mandats, d’incompatibilité des fonctions, et la nécessité de changer de modèle économique et de faire confiance aux petites entreprises pour permettre notre développement »
Explique le leader de A Here ia Porinetia
Face à ces versions divergentes de l’autonomie, le Tavini Huiraatira conserve sa position ferme d’une indépendance à long terme, même si au sein du parti, les anciens sont aujourd’hui confrontés à une vision rajeunie du concept.
« Le combat indépendandiste de nos anciens n’est plus tout à fait le même que le combat que nous menons aujourd’hui, parce que la société a changé aussi. A titre personnel, je n’ai pas vécu dans ma chair les essais nucléaires, je n’ai pas vécu, je l’espère, les maladies radio-induites. De fait, de ma génération, nous sommes dans une continuité de ce discours-là, mais le fil rouge reste le même c‘est-à-dire conduire notre pays un jour, dans ce processus-là pour que les Polynésien(ne)s puissent décider »
Steve Chailloux, député de Polynésie.
Dans tous les cas après l’échec du référendum de 2021, il n’y aura pas de nouveau scrutin sur le thème de l’indépendance avant 15 à 20 ans.
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