Apparu début décembre sur un marché de Wuhan, le coronavirus a déjà fait 41 morts, recensés ce samedi. Le nombre de cas de contamination confirmé atteint désormais 1.287, selon les autorités et sur ce total, 237 cas sont considérés comme « critiques ». Au terme d’une réunion de deux jours à son siège de Genève, l’Organisation mondiale de la santé a reconnu jeudi « l’urgence en Chine » mais a jugé qu’il était « trop tôt » pour parler « d’urgence de santé publique de portée internationale ». Les autorités chinoises ont néanmoins décidé de mettre en quarantaine la ville de Wuhan et sa région, soit 50 millions d’habitants qui semblent être au centre de cette épidémie.
Le président chinois s’exprimait, cet après-midi, après une réunion du bureau politique du Parti communiste chinois. Xi Jinping a donc expliqué que l’épidémie « s’accélère » et place la Chine dans « une situation grave ». Il a appelé à renforcer l’autorité du régime communiste. Le Bureau politique du Parti communiste est l’instance de sept membres qui dirige le pays, selon l’agence de presse Chine nouvelle.
« Face à la situation grave d’une épidémie qui s’accélère (…) il est nécessaire de renforcer la direction centralisée et unifiée du Comité central du Parti », a affirmé le président chinois.
Dans de premières déclarations lundi dernier, il avait appelé à « enrayer » résolument l’épidémie.
Cependant le monde est désormais atteint : Thaïlande, cinq cas ; Australie, quatre cas ; Japon, trois cas ; Malaisie, trois cas ; Singapour, trois cas ; Taïwan, trois cas ; Etats-Unis, deux cas ; Corée du Sud, deux cas ; Vietnam, deux cas ; Népal, un cas et la France 3 cas !
« Le virus circule plus largement que ce que nous pensions mais est aussi moins virulent », reconnaît le docteur Daniel Lévy-Bruhl de Santé publique France sur BFM TV
Se protéger car une contamination d’homme à homme semble possible
C’est une question centrale. Si le risque de transmission d’humain à humain était d’abord jugé « faible », il ne fait aujourd’hui plus de doute. Reste à connaître son intensité. « Le problème, c’est que nous n’avons pas encore assez de données pour déterminer précisément le taux de reproduction de base de cette maladie », souligne le Pr William Keevil (Université de Southampton, Angleterre).
Utilisée en épidémiologie, cette unité désigne le nombre moyen de cas provoqués par un seul patient atteint d’une maladie transmissible. « Si ce taux est élevé et que le virus mute à l’avenir vers une forme plus dangereuse, cela deviendrait préoccupant », selon le Pr Keevil. La période d’incubation (entre l’infection et l’apparition de symptômes) est estimée à deux semaines maximum.
Autorités sanitaires et scientifiques mettent en avant l’importance des « mesures-barrières », efficaces pour d’autres maladies virales comme la grippe : se laver les mains fréquemment, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir dont on se débarrasse ensuite, éviter de se toucher le visage (nez, mains, bouche)… En outre, si un cas est avéré, le patient doit être placé à l’isolement pour éviter la contagion.
En France 3 cas recensés
« Ça ne sert à rien d’avoir peur » : François Braun et Patrick Pelloux, les présidents du Samu et de l’association des urgentistes de France (Amuf), se sont montrés rassurants samedi après la confirmation en France de cas de coronavirus.
« Il faut savoir raison garder. Il y aura cette année à nouveau plusieurs milliers de gens qui vont mourir de la grippe hexagonale, et ça ne fait pas la Une des journaux », a indiqué Patrick Pelloux.
« Là, nous avons trois cas en France et qui ne sont même pas graves. C’est une épidémie qui est contrôlée, il faut faire confiance aux autorités, il faut faire confiance à l’OMS (Organisation mondiale de la santé) », a-t-il ajouté. De son côté, le Dr François Braun, président de Samu-urgences de France, a indiqué que « pour l’instant », il n’y avait « pas un pic d’appels, pas d’affolement ».
« Si ça devait être une crise qui dure, au-delà d’une semaine, dix jours, nous passerons dans le cadre des situations exceptionnelles, avec des mobilisations de personnel plus importantes notamment », a-t-il expliqué. « C’est ce qui avait été fait lors de la grippe H1N1 », maladie respiratoire aiguë déclenchée en 2009. « On n’est pas du tout dans ce champ, loin de là », a relativisé le médecin, expliquant qu’en France, les « schémas d’organisation en cas de risque épidémique sont bien rodés »
Dans le cas du bordelais, « dix à quinze personnes » entrées en contact avec le patient infecté au coronavirus chinois, un professionnel du milieu du vin rentrant de voyage en Chine, « se sont signalées » auprès des autorités sanitaires, a annoncé le maire de Bordeaux, Nicolas Florian, lors d’un point presse ce matin. D’ailleurs les festivités du Nouvel An chinois, qui devaient se tenir dimanche à Bordeaux, ont été annulées par les organisateurs en raison de la confirmation d’un cas de coronavirus dans la capitale girondine. « Un grand défilé devait notamment se tenir dimanche après-midi », a expliqué à l’un des organisateurs, Yang Xu, assurant que ce n’était pas la municipalité qui leur avait demandé cette annulation. « Pas du tout, c’est nous qui avons voulu ce principe de précaution, tout simplement » en annulant tous les événements prévus, publics et privés.
Deux autres patients ont été diagnostiqués positifs au virus à Paris.
Ce couple a été pris en charge à l’hôpital Bichat (XVIIIe), un établissement à la pointe en virologie, et placés à l’isolement, au sein de l’unité REB dédiée (Risques épidémiques et biologiques) du service des maladies infectieuses et tropicales, a précisé samedi l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP).
Les deux personnes, originaires de Wuhan, sont arrivées en France le 18 janvier. Elles « étaient asymptomatiques au moment de leur arrivée » en France, a précisé ce samedi midi Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses de l’hôpital Bichat. Ces patients, âgés de 30 et 31 ans, « vont bien », a-t-il encore souligné.
« Ces personnes ont suivi les bonnes procédures, c’est-à-dire qu’elles ont appelé le centre 15 puis ont été transportées dans de bonnes conditions vers des hôpitaux spécialisés, à Bordeaux et à Paris », a aussi souligné dans nos pages le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la santé (DGS), qui assure que « leur situation n’inquiète plus les cliniciens ». Selon lui, ces trois patients ne présentent « pas de fragilité particulière ».