Moins d’un an après sa formation en juillet 2024, la coalition gouvernementale néerlandaise composée du Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), du Parti pour la liberté (PVV), du Nouveau contrat social (NSC) et du Mouvement des citoyens-agriculteurs (BBB) s’est effondrée. Les Pays-bas se préparent à organiser de nouvelles élections.
Politique migratoire
Mardi 3 juin, Geert Wilders, leader du PVV, a annoncé le retrait de son parti du gouvernement, invoquant le refus de ses partenaires de coalition d’adopter son plan en dix points visant à durcir drastiquement la politique migratoire.
Cette décision a conduit le Premier ministre Dick Schoof à présenter sa démission au roi Willem-Alexander mardi dans la soirée. La chute du gouvernement ouvre la voie à des élections législatives anticipées. Celles-ci auront probablement lieu après les vacances d’été, observe Sarah de Lange, professeure de pluralisme politique à l’Université d’Amsterdam, pour l’AFP.
En attendant, le gouvernement actuel — composé des ministres des partis restants — expédiera les affaires courantes jusqu’à la formation d’un nouvel exécutif.
Élections à la proportionnelle
Les Pays-Bas, dont le système électoral proportionnel garantit qu’aucun parti ne peut émerger seul avec une majorité suffisante, se voient plongés dans un chaos politique sur lequel Geert Wilders entend capitaliser pour obtenir de meilleurs résultats que lors des élections de 2023. Mais il reste à voir si son retrait précipité de la coalition ne replongera pas simplement son parti dans l’opposition.
Simon Otjes, politologue à l’Université de Leyde, considère qu’une coalition centriste est le scénario le plus probable à l’issue des prochaines élections. « Aucune majorité de partis n’est disposée à gouverner avec le PVV », affirme-t-il.Les sondages placent le PVV au coude-à-coude avec l’alliance entre les Verts et les sociaux-démocrates de l’ancien vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans, suivi de près par le parti libéral VVD.
Frans Timmermans a qualifié Geert Wilders de « honte » pour le pays. « J’espère sincèrement que vous n’aurez plus jamais, au grand jamais, la moindre influence sur la gestion de ce pays », a-t-il fustigé. Il reste toutefois une incertitude : le VVD n’a pas explicitement exclu un nouvel accord avec le PVV de Geert Wilders.
Dépenses de défense et soutien à l’Ukraine
Cette onde de choc intervient alors que les Pays-Bas se préparent à accueillir un important sommet de l’OTAN les 24 et 26 juin, au cours duquel le président américain Donald Trump et le secrétaire général de l’OTAN, l’ancien Premier ministre néerlandais Mark Rutte, devraient demander aux pays d’augmenter leurs dépenses de défense.
Souhaitant rassurer ses partenaires, le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, a affirmé mardi soir : « Nous restons pleinement déterminés à organiser le sommet de l’OTAN à La Haye. Nous nous réjouissons d’accueillir tous les Alliés le 24 juin. »
« Nous restons engagés en faveur de la coopération et de la sécurité en Europe. Le soutien apporté par les Pays-Bas à l’Ukraine en est un élément essentiel », a-t-il également déclaré. Lors d’un débat parlementaire mercredi 4 juin, Dick Schoof s’est lui aussi engagé à maintenir le soutien à l’Ukraine et à respecter les engagements en matière de défense malgré la crise politique.
Aux Pays-Bas, un gouvernement démissionnaire ne peut pas instaurer de nouvelles mesures mais peut poursuivre les politiques prioritaires avec le soutien du parlement.
Sous le gouvernement actuel, le soutien politique et militaire de La Haye à Kiev devrait donc se poursuivre et pourrait même être renforcé par le départ de Geert Wilders, car celui que la presse qualifie souvent de « Trump européen », et dont les eurodéputés siègent aux côtés des fidèles de Viktor Orbán à Bruxelles, était le membre le moins favorable à l’Ukraine au sein de la coalition. Il s’opposait aussi à la hausse du budget de la défense, craignant des coupes dans les services publics, notamment la santé.
Tom-Jan Meeus, journaliste pour le média néerlandais NRC, souligne le départ de « la seule personne qui s’opposait à l’augmentation des dépenses de défense » du gouvernement, affirmant aussi que « la plupart des membres de l’opposition sont plus favorables à un soutien fort à l’Ukraine que ne l’était [Geert] Wilders ».
L’eurodéputé socialiste néerlandais Thijs Reuten a confié à Euractiv qu’« il y avait et qu’il y a toujours, sans [Geert] Wilders, une large majorité au parlement néerlandais en faveur du soutien à l’Ukraine et du renforcement de la défense ». « Le gouvernement néerlandais sortant a été trop absent ces derniers temps, trop divisé, et n’a pas investi dans l’Europe. Il est maintenant possible de changer cela », a-t-il ajouté.
Laisser un commentaire