À la veille de la Macy’s Thanksgiving Day Parade 2025 qui se tiendra à New York le 27 novembre au matin, une rumeur étonnante traverse les réseaux sociaux : selon certains comptes, un ballon à l’effigie d’un bouledogue français, le fameux Frenchie, flotterait au-dessus de Manhattan. Si ces images circulent intensément, elles ne sont soutenues par aucune annonce officielle de Macy’s.
Une Parade très cadrée, sans trace de Frenchie
Le communiqué officiel de Macy’s concernant la Parade 2025 ne laisse pas de place au doute. La célèbre enseigne américaine annonce 32 ballons, trois ballonicles et 27 chars, parmi lesquels figurent Buzz Lightyear, Pac‑Man, Mario, et un char inspiré de Shrek, mais aucune trace de bouledogue français.
Plusieurs médias new-yorkais confirment cette absence. Par exemple, NBC New York détaille le line-up officiel et reproduit uniquement les personnages cités par Macy’s, sans mention d’un bouledogue français. Les observateurs journalistiques notent que la stratégie de Macy’s mise sur des nouvelles têtes très identifiables et des icônes de licences populaires, plutôt qu’une création originale non annoncée.
En l’absence de mention officielle, y compris sur la page Instagram de Macy’s dans son onglet Parade, la rumeur du Frenchie semble surgir d’un autre espace que celui de la planification institutionnelle : celui des réseaux, de la création d’image et de la viralité.
Quand Instagram transforme un Frenchie en icône
Le 5 novembre 2025, le célèbre compte Instagram new-yorkais @newyorkcity.explore, suivi par 2,9 millions de personnes, a publié un visuel saisissant : un bouledogue français survolant Manhattan dans le style d’un ballon de la parade de Thanksgiving à New York, accompagné du texte : « Un char à l’effigie d’un bouledogue français rejoint la parade de Thanksgiving de cette année. Il vient de devenir encore plus adorable, pour la toute première fois, un char sur le thème du bouledogue français fera ses débuts. Dites-nous comment vous nommeriez ce char géant ! »
Le post a suscité plus de 73 000 likes et quelque 900 commentaires, dont beaucoup proposaient des noms pour le Frenchie. Derrière cette effervescence se profile une mécanique connue des réseaux sociaux : en sollicitant l’interaction, le compte stimule l’engagement et optimise sa visibilité dans le fil d’actualités. Chaque commentaire et like renforce l’algorithme, faisant remonter le post auprès d’un public encore plus large et transformant un fantasme visuel en phénomène viral.

Bien que non confirmé par Macy’s, ce post illustre une tendance majeure de l’écosystème numérique : la frontière entre intelligence artificielle et réalité se brouille. Sur Instagram, l’image d’un Frenchie flottant au‑dessus de Manhattan ne se limite pas à un simple visuel ; elle devient une expérience partagée, où le fantasme collectif prend plus de poids que la programmation officielle. Chaque like, commentaire et partage amplifie cette viralité, transformant l’image en un symbole tangible dans l’imaginaire des internautes.
Le post agit ainsi comme un catalyseur social : il ne crée pas seulement un ballon fictif, il engendre un espace d’anticipation et de participation, où des milliers de personnes s’investissent dans une projection collective qui précède et parfois influence la réalité.
La popularité du Frenchie aux États-Unis
Pour comprendre pourquoi ce fantasme résonne si fortement, il faut analyser la place culturelle du bouledogue français aux États-Unis. Selon l’American Kennel Club (AKC), le bouledogue français est la race la plus populaire aux États-Unis pour la troisième année consécutive. Cette popularité s’explique par sa taille compacte, son tempérament joueur et photogénique, et son adoption massive dans les foyers urbains.
Le bouledogue français n’est pas seulement un chien populaire : il a conquis le monde des célébrités et des réseaux sociaux américains, devenant un véritable phénomène de mode. À Houston, par exemple, il reste la race la plus inscrite selon l’Américain Kennel Club (AKC), une position qu’il occupe depuis des années. Cette popularité locale s’entrelace avec sa présence sur la scène médiatique : des stars comme Lady Gaga possèdent plusieurs Frenchies, déjà réputés pour leur caractère instagrammable, ce qui renforce l’image du Frenchie comme animal de compagnie à la fois glamour et accessible.
Mais ce n’est pas tout. Sur les réseaux, certains bouledogues français sont devenus de véritables influenceurs à quatre pattes. Prenons Izzy the Frenchie, une femelle très suivie, avec plus d’un million d’abonnés sur Instagram. Son succès illustre l’impact du Frenchie sur la culture urbaine et les réseaux sociaux : ce chien, de petite taille et facilement reconnaissable, est devenu un phénomène visuel apprécié des citadins, souvent mis en scène dans des contenus lifestyle et numériques qui renforcent son statut de race emblématique et tendance.
D’autres Frenchies, comme Manny the Frenchie, ont marqué Internet : Manny était l’un des bouledogues français les plus suivis, cumulant des millions de “likes” sur les réseaux avant sa mort en 2023.
Et des millions de dollars…
L’idée d’un ballon Frenchie survolant la parade Macy’s réunit plusieurs dynamiques : un symbole culturel, un objet visuel puissant et une technologie de création. Même si le projet n’existe pas officiellement, le fantasme dit beaucoup de notre époque : il montre comment les icônes contemporaines peuvent naître non seulement de la fabrication matérielle, mais de la projection collective. Le tout, dans un événement à plusieurs millions de dollars…

La Macy’s Thanksgiving Day Parade n’est pas qu’un défilé de ballons et de chars : c’est une entreprise monumentale, où chaque détail est planifié avec une précision presque militaire et pour un budget colossal. Pour chaque édition, le simple gonflage des ballons nécessite plus d’un demi-million de dollars en hélium, et les chars eux-mêmes coûtent entre 30 000 et 100 000 dollars chacun. Au-delà de la logistique et de la technique, la parade est un événement médiatique majeur. Diffusée sur NBC, elle touche plus de 44 millions de téléspectateurs chaque année, et les revenus publicitaires peuvent dépasser 50 millions de dollars.
Auteur/Autrice
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Rachel Brunet est une journaliste française installée à New York depuis 13 ans.
Après un début de carrière dans la presse économique à Paris, elle a rejoint la presse francophone aux États-Unis.
Elle défend une information rigoureuse et une analyse exigeante de l’actualité.
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