Olivier Piton décrypte la décision de la Cour suprême sur l'avortement

Olivier Piton décrypte la décision de la Cour suprême sur l'avortement

Nous avons échangé avec Olivier Piton, élu des Français des États-Unis d’Amérique sur la circonscription de Washington. Cet avocat au barreau de la capitale américaine, fin connaisseur de la politique américaine (il a écrit des essais à succès dont celui sur Kamala Harris), décrypte pour nous le séisme qu’a entrainé dans le monde entier la décision de la Cour suprême américaine.

Olivier Piton lors de la présentation de son livre sur la vice-présidente américaine Kamala Harris © Olivier Piton

La première décision de la Cour suprême

On commence ce podcast par la genèse de l’autorisation de pratiquer une interruption volontaire de grossesse sur l’ensemble du territoire américain. Alors qu’en Europe, dont en France, ce type de décision revient au pouvoir législatif, l’histoire américaine a pris un chemin différent.

Tout commence en 1973, quand la même Cour suprême, mais avec d’autres juges, accorde le droit d’avorter à toutes les citoyennes américaines. Une décision qui allait dans le sens de l’Histoire et sur laquelle les démocrates et progressistes se sont appuyés refusant d’imaginer un retour en arrière.

Et pourtant, rien n’était moins sûr. La Cour suprême étant constituée de juges nommés par les différents strates du pouvoir fédéral, aucune garantie à long terme n’existait. Les juges étant désignés à vie, leur renouvellement dépend donc des décès. Et le hasard a voulu que le Président Trump s’est retrouvé en position d’investir deux juges. Ce qu’il fallait pour faire basculer la cour du coté des conservateurs après 49 ans de domination progressiste.

Un arrêt basé sur l’atteinte à la démocratie

La Cour, désormais majoritairement conservatrice, a donc abrogé l’arrêt émis en 1973, tout en évitant l’écueil de la moralité. En effet, les juges ont considéré, en s’appuyant sur la constitution américaine, que l’avortement ne rentrait pas dans le champs d’application de l’État fédéral.

Pour les juges, c’est un pouvoir qui revient aux électeurs de chaque État constituant les USA. C’est donc aux parlements locaux et aux gouverneurs de trancher. Un pouvoir dont s’est emparé immédiatement 6 États qui ont immédiatement interdit la pratique des IVG. Du coté des sanctions, la palette est large, de la simple amende à 15 ans d’emprisonnement tant pour la femme concernée que pour le personnel médical qui l’aurait assistée.

Une bataille politique

Olivier Piton dans la deuxième partie du podcast nous explique comment une telle décision a pu émerger et quelle fracture de la population américaine révèle-t-elle…

Pour les Français, habitués à une séparation étanche entre la sphère publique et la sphère privée, l’étonnement est grand quand Olivier Piton nous explique que la fracture, si elle est politique, est surtout entre laïcs et religieux.

Pourtant, la décision de la Cour suprême sera au cœur de la campagne électorale du « Midterm ». Les Démocrates seront ainsi tentés de mobiliser leur troupes pour obtenir une majorité écrasante au Sénat afin de faire une loi fédérale sur l’avortement. Une bonne occasion pour les partisans de Joe Biden de faire oublier les mauvais résultats économiques. Mais selon les sondages, cette approche ne prend pas, les Républicains devraient donc sortir vainqueurs des élections du 8 novembre 2022.

Une bataille juridique

Si les conséquences politiques sont majeures, elles le sont aussi sur le plan juridique. Comment vont réagir les cours des États fédérés ? Que se passe-t-il si une résidente d’un État va avorter dans un autre État ? Des questions auxquelles tente de répondre Olivier Piton.

Comment réagissent les expatriés ?

On finit le podcast en s’interrogeant sur la réaction de nos compatriotes installés aux USA. Comme en France, les expatriés sont inquiets face à cette « radicalisation », et les femmes se mobilisent alors que les Français restent, en général, plutôt discrets sur les problèmes internes. L’occasion d’évoquer la réaction française qui se traduirait par l’inscription de l’IVG dans notre constitution.

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