Olivier Becht, ministre délégué auprès de la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger, était à Londres ces 19 et 20 avril. Dans la continuité du Sommet de Paris du 10 mars dernier, ce déplacement visait à renforcer les liens économiques, commerciaux et industriels déjà solides entre la France et le Royaume-Uni. La relation économique est dense.
Pour preuve, le Royaume-Uni est le 3ème investisseur en France (près de 9% du total des investissements directs étrangers) et a offert à la France son deuxième excédent commercial en 2022 à 5,5 milliards d’euros.
Lors de la première étape hier de son déplacement à Londres, il est allé à la rencontre des équipes du Consulat général de France. Olivier Becht y a salué les efforts précieux de tous pour accompagner les démarches administratives de la communauté française au Royaume-Uni depuis le Brexit.
V.I.E
Ce jeudi à la résidence de France à Londres, en présence de l’Ambassadrice, Hélène Duchêne, Olivier Becht a, donc, rencontré les jeunes Français participant au programme de « volontariat international en entreprise » ou V.I.E et leurs employeurs au Royaume-Uni.
Le ministre délégué aux Français de l’étranger, mais aussi au commerce international (le point faible de notre économie), fut très attentif aux témoignages de ces jeunes dont le succès serait un potentiel levier de croissance pour l’industrie française.
Ainsi, il s’est dit très heureux de l’intérêt des entreprises françaises pour le programme V.I.E, et en particulier à Londres, porte d’entrée du Commonwealth et plus généralement des économies anglo-saxonnes.
C’est dans cette optique qu’Olivier Becht est d’ailleurs venu à Londres, car actuellement les nouvelles règles d’immigration liées au Brexit piègent ces volontaires (donc pas réellement salariés au sens de la législation britannique). En effet, les jeunes Français peuvent uniquement demander un visa TW-GAE pour une durée de mission de 12 mois non renouvelable alors que les missions s’effectuent le plus souvent sur 2 voire 3 ans.
“Nous souhaitions qu’on trouve des solutions pour le V.I.E, qui est un excellent dispositif et sur lequel pour l’instant nos amis britanniques n’ont pas de solution concernant la deuxième année. Nous voulons qu’il y ait des facilités pour ce genre de dispositif. Ça fait partie des discussions que nous avons ensemble. Les solutions sont dans les mains des Britanniques. Ce ne sont pas les nôtres. On essaie de les convaincre que c’est de la main-d’œuvre jeune, qualifiée, qui va travailler dans le pays.”
Olivier Becht, ministre délégué auprès de la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger
La vie des Français au Royaume-Uni
Dans une interview au journal The Guardian, s’exprimant avant sa visite sur les relations entre les deux pays, Olivier Becht déclarait qu’il y avait eu une évolution dans les relations entre les deux pays après la crise post-Brexit.
“D’un point de vue commercial, les relations entre la France et le Royaume-Uni ont toujours été assez actives. Il y a eu un couac après le Brexit et il y a eu un certain nombre de tensions avec le gouvernement de Boris Johnson, mais nous avons évolué.”
Olivier Becht, ministre délégué auprès de la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger
Parmi les points de crispation, on note les difficultés que rencontrent nombre de Français qui n’arrivent pas à avoir un visa pour vivre et travailler au Royaume-Uni. Sans ce sésame, ils ne peuvent pas bénéficier d’une couverture santé et des droits liés à leur emploi.
Ainsi, il y a désormais peu de serveurs français dans les cafés, l’occasion pour nous d’interroger Olivier Becht sur les défis que représente le Brexit pour la mobilité professionnelle.
“Nous sommes dans un dialogue constructif avec les autorités britanniques pour faciliter les mobilités. L’idée est que nous puissions retrouver un niveau de mobilité élevé. Nos deux pays sont des pays amis, alliés, qui sont confrontés à des challenges qui sont aujourd’hui communs. Et donc faciliter le niveau de mobilité des hommes c’est faciliter également le passage des idées. Il y a la mise en œuvre des projets et donc la capacité à relever ensemble ces défis communs. Là aussi nous sensibilisons nos amis britanniques sur le fait de faciliter par exemple la mobilité pour la jeunesse. Ce qui fait la qualité de la France c’est la qualité de ses citoyens qui nous permet de rayonner sur tous les continents. On est un pays où la jeunesse aujourd’hui n’hésite pas à s’expatrier. Non pas qu’elle n’aime pas la France mais au contraire elle va faire rayonner la France partout dans le monde. Ça c’est une très bonne nouvelle ! »
Olivier Becht, ministre délégué auprès de la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger
Le Brexit : catastrophe ?
Et il n’y a pas que la mobilité professionnelle qui est frappée, en effet depuis l’entrée en vigueur du Brexit en 2021 le nombre de touristes français se rendant en Angleterre n’a fait que décliner. Les statistiques sèment l’inquiétude auprès des professionnels du voyage, selon une dernière enquête du Guardian.
C’est en fait toute l’Union Européenne qui tourne le dos à la Grande-Bretagne comme nous le détaille Olivier Becht du fait des barrières érigées par le Royaume-Uni.
« Oui, les autres Européens ont du mal à venir travailler au Royaume-Uni. Je ne veux pas m’exprimer pour les autres pays parce que je n’ai pas la connaissance exacte de la situation dans laquelle ils se trouvent par rapport au Royaume-Uni. Je ne vois pas pourquoi les règles qui étaient celles de l’Union Européenne et qui ont disparu aujourd’hui sur la mobilité mettraient les autres pays de l’Union Européenne dans une situation différente de la nôtre. Je me bats pour nos étudiants. Sur beaucoup de sujets la balle est dans le camp de nos amis britannique car c’est quand même eux qui ont mis les barrières à la mobilité. Ce n’est pas nous.”
Olivier Becht, ministre délégué auprès de la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger
Pour autant, Olivier Becht reste optimiste sur les potentielles synergies économiques. Ainsi, le ministre a rencontré plusieurs chefs d’entreprises et investisseurs britanniques avec lesquels il a échangé sur les opportunités en France. Dans la même optique, il a déjeuné avec Kemi Badenoch, ministre britannique des entreprises et du commerce. Ensemble, ils ont mis en avant les axes forts de la relation économique qui lie nos deux pays, comme la coopération en matière d’intelligence artificielle ou la présence importante de Volontaires Internationaux en Entreprise au Royaume-Uni, thème principal du déplacement ministériel.
A la rencontre des Français de Londres
Comme à son habitude lors de ses déplacements, Olivier Becht est allé à la rencontre de la communauté française de Londres, l’une des plus importantes au monde même si celle-ci a perdu plus d’un tiers de ses résidents avec 225 000 Français installés dans la capitale britannique. Il a donc visité le consulat général de France et l’emblématique Lycée français Charles de Gaulle.
Le ministre a évoqué dans un discours devant la communauté française la dématérialisation des passeports, l’embauche de plus de salariés au Consulat et a remercié les Français d’être de “vrais acteurs au Royaume-Uni.”
Son discours a été bien accueilli par de nombreux Français ce jeudi et malgré le Brexit, Londres, pour le gouvernement français, semble rester le meilleur allié de la France.
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