Olivia Richard : « Les questions des Français de l'étranger » demeurent « très méconnues tant au Sénat qu'au gouvernement. »

Olivia Richard : « Les questions des Français de l'étranger » demeurent « très méconnues tant au Sénat qu'au gouvernement. »
En toute confidence - podcast politique

En toute confidence

En toute confidence » est un podcast dédié à 100 % aux Françaises et Français de l’étranger.

Tous celles et ceux qui façonnent la France dans le monde viennent répondre à nos questions. Ils nous partagent leur vision de l’expatriation et apportent leurs idées nouvelles et concrètes pour faciliter notre vie au quotidien. « En toute confidence », c’est votre espace de débat qui relie la France à ses compatriotes vivant à l’étranger.

Animé par Caroline Ettori.

Écouter le podcast avec Olivia Richard

Dans le contexte politique tumultueux qui secoue le pays, Olivia Richard, sénatrice représentant les Français établis hors de France, revient sur son travail au Sénat. Elle évoque, entre autres, les défis auxquels elle fait face dans la représentation des expatriés.  D’ailleurs, nous dit-elle, « les questions des Français de l’étranger demeurent très méconnues tant au Sénat qu’au gouvernement. » Au cours de ce podcast « En toute confidence », elle parle aussi de son engagement pour les droits des femmes, en particulier pour la lutte contre les violences faites aux Françaises à l’étranger.

Les expatriés, souvent oubliés !

Pour Lesfrancais.press, Olivia Richard revient sur ces derniers mois au Sénat. L’actualité a été plutôt mouvementée depuis son élection à la chambre haute. Et « Ce n’est pas totalement fini, on apprend qu’il y aura l’examen d’une autre motion de censure la semaine prochaine. Donc, j’aime votre optimisme qui appelle à une certaine stabilisation, j’espère que ce sera le cas », nous dit-elle.

« C'est compliqué d'obtenir des réponses ou de sensibiliser sur les questions des Français de l'étranger »

Aussi, Olivia Richard, membre du Groupe Union Centriste au Sénat, décrit une situation particulièrement complexe, notamment avec la succession rapide des gouvernements : « mon regard a été un petit peu désemparé après l’annulation d’un quatrième gouvernement en quinze mois. » Cette instabilité a des répercussions directes sur son travail de sénatrice : « C’est compliqué d’obtenir des réponses ou de sensibiliser sur les questions des Français de l’étranger », qui demeurent « très méconnus tant au Sénat qu’au gouvernement. »

Olivia Richard à Zurich / Pose de la première pierre du nouveau bâtiment du lycée français
Olivia Richard à Zurich / Pose de la première pierre du nouveau bâtiment du lycée français

Lors de notre entretien, Olivia Richard insiste sur l’importance de la stabilité pour que ses missions constitutionnelles, qui incluent « le contrôle de l’action du gouvernement et l’évaluation des politiques publiques », puissent être menées correctement. Toutefois, elle reste déterminée et optimiste face aux défis : « Ce n’est pas décourageant parce que ce sont des défis importants qui nous mobilisent quotidiennement, mais on aspire à une stabilité qui est indispensable. »

L'impact de la réduction des crédits pour l’action extérieure de l'État

Au cœur du débat sur les finances publiques, une question importante est celle des crédits alloués à l’action extérieure de l’État. Olivia Richard a alerté sur une baisse des crédits de « 50 millions des crédits de l’action extérieure de l’État, du Quai d’Orsay ». Elle a notamment exprimé son inquiétude après que l’amendement visant à réduire ces crédits ait été réintégré lors de la commission mixte paritaire (CMP), alors qu’il avait été rejeté au Sénat.

« Nous sommes le budget qui fait le plus d’efforts comparativement à notre poids dans le budget. »

Elle exprime sa frustration face à cette situation qui empêche une vision claire des conséquences : « Le ministre avait pris la parole pour dire que le réseau n’avait pas les moyens d’absorber de telles coupes. » En effet, elle évoque le cas du ministère des Affaires étrangères, qui a déjà subi de nombreuses coupes budgétaires : « Nous sommes le budget qui fait le plus d’efforts comparativement à notre poids dans le budget. »

Intervention d'Olivia Richard dans l'hémicycle du Sénat
Intervention d'Olivia Richard dans l'hémicycle du Sénat

Pour Olivia Richard, ces coupes entraînent des répercussions directes, mais pas uniquement sur les Français de l’étranger. Elles touchent aussi la diplomatie française dans son ensemble : « Ce ne seront pas tellement les programmes affectants très directement les Français de l’étranger. Néanmoins, par exemple, tout ce qui est crédit diplomatie féministe, sur lesquels on peut s’appuyer pour essayer de développer un consulaire féministe, ce qui est un axe d’engagement très fort de mon mandat, je ne sais pas ce qu’il en adviendra. »

Sensibilisation sur les Français de l’étranger : un travail de longue haleine

Olivia Richard souligne également les difficultés rencontrées pour sensibiliser ses collègues sénateurs sur la réalité des Français expatriés. « Le sujet des expatriés reste très mal connu des parlementaires. » Elle déplore que malgré l’existence de sénateurs représentant les Français de l’étranger depuis 1946, il soit encore difficile d’obtenir une meilleure prise en compte des spécificités de cette population.

« Les Français de l'étranger ne sont pas les exilés fiscaux qu'on imagine, les gens qui désespèrent de la France, c’est une réalité très diverse. »

Elle ajoute : « Je ne rate jamais une occasion de rapporter les débats que nous avons ici et d’essayer de sensibiliser mes collègues. » Selon elle, cette difficulté à comprendre la réalité des Français de l’étranger est également alimentée par des préjugés : « Les Français de l’étranger ne sont pas les exilés fiscaux qu’on imagine, les gens qui désespèrent de la France… c’est une réalité très diverse. »

Elle prend l’exemple d’un amendement adopté à l’Assemblée nationale, qui visait à taxer davantage les retraités français à l’étranger, en partant du principe erroné qu’ils seraient responsables de la fraude fiscale. « C’est tellement mal connaître la réalité des retraités français à l’étranger que c’en était presque drôle », regrette-t-elle. Mais elle a su faire valoir les arguments de ses collègues pour que cet amendement soit annulé : « Je suis allée sensibiliser la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale au Sénat… et finalement, la CMP a supprimé la disposition. »

Lutter contre les violences faites aux femmes à l'étranger

Un autre axe fort de l’engagement d’Olivia Richard est la lutte contre les violences faites aux femmes, particulièrement celles touchant les Françaises à l’étranger : « C’est un domaine sur lequel je suis particulièrement active. » Elle évoque la difficulté de prendre en charge les victimes de violences intra-familiales, soulignant qu’un nombre insuffisant de femmes est réellement aidé par les dispositifs existants : « En 2023, 120 femmes ont pu être aidées par le réseau. Rapporté au nombre de femmes françaises à l’étranger, c’est dérisoire. »

Olivia Richard à Istanbul au Lycée français Pierre Loti
Olivia Richard à Istanbul au Lycée français Pierre Loti

Pour elle, la solution passe par des initiatives comme le Women Support Center, une organisation installée à Singapour qui a mis en place un modèle de soutien efficace aux victimes de violences. « Ce modèle-là est très pertinent, parce qu’il permet une prise en charge holistique, c’est-à-dire complète, de la victime. » Elle plaide également pour le financement de ces initiatives et pour la création de maisons des femmes à l’étranger, en partenariat avec les autorités locales.

La question du vote par internet pour les expatriés

Enfin, Olivia Richard aborde le sujet du vote par internet pour les Français de l’étranger. Le ministre Jean-Noël Barrot a annoncé la possibilité d’étendre le vote par internet à toutes les élections françaises organisées à l’étranger.

« Il faut étendre le vote par internet à toutes les élections. »

Olivia Richard, qui est favorable à cette mesure, rappelle que le vote par internet existe depuis 2003, mais il n’a pas été étendu à toutes les élections : « Il faut étendre le vote par internet à toutes les élections. Pas tellement pour remonter la participation, mais parce qu’on sait que les gens votent lorsqu’il y a un enjeu. »

Elle conclut en soulignant la confusion qui existe entre les différentes modalités de vote : « Le principal problème pour les élections françaises à l’étranger, c’est la multiplicité des modalités de vote. » Enfin, elle plaide pour un système plus uniforme, plus simple, afin de permettre aux expatriés de voter plus facilement et de participer activement à la vie politique de la France.

En toute confidence est en écoute sur plusieurs plateformes

Auteur/Autrice

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire