Si la tech française se réjouit que la « souveraineté numérique » fasse son entrée dans le portefeuille d’un superministère de l’Économie, elle regrette qu’aucun secrétaire d’État, point de contact privilégié pour l’écosystème, n’ait été nommé pour succéder à Cédric O.
Ministère du Numérique de plein exercice ou « simple » secrétaire d’État ? La question divisait l’écosystème et les candidats à la présidentielle.
D’un côté, une partie d’entre eux estimait qu’il était temps que le numérique dispose de son propre ministère et de son propre budget, tant le sujet avait pris une importance capitale et revêtait une certaine transversalité. Pour d’autres, il s’agissait d’un non-sujet et il faisait même sens que ces enjeux puissent bénéficier de l’administration de Bercy ou de ceux de Matignon.
L’ancien secrétait d’État lui-même, Cédric O, alors chargé de la « transition » numérique, penchait en faveur de cette seconde option, ne voyant pas l’intérêt de créer un ministère de plein exercice, au-delà de l’« importance symbolique ». « Je pense que l’écosystème surestime la question institutionnelle », déclarait M. O quelques semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle.
« Si je devais avoir un souhait, ce serait de faire en sorte qu’il y ait un grand ministère de l’Économie et de la Technologie qui ait l’ensemble des pouvoirs sur ces éléments et qui ait la puissance de l’administration de Bercy », précisait-il alors. Et il semblerait que son vœu ait été exaucé.
Après des semaines d’attente et d’espoir, les entreprises françaises du numérique ont eu une réponse vendredi (20 mai) avec la présentation du nouveau gouvernement.
Bruno Le Maire a été reconduit à son poste de ministre avec un nouvel intitulé : « ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique », illustrant ainsi la volonté du président réélu, Emmanuel Macron, de mettre l’accent sur l’autonomie et l’indépendance française et européenne en la matière.
« La souveraineté industrielle & numérique a donc son ministre d’État, au 1er rang protocolaire : excellente nouvelle ! », s’est réjoui sur Twitter Yann Lechelle, patron de Scaleway, fournisseur français de cloud.
« C’est un signal positif », reconnaît Maya Noël, directrice générale de France Digitale, la première organisation de startups en Europe, réunissant entrepreneurs et investisseurs du numérique français.
« Ça prouve que le numérique et les startups, en particulier, sont au cœur de l’économie », déclare-t-elle à EURACTIV. Quant à la notion de souveraineté, Mme Noël y voit également une bonne chose, « à condition que cela soit associé à une logique de montée en puissance et pas de repli sur soi ».
France Digitale faisait partie des organisations appelant à la création d’un ministère de plein exercice pour le numérique, pas « comme une fin en soi » mais pour que ces enjeux soient bien représentés au niveau interministériel, explique-t-elle, reconnaissant que cela n’avait pas empêché Cédric O de porter ces discussions au plus haut niveau.
Vers un secrétariat d’État au numérique ?
Seule ombre au tableau pour l’écosystème français, l’absence, pour l’heure, d’un secrétaire d’État dédié qui agirait comme un interlocuteur direct pour les entreprises de la tech, comme le faisait M. O, qui avait annoncé début mars mettre fin à sa carrière politique pour retourner dans le privé.
Compte tenu du nouveau portefeuille élargi de M. Le Maire, la directrice générale de France Digitale serait « étonnée » que personne ne soit nommé dans les semaines à venir pour reprendre cette fonction. « On est dans l’expectative », confie-t-elle.
Tous les regards sont désormais tournés vers les élections législatives, les 12 et 19 juin prochain, qui donnent traditionnellement lieu à un remaniement technique du gouvernement et qui pourrait voir émerger une nouvelle personne pour prêter main forte à Bruno Le Maire sur les enjeux du numérique.
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