La mobilisation en panne en France dès le deuxième jour de grève

La mobilisation en panne en France dès le deuxième jour de grève

La mobilisation s’essouffle, ce 02 octobre, avec un taux de grévistes particulièrement bas (4,22% d’agents de la fonction publique d’État en grève) et des cortèges clairsemés. Une situation que François Hommer, le président de la CFE-CGC, admet, pour lui, c’est « la fin d’une séquence ». Si aucun responsable syndical ne s’étonne du reflux de la mobilisation ce jeudi 2 octobre, tous assurent que la « colère » n’est pas retombée pour autant. L’intersyndicale se prépare donc déjà pour la suite dont la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu. Celle-ci, qui devrait être un moment de clarification et faire basculer le débat du côté parlementaire, est attendue de bien ferme. Dans l’immédiat, les journées d’action comme celle du 18 septembre et de ce jeudi ne sont plus à l’ordre du jour, mais « rien n’est exclu » dit Sophie Binet de la CGT.

Défilés clairsemés, réseaux des transports “normaux”

Moins denses qu’il y a quinze jours, les premiers cortèges se sont élancés jeudi matin à l’appel de l’intersyndicale. 85 000 manifestants ont été recensés à la mi-journée, alors que le 18 septembre ils étaient 200 000 à la même heure. 250 000 personnes sont attendues selon les prévisions du ministère de l’Intérieur, contre 500 000 à 1 million il y a deux semaines. 

Dans l’Éducation nationale, le taux de grévistes est de 6,95% chez les enseignants du premier degré et de 6,13% pour ceux du second degré, selon le ministère. Le 18 septembre, il y a 17,06% d’enseignants grévistes. Sept lycées ont été complètement bloqués, selon le ministère. Des blocages et débrayages ont eu lieu dans quelques universités : un campus de l’université de Lille a été fermé après un blocage dans la matinée par une soixantaine d’étudiants et de personnels syndiqués, selon Solidaires Etudiant.e.s. 

Côté transports, la circulation des TGV et de la quasi-totalité du réseau RATP est « normale », selon le ministère des Transports, qui table sur « quelques perturbations » dans les « TER, RER et Transilien et Intercités ».

Les conférenciers des 14 musées de Paris Musées en grève. ©AFP/Le Parisien
Les conférenciers des 14 musées de Paris Musées en grève. © AFP/Le Parisien

Dans les cortèges, le PS a été surpris, Boris Vallaud en tête, d’être accueilli par des « On va vous dégager ! »  ou des « PS collabo », lancés par quelques manifestants sur leur passage. Enfin, à la gare du Nord, l’ambiance était morose. Loin de l’affluence du 10 septembre, où près d’un millier de participants s’étaient rassemblés pour l’AG des cheminots, il y a aujourd’hui quelque chose comme 150 personnes. Les chiffres de grévistes ne sont pas bons. Anasse Kazib, meneur de SUD rail dans le secteur, fustige les méthodes de l’intersyndicale, accusée par son choix d’espacer les journées de mobilisation « de casser le rythme ». « On voudrait des grèves reconductibles, on voudrait que ça se radicalise », lance le cheminot, membre du parti trotskyste Révolution permanente. Ciblant nommément la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, ce dernier estime que l’alliance des syndicats « n’a obtenu aucune victoire » depuis le début du mouvement. Dans le cercle qui s’est formé autour de lui, on tirait la tronche.

Une attitude qui donnait le tempo de la journée, car finalement, ils n’étaient qu’environ « 200 000 personnes » à défiler dans toute la France ce 02 octobre 2025 contre 500 000 le 18 septembre dernier.

Le gouvernement prépare le budget 2026

Pour les syndicats, l’enjeu était de faire pression sur le gouvernement alors que ce dernier prépare le budget 2026, dossier qui a fait tomber François Bayrou.

Malgré la faible mobilisation, Sébastien Lecornu, prépare un rééquilibrage des mesures, car le déficit et la dette sont toujours la priorité n°1 pour notre pays. D’après l’entourage du Premier ministre à TF1/LCI, plusieurs mesures visant à améliorer les revenus issus du travail sont sur la table. Le chef d’un gouvernement pas encore nommé réfléchit ainsi à une défiscalisation et un allègement des charges sociales sur les heures supplémentaires travaillées. Rétablir la prime de partage de la valeur, dite « prime Macron » et qui peut être exonérée d’impôt et de cotisations sociales, est également en phase de réflexion.

Cérémonie de passation de pouvoir à l'Hôtel de Matignon entre François Bayrou, Premier ministre sortant, et Sébastien Lecornu, jusqu'alors ministre des Armées, nommé nouveau Premier ministre. À Matignon, Paris, France, le mercredi 10 septembre
Cérémonie de passation de pouvoir à l'Hôtel de Matignon entre François Bayrou, Premier ministre sortant, et Sébastien Lecornu, jusqu'alors ministre des Armées, nommé nouveau Premier ministre. À Matignon, Paris, France, le mercredi 10 septembre • ©ERIC TSCHAEN-POOL / SIPA

Une baisse de l’impôt sur le revenu pour les couples payés au Smic est aussi une piste envisagée, le Premier ministre souhaitant « annuler » l’éventuel impôt payé par ces couples pour le ramener à « comme s’ils étaient seuls » (c’est-à-dire à 0). La création d’une mesure « encourageant les transmissions intergénérationnelles ciblées sur les petits-enfants et les jeunes » est aussi rapportée.

Ces propositions, qui ne sont pas encore arbitrées, font suite aux propos tenus par le Premier ministre la semaine dernière, lorsqu’il affirmait que « certains impôts diminueront » l’an prochain. Elles représentent toutefois un coût pour les finances publiques, que Sébastien Lecornu entend compenser pour parvenir à un déficit de 4,7% en 2026. Le projet de budget devrait arriver au Parlement mi-octobre.

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