Stéphane Séjourné, chef du parti d’Emmanuel Macron, a qualifié la politique d’immigration de la Première ministre italienne Giorgia Meloni d’« inhumaine », à la suite de critiques semblables de la part de Gérald Darmanin la semaine dernière. Ces propos ont provoqué la colère du vice-premier ministre italien Matteo Salvini, alors que Giorgia Meloni s’efforce de tourner la page.
La semaine dernière, le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin a rouvert une crise diplomatique entre la France et l’Italie, lorsqu’il a déclaré que Giorgia Meloni était « incapable de résoudre les problèmes migratoires » dans son pays, malgré ses promesses électorales de mettre en place un « blocus naval ».
Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani avait dénoncé « une insulte gratuite et vulgaire adressée à un pays ami, allié », ajoutant attendre des excuses de la part de Paris.
Pour calmer le jeu, son homologue française Catherine Colonna l’a appelé à deux reprises, a relaté M. Tajani.
L’Italie, un partenaire essentiel
Sur la même ligne, la Première ministre française, interrogée en conférence de presse, a rappelé vendredi (5 mai) que « l’Italie est un partenaire essentiel de la France, et que notre relation est fondée sur le respect mutuel ». La priorité doit être donnée à « la concertation et [à] un dialogue apaisé pour continuer à travailler ensemble », a ajouté Mme Borne.
Il n’y avait « aucune volonté d’ostraciser l’Italie » de quelque manière que ce soit, a déclaré le porte-parole du gouvernement français, Olivier Véran.
Les propos de M. Véran « vont dans la bonne direction », a déclaré M. Tajani, qui a souligné que ces dires émanent de « quelqu’un qui s’est rendu compte qu’il avait commis une sérieuse erreur » en offensant le gouvernement italien.
« Nous ne sommes pas un gouvernement d’extrême droite. Certains tons peuvent être épargnés, et j’espère qu’il ne s’agit que des paroles d’un ministre en campagne électorale. Nous n’avons aucune envie de rompre les relations avec la France », a déclaré M. Tajani à Rai News 24.
Toutefois, les choses ne se sont pas arrêtées là.
Extrême droite
Mercredi (10 mai), Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, a, à son tour, provoqué la colère de l’Italie, jugeant que « [Giorgia] Meloni fait beaucoup de démagogie face à l’immigration ». Il a qualifié sa politique d’« injuste, inhumaine et inefficace », selon les propos rapportés par le quotidien Le Figaro.
Pour lui, « l’extrême droite française prend exemple sur l’extrême droite italienne. On doit dénoncer leur incompétence », a ajouté Séjourné.
M. Salvini a réagi en qualifiant la rhétorique de M. Séjourné d’« inacceptable et offensante ». « La France ne peut faire la leçon à personne. Elle doit respecter le gouvernement italien », a-t-il écrit sur Twitter.
Selon Mme Meloni, qui s’est rendue à Prague mercredi pour rencontrer son homologue tchèque, Petr Fiala, les déclarations françaises à son encontre à propos de la migration ont été faites pour « régler des comptes internes » visant à maintenir le consensus électoral en France.
« Je ne pense pas que ce soit idéal sur le plan politique et protocolaire, mais chacun fait les choix qu’il veut […] Je ne veux pas rentrer là-dedans, je comprends les difficultés. Je ne pense pas que ce soit un problème qu’ils ont avec nous », a-t-elle ajouté.
En France, la crise entre la France et l’Italie est l’occasion pour la droite et l’extrême droite d’attaquer le gouvernement d’Emmanuel Macron. Mme Meloni « est plus efficace que Gérald Darmanin », a indiqué le chef du groupe Les Républicains (PPE) à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, sur BFMTV mercredi soir.
Mardi, pendant la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée, la députée d’extrême droite Alexandra Masson (Rassemblement national/ID) s’est inquiétée de « propos et d’actions désastreux » et de « déclarations irresponsables » du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Ce dernier a d’abord indiqué que la réponse à la crise migratoire était européenne, car « il faudrait […] des contrôles externes aux frontières de l’Europe, une procédure d’asile unique, revoir le règlement de Dublin ».
Or, a-t-il déploré, « nos amis italiens ne reprennent quasiment plus de personnes dublinées », c’est-à-dire les personnes qui devraient retourner dans le premier pays de l’UE dans lequel elles sont arrivées, comme le prévoit le règlement de Dublin sur l’immigration.
Il a ensuite dénoncé l’attitude du Rassemblement national (ID) qui, au Parlement européen, « a voté contre le mandat de négociation pour que ces problèmes soient résolus ».
À l’inverse, leurs alliés italiens de la Ligue ainsi que les eurodéputés du parti de Giorgia Meloni Frères d’Italie (CRE) ont, quant à eux, voté en faveur du paquet.
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