Merkel et Macron font preuve d’unité en vue d’un sommet européen crucial

Trois semaines avant le sommet européen au cours duquel le fonds de relance doit être négocié, l’Allemagne et la France affichent leur unité, signalant ainsi aux pays réfractaires qu’ils ne pourront pas compter sur d’éventuelles divergences entre Paris et Berlin.

Le moteur franco-allemand est plus fort que jamais. C’était la devise officieuse de cette première visite d’État faite à la chancelière Angela Merkel depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus. Le président français Emmanuel Macron est venu à Meseberg, au nord de Berlin, ce lundi 29 juin, pour peaufiner avec la cheffe de l’exécutif allemand la ligne de conduite que Paris et Berlin entendent tenir lors du prochain sommet européen. Un rendez-vous qui s’avérera crucial pour la prochaine reconstruction de l’Union européenne.

Les discussions entre les deux dirigeants ont principalement porté sur le fonds de relance européen que la France et l’Allemagne ont proposé conjointement le 18 mai. Ce jour-là, l’Allemagne a fait volte-face, car Angela Merkel avait jusqu’alors prôné l’austérité, notamment dans le cadre des plans de sauvetage pour la Grèce. Son soutien à un plan de reconstruction fondé sur des subventions signifie que les États européens dits « frugaux » (Autriche, Pays-Bas, Danemark et Suède), réfractaires au plan de relance proposé par la France et l’Allemagne, ont perdu un allié important.

Le fonds et le cadre financier pluriannuel (CFP) dans lequel il doit être intégré constitueront les thèmes principaux du prochain sommet européen qui aura lieu les 17 et 18 juillet à Bruxelles. À cette occasion, les chefs d’État et de gouvernement de l’UE se rencontreront à nouveau en personne pour la première fois depuis le début de la pandémie.

Lors de leurs interventions conjointes, les deux dirigeants ont signalé à l’intention des pays réfractaires qu’il n’y aurait pas la moindre faille à exploiter entre les positions de Paris et Berlin. Si les négociations échouent, « ce ne sera pas de notre faute », a ainsi déclaré la chancelière lors de la conférence de presse commune.

Accord budgétaire en juillet

Durant son intervention, le président Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d’avancer rapidement sur le CFP et le plan de reconstruction. « Un accord doit être conclu en juillet, c’est notre priorité absolue », a-t-il déclaré, ajoutant que l’attente ne faciliterait pas les choses.

Emmanuel Macron a également souligné que « les subventions » devaient constituer « le cœur » du plan de relance européen, les prêts ne faisant qu’ajouter aux difficultés économiques déjà présentes. Raison pour laquelle le plan proposé par la France et l’Allemagne présente un bon équilibre entre dettes mutualisées et subventions, a-t-il expliqué.

Le président français n’a pas manqué de mettre les pays réfractaires un peu plus sous pression à propos de la feuille de route : « Les frugaux sont les bénéficiaires nets du marché unique, il leur rapporte beaucoup plus qu’à d’autres, » a-t-il indiqué, en insistant sur le fait qu’il était dans leur intérêt d’adopter ce plan de relance économique.

Ne pas adopter le plan de relance « aggraverait tous les problèmes » en nourrissant le populisme, avait préalablement averti la chancelière dans une interview accordée à des journaux européens samedi 27 juin.

Pour Berlin, l’enjeu est de taille : si la France et l’Allemagne parviennent à vaincre les réticences des « frugaux », pour l’heure opposés au plan de relance, la présidence allemande sera en partie couronnée de succès. Emmanuel Macron a assuré Berlin du soutien de la France pendant ce mandat à la tête de l’UE. « Nous serons à vos côtés pour la présidence allemande, » a-t-il déclaré.

La France assurera pour sa part la présidence du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2022, ce qui coïncidera avec la prochaine élection présidentielle et les prochaines élections législatives dans le pays.

Taxe carbone aux frontières

Les deux dirigeants ont également affiché un front commun sur la proposition d’une taxe carbone européenne aux frontières, une idée qui ne fait pourtant pas nécessairement l’unanimité outre-Rhin. « C’est un avis que l’on partage [avec la France] : nous avons besoin d’une telle taxe. Elle doit être compatible avec l’Organisation Mondiale du Commerce, » a indiqué Angela Merkel. Ce n’est pas anodin, a-t-elle ajouté, car l’UE doit se protéger contre les pays qui veulent importer des produits à forte empreinte carbone.

Cette taxe est envisagée comme un éventuel moyen de rembourser les subventions, et sur ce volet également, les deux pays doivent surmonter les réticences parfois fortes d’autres Etats membres.

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