Menaces et chances

Menaces et chances

« Make America Great Again » se transformera-t-il en « Make America Smaller » ou en « Make America Greatly Abandoned » ? Affirmant que ses prédécesseurs, de ces cinquante dernières années, ont plongé le pays aux fonds des abîmes, Donald Trump a décidé de tirer un trait sur quatre-vingt ans de libéralisation du commerce international en appliquant, de manière unilatérale, des droits de douane de 10 à 25 %.

Les États-Unis auraient tout à gagner à lancer un nouveau cycle de négociations sur les échanges internationaux.

La politique économique du nouveau Président est surréaliste pour la première puissance économique mondiale qui connaît, depuis plusieurs années, un taux de croissance jalousée de près de 3 % et un quasi plein emploi. L’augmentation de manière substantielle du coût des importations risque de se traduire par une attrition de l’économie américaine. Par démagogie, par populisme, le Président américain risque de plonger son pays en récession, un comble ! Que les États-Unis soient confrontés à un déficit commercial important, 920 milliards de dollars en 2024, est une évidence. Que ce déficit soit la conséquence de pratiques commerciales douteuse, sans nul doute. Mais le recours au protectionnisme est une réelle absurdité pour un pays qui domine tous les grands secteurs de pointe et qui pèse plus du quart du PIB mondial.

« Make America Great Again » se transformera-t-il en « Make America Smaller » ou en « Make America Greatly Abandoned » ? Affirmant que ses prédécesseurs, de ces cinquante dernières années, ont plongé le pays aux fonds des abîmes, Donald Trump a décidé de tirer un trait sur quatre-vingt ans de libéralisation du commerce international en appliquant, de manière unilatérale, des droits de douane de 10 à 25 %.
Les États-Unis auraient tout à gagner à lancer un nouveau cycle de négociations sur les échanges internationaux.
La politique économique du nouveau Président est surréaliste pour la première puissance économique mondiale qui connaît, depuis plusieurs années, un taux de croissance jalousée de près de 3 % et un quasi plein emploi. L’augmentation de manière substantielle du coût des importations risque de se traduire par une attrition de l’économie américaine. Par démagogie, par populisme, le Président américain risque de plonger son pays en récession, un comble ! Que les États-Unis soient confrontés à un déficit commercial important, 920 milliards de dollars en 2024, est une évidence. Que ce déficit soit la conséquence de pratiques commerciales douteuse, sans nul doute. Mais le recours au protectionnisme est une réelle absurdité pour un pays qui domine tous les grands secteurs de pointe et qui pèse plus du quart du PIB mondial. 
METTRE PHOTO IDEE ETATS-UNIS ET COMMERCE
Les États-Unis auraient tout à gagner à lancer un nouveau cycle de négociations sur les échanges internationaux. Depuis 1945, neuf cycles de négociations ont été engagés dans le cadre du GATT ou de l’Organisation Mondiale du Commerce, mais aucun accord n’a pu être conclu depuis 2001. Or, au cours de ces vingt-cinq dernières années, les échanges internationaux ont connu une mutation de grande ampleur avec l’avènement de la Chine comme premier exportateur mondial. 
Dans le cadre de telles négociations, les États-Unis auraient pu compter sur l’Europe pour dénoncer le dumping supposé des entreprises chinoises et imposer des relations plus équilibrées avec les pays émergents. 
METTRE PHOTO D’ARMEE
En effectuant un virage à 180 degrés face à l’Ukraine, Donald Trump, isole son pays. Ses volte-face permanentes désarçonnent ses alliés les plus anciens. Depuis 1945, les États-Unis et leurs alliés se concertaient toujours lors des grandes crises internationales. Les désaccords, dont plusieurs avec la France, n’ont jamais remis en cause les relations d’amitié. En jouant de manière brutale avec l’Ukraine, le Président américain pousse les Européens à s’unir et à se réarmer. Cependant, l’accroissement de l’effort de défense européen, pourtant souhaité par Donald Trump, ne s’effectue pas en coordination avec les États-Unis mais contre eux ce qui est, au regard de l’histoire, une réelle rupture.
L’isolement des Etats-Unis dépasse le cadre du Vieux continent.
L’isolement des Etats-Unis dépasse le cadre du Vieux continent. L’abandon de l’Ukraine en pleine guerre interroge en Asie. La protection dont bénéficie Taïwan est-elle immuable ? La Corée du Sud peut-elle compter sur les États-Unis pour dissuader son ennemi du Nord de reprendre la guerre ? Le Japon dont la défense est essentiellement assurée par les États-Unis s’interroge également sur les moyens à mettre en œuvre pour garantir sa sécurité. 
Étrange histoire ! Donald Trump choisit de rétrécir son pays au moment même où les États-Unis, face à une Chine et une Europe déclinante, sont en position de force sur la scène économique et géopolitique. À défaut de rechercher les facteurs internes de la dégradation du moral des Américains, il accuse l’étranger d’en être l’unique responsable. Sa quête des terres rares, sa volonté de prendre le contrôle du Groënland ou du Canal de Panama peuvent s’assimiler à un néo-impérialisme. 
Depuis la survenue de l’épidémie de Covid de 2020, l’histoire semble bégayer en mettant ses pieds dans les sombres empreintes laissées par l’Entre-deux-Guerres mondiales. Au « Make America Great Again » doit résonner « Make a New European Union ». 
Les États-Unis auraient tout à gagner à lancer un nouveau cycle de négociations sur les échanges internationaux.
Les États-Unis auraient tout à gagner à lancer un nouveau cycle de négociations sur les échanges internationaux.

Les États-Unis auraient tout à gagner à lancer un nouveau cycle de négociations sur les échanges internationaux. Depuis 1945, neuf cycles de négociations ont été engagés dans le cadre du GATT ou de l’Organisation Mondiale du Commerce. Mais aucun accord n’a pu être conclu depuis 2001. Or, au cours de ces vingt-cinq dernières années, les échanges internationaux ont connu une mutation de grande ampleur avec l’avènement de la Chine comme premier exportateur mondial.

Dans le cadre de telles négociations, les États-Unis auraient pu compter sur l’Europe pour dénoncer le dumping supposé des entreprises chinoises et imposer des relations plus équilibrées avec les pays émergents.

@Adobestock
@Adobestock

En effectuant un virage à 180 degrés face à l’Ukraine, Donald Trump, isole son pays. Ses volte-face permanentes désarçonnent ses alliés les plus anciens. Depuis 1945, les États-Unis et leurs alliés se concertaient toujours lors des grandes crises internationales. Les désaccords, dont plusieurs avec la France, n’ont jamais remis en cause les relations d’amitié. En jouant de manière brutale avec l’Ukraine, le Président américain pousse les Européens à s’unir et à se réarmer. Cependant, l’accroissement de l’effort de défense européen, pourtant souhaité par Donald Trump, ne s’effectue pas en coordination avec les États-Unis mais contre eux. Chose qui constitue, au regard de l’histoire, une réelle rupture.

L’isolement des Etats-Unis dépasse le cadre du Vieux continent.

L’isolement des Etats-Unis dépasse le cadre du Vieux continent. L’abandon de l’Ukraine en pleine guerre interroge en Asie. La protection dont bénéficie Taïwan est-elle immuable ? La Corée du Sud peut-elle compter sur les États-Unis pour dissuader son ennemi du Nord de reprendre la guerre ? Le Japon dont la défense est essentiellement assurée par les États-Unis s’interroge également sur les moyens à mettre en œuvre pour garantir sa sécurité.

Étrange histoire ! Donald Trump choisit de rétrécir son pays au moment même où les États-Unis, face à une Chine et une Europe déclinante, sont en position de force sur la scène économique et géopolitique. À défaut de rechercher les facteurs internes de la dégradation du moral des Américains, il accuse l’étranger d’en être l’unique responsable. Sa quête des terres rares, sa volonté de prendre le contrôle du Groënland ou du Canal de Panama peuvent s’assimiler à un néo-impérialisme.

Depuis la survenue de l’épidémie de Covid de 2020, l’histoire semble bégayer en mettant ses pieds dans les sombres empreintes laissées par l’Entre-deux-Guerres mondiales. Au « Make America Great Again » doit résonner « Make a New European Union ».

Face au nouveau défi américain, l’Europe n’a plus d’autre choix que de grandir. S’étant longtemps reposée sous le parapluie stratégique des États-Unis, elle se trouve aujourd’hui contrainte d’affirmer sa souveraineté économique et militaire afin de faire prévaloir ses valeurs démocratiques. Loin d’être une menace, ce challenge, est une opportunité historique.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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