A peine revenu des commémorations du débarquement et de ses déclarations d’amour, Donald Trump a menacé de taxer les vins français. Trump considère que « les Français font un excellent vin, mais les Etats-Unis aussi. » Sauf que la lutte est inégale, selon, Trump, car si les Etats-Unis laissent entrer les vins, les Français ne laisseraient pas entrer les vins américains.
C’est vrai, les Etats-Unis sont le premier marché des vins français à l’exportation. C’est vrai, la France exporte 31 fois plus de vin aux Etats-Unis qu’elle n’en importe : 1.7 millions d’hectolitres exportés, 51.700 hectolitres importés. Ce qui semble, quoiqu’en dise Trump, logique. Il ne s’agit là que d’un rapport qualité/prix que l’on constate dans tous le sapys du monde…
Pour les vins français, l’Allemagne représente le premier marché en volume (16%) et les Etats-Unis le second (12%), mais en valeur, les Etats-Unis, avec plus de 3 milliards d’euros, représente 18% des exportations, le Royaume-Uni 13% et l’Allemagne seulement 8%. Les américains privilégient le vin de qualité.
La menace de Trump risque d’affecter aussi l’Italie, qui exporte, en volume, encore plus que la France (3.3 millions d’hectolitres) et l’Espagne (784.000).
Contrairement à ce que dit Trump, la France ne fixe pas elle–même les taxes sur le vin ou les autres produits américains. C’est l’Union Européenne qui négocie et fixe les tarifs au nom des 28. Actuellement, les taxes varient de 5.3 cents et 14.9 cents par bouteille aux Etats-Unis en fonction de la nature du vin et du degré d’alcool, alors qu’elles sont de 11 à 29 cents en Europe. On est donc dans un montant de taxes inférieur entre 1 et 3%, ce qui est peu.
D’ailleurs, les importations de vin américain ont considérablement augmenté en France et en Europe (200%) et l’Europe est le premier marché pour les vins américains. Une guerre commerciale en ce domaine ne fera donc pas de bien aux producteurs américains, ni aux consommateurs. On ne sait d’ailleurs quel effet réel elle pourrait avoir sur les prix.
Les menaces de Trump s’inscrivent dans sa mécanique générale de négociations, qui commence toujours par des menaces, au moment où doivent commencer les discussions commerciales entre l’Union européenne et les Etats-Unis. Or les produits agricoles, dont le vin, n’entrent pas dans le champ de la négociation. A la demande traditionnelle de la France, qui, de plus, a refusé de voter en faveur de l’ouverture de négociations. Ce qui est assez regrettable, puisque le plus important, c’est moins le montant des taxes, peu significatif par rapport aux variations des taux de change, que la reconnaissance des appellations d’origine.
Que retenir des menaces de Trump ? Que l’image du vin français rejoint celle des voitures allemandes et des téléphones chinois dans l’imaginaire d’excellence de Trump. Vivement que Trump menace de taxer les voitures françaises et déclare la guerre à Qwant.
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