Manifestations en France, la faute à Bruxelles ?

Manifestations en France, la faute à Bruxelles ?

Les institutions de l’UE s’ingèrent illégitimement dans les affaires des États membres depuis un certain temps, a déclaré l’ancien ministre polonais des Affaires étrangères et eurodéputé Witold Waszczykowski, citant comme exemple récent la pression exercée par le président français, Emmanuel Macron, pour adopter la réforme des retraites, entraînant toutes ces manifestations en France.

Des manifestations et des affrontements violents avec la police ont éclaté en France après que le gouvernement de M. Macron a contourné le parlement jeudi dernier (16 mars) pour adopter sa réforme des retraites très controversée.

Les manifestations se sont poursuivies tout au long du week-end et, comme le gouvernement n’a survécu que de justesse au vote de défiance de lundi, nombreux sont ceux, y compris en Pologne, qui remettent désormais en question la légitimité du gouvernement.

« Il s’agit des affaires internes de la France, mais à mon avis, les manifestations en France sont justifiées, car ce que nous observons actuellement est une atteinte au processus démocratique de prise de décision »

M. Waszczykowski à EURACTIV Pologne

De plus, « au niveau européen, nous assistons à une “Timmermans-isation du droit” », a-t-il ajouté, faisant référence aux critiques de Frans Timmermans sur les réformes judiciaires du parti PiS, dont M. Waszczykowski est membre, depuis son arrivée au pouvoir en 2015.

M. Waszczykowski

Ingérence illégitime ?

M. Timmermans, aujourd’hui commissaire européen à l’Action pour le climat et vice-président de la Commission européenne, était à l’époque commissaire à l’État de droit sous la direction de Jean-Claude Juncker.

Pour le PiS, M. Timmermans incarne l’ingérence illégitime des institutions de l’UE dans les affaires internes des États membres. Selon le parti au pouvoir, cela montre que Bruxelles a progressivement fait pression pour dépouiller les gouvernements nationaux de leurs compétences.

La décision de M. Macron d’augmenter l’âge de la retraite était « basée sur des calculs idéologiques », n’a pas pris en compte l’opinion publique et « n’a pas fait l’objet de consultations publiques », a-t-il ajouté.

Contactée par EURACTIV, la Commission n’a pas commenté la déclaration de M. Waszczykowski ou la situation en France.

La situation tendue dans l’Hexagone a été la raison de l’annulation d’une réunion prévue entre les ministères des Affaires étrangères français et polonais qui devait avoir lieu à Paris, a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Arkadiusz Mularczyk à la radio publique polonaise lors d’un entretien lundi (20 mars).

« Lorsque la situation se calmera, nous reviendrons à l’idée de consultations entre les ministères », a déclaré le ministre polonais des Affaires étrangères.

La Pologne souhaite poursuivre le dialogue dans le cadre du Triangle de Weimar, qui réunit la Pologne, l’Allemagne et la France, car « il s’agit actuellement d’un format clé pour l’avenir de l’Europe, et aussi pour le soutien à l’Ukraine », a-t-il également souligné.

Toutefois, en raison de la situation en France, certaines questions pourraient être reportées, a-t-il ajouté.

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