Depuis le début de l’année, les agriculteurs ont manifesté dans presque tous les États membres de l’Union européenne, obtenant souvent des concessions de la part de leurs gouvernements et suscitant un débat sur les mesures à prendre au niveau de l’UE.
La situation est en constante évolution et d’autres manifestations sont attendues dans les semaines à venir, et ce jusqu’à la mi-mars au moins.
Les infographies figurant dans cet article donnent une vue d’ensemble des manifestations qui ont eu lieu, des demandes des agriculteurs et des concessions faites par les gouvernements nationaux jusqu’à présent. Il est à noter que les données peuvent ne pas être exhaustives.
Certaines demandes sont les mêmes dans toute l’Europe, mais la plupart d’entre elles concernent des besoins spécifiques aux agriculteurs du pays.
Au niveau de l’UE
Le débat au niveau de l’UE se concentre sur la simplification administrative de la Politique agricole commune (PAC), en particulier sur une liste de neuf exigences environnementales (bonnes conditions agricoles et environnementales, BCAE) que les agriculteurs doivent respecter pour avoir accès aux subventions de l’UE.
La Commission européenne présentera des propositions d’ici la mi-mars et rouvrira le débat sur le pouvoir de négociation des agriculteurs dans la chaîne alimentaire. En janvier, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a entamé un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture dans l’Union avec plusieurs parties prenantes, notamment des ONG et associations de consommateurs et des organisations agricoles.
L’impact du commerce sur le secteur agricole est aussi une préoccupation majeure pour tous les agriculteurs de l’Union. La libéralisation des importations en provenance d’Ukraine, au départ contestée par les États membres frontaliers à l’Ukraine (Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Slovaquie), a suscité des critiques de la part des producteurs des pays non frontaliers de l’Ukraine, tels que la République tchèque et la France.
Dans une lettre ouverte appelant l’UE à « répondre efficacement aux protestations historiques des agriculteurs », le Copa-Cogeca, qui regroupe des syndicats agricoles de l’UE, demande également une autorisation accélérée des nouvelles techniques génomiques (NGT).
Les agriculteurs s’opposent enfin à la directive sur les émissions industrielles (IED) et au règlement sur les déchets d’emballages dans sa forme actuelle.
Au niveau national
Lors des manifestations en Belgique, en France, en Espagne ou encore en Italie, un grand nombre d’agriculteurs ont demandé une rémunération équitable.
Paris et Madrid ont promis le renforcement des contrôles dans la chaîne alimentaire. La Belgique a repris des initiatives facilitant la concertation entre les acteurs de la chaîne alimentaire. En Italie, le gouvernement a rétabli une exonération fiscale pour les agriculteurs.
En effet, les exonérations fiscales sont l’une des concessions nationales les plus courantes dans l’UE.
En Allemagne, comme en France, les manifestations ont été déclenchées par la décision du gouvernement de supprimer les exonérations fiscales sur le carburant et les véhicules agricoles. Berlin a par la suite fait marche arrière sur cette deuxième mesure et a introduit une suppression progressive (plutôt qu’une abolition immédiate) des exonérations fiscales sur les carburants. Après une manœuvres similaire, Paris a finalement rétabli l’avantage fiscal sur le gazole non routier (GNR).
L’association des agriculteurs irlandais a demandé au gouvernement de Dublin une dérogation à la directive sur les nitrates et des mesures pour lutter contre une maladie végétale connue sous le nom de chalarose du frêne.
Les agriculteurs lettons ont de leur côté appelé à l’interdiction des importations de produits alimentaires russes. Le gouvernement a fini par restreindre ces importations en provenance de Moscou, n’autorisant que le transit de produits alimentaires.