L'UE combat la hausse de la production de drogues

L'UE combat la hausse de la production de drogues

Le mandat de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) sera étendu car l’Union européenne est devenue un important producteur de drogues illicites destinées à un usage national et international, et les liens entre les groupes criminels européens et internationaux se resserrent.

L’Europe, qui était essentiellement un consommateur, est en train de devenir un producteur de drogues, selon le dernier rapport européen sur les drogues publié par l’OEDT.

Ce rapport est publié alors que les institutions de l’Union européenne se préparent à étendre le mandat de l’OEDT d’un centre de surveillance à une véritable agence.

La Commission européenne a proposé ce renforcement en janvier et le mandat de négociation a été adopté par le Conseil le 9 juin. Bientôt, la commission des Affaires intérieures du Parlement européen (LIBE) prendra en charge le dossier.

La rapporteuse du Parlement sur le dossier, l’eurodéputée socialiste Isabel Santos, espère « des ressources et des capacités accrues pour équiper correctement la future agence avec les bons outils », a-t-elle confié à EURACTIV.

« Comme le monde de la drogue semble avoir toujours une longueur d’avance, il est essentiel que l’agence soit capable d’avoir à la fois un système de capacité de surveillance et d’analyse renforcé, mais aussi un mécanisme de réaction plus rapide et efficace face aux menaces et tendances émergentes », a ajouté Mme Santos.

L’eurodéputée a souligné que le marché européen des drogues est en constante évolution, de plus en plus diversifié et très dynamique — des éléments que le rapport de l’OEDT sur les drogues a confirmés.

Bien que l’agence de surveillance des drogues ait joué un rôle crucial dans la collecte de données sur les marchés des drogues dans l’Union, davantage d’outils sont nécessaires « pour opérer avec succès dans un contexte aussi complexe que celui que nous connaissons actuellement en Europe », a déclaré la rapporteure.

Malgré l’intention de transformer l’OEDT en une agence à part entière, Mme Santos a ajouté qu’elle restera essentiellement un organisme chargé de fournir des données pour aider les États membres à élaborer des politiques avisées.

Davantage de crimes internationaux

Selon le rapport de l’OEDT, les niveaux élevés d’innovation, la numérisation, la multiplication des choix et l’augmentation de la production de drogues synthétiques ont conduit au renforcement des liens entre les organisations criminelles européennes et internationales.

« On observe une coopération accrue entre les groupes criminels organisés de l’UE et les cartels mexicains, en particulier pour la méthamphétamine », a indiqué Alexis Goosdeel, directeur de l’OEDT, lors d’une conférence de presse sur les conclusions du rapport, mardi 14 juin.

Les preuves apportées par l’OEDT montrent que certains des laboratoires démantelés sur le territoire de l’UE et dotés d’une capacité de production industrielle de méthamphétamine utilisaient des cuisiniers mexicains ou leurs recettes et méthodes pour la production.

M. Goosdeel a expliqué qu’il était nécessaire d’établir davantage de profils des drogues circulant dans l’UE, réitérant la nécessité d’une extension du mandat de l’OEDT afin de lui donner davantage de moyens.

Il a également ajouté qu’Europol et l’agence américaine de lutte contre la drogue (Drug Enforcement Administration, DEA) leur avaient transmis des informations indiquant que les cartels mexicains cherchaient à étendre leur contrôle sur le trafic mondial de drogue.

« Le fait qu’ils semblent être plus étroitement associés à certaines unités de production en Europe le confirme en quelque sorte », a déclaré M. Goosdeel, ajoutant que la coopération entre l’UE et le Mexique a également été renforcée pour tenter d’empêcher cette tendance.

Isabel Santos, députée européenne

La Covid-19 a changé les comportements numériques

Outre une collaboration internationale accrue, des changements ont également été constatés durant la pandémie de Covid-19. EURACTIV a précédemment rapporté que les niveaux de consommation de drogue étaient revenus à la normale en Europe après les restrictions de distanciation sociale et les confinements.

L’OEDT a également constaté une évolution dans la manière dont les drogues sont commercialisées en ligne.

« Le rapport montre que — comme nous tous — les trafiquants se sont mis à utiliser davantage Internet pendant la pandémie. L’achat et la vente de drogues sur les réseaux sociaux sont désormais monnaie courante », a déclaré la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, lors de la conférence de presse.

On sait depuis longtemps qu’il est possible d’acheter de la drogue sur des sites web du darknet, mais le changement observé par le rapport est que « les applications des réseaux sociaux et les services cryptés semblent être plus fréquemment utilisés pour effectuer des achats de drogue ».

On a toutefois constaté un développement de l’utilisation de plateformes en ligne pour le traitement et la gestion des problèmes de drogue pendant la pandémie.

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