On a vu depuis quelques années apparaître des évolutions favorables concernant l’industrie française : progression de l’emploi industriel, investissements directs étrangers en hausse, cofinancements entre l’État et les entreprises de projets industriels de grande taille (batteries électriques, semi-conducteurs…). Mais la tendance sera d’orienter une part croissante des investissements vers la robotisation. Par conséquent, on doit probablement s’attendre à une faible progression de l’emploi, voire à un recul associé à une reprise de la hausse de la productivité du travail.
Le poids de l’industrie dans le PIB devrait en conséquence augmenter, mais pas le poids de l’industrie dans l’emploi total. De 2002 à 2016, l’industrie française a perdu 25 % de ses emplois. Depuis une légère remontée est constatée. En 2022, l’emploi industriel représente 9 % de l’ensemble des emplois, contre 40 % en 1972. En un demi-siècle, ce recul ne s’explique pas que par la désindustrialisation. Certains emplois classés, en 1970, comme industriels relèvent désormais des services du fait d’opérations d’externalisation (entretiens, gardiennage, services informatiques, voire recherche et gestion des ressources humaines).
La mondialisation n’est pas la cause de la désindustrialisation de la France
La mondialisation n’est pas la cause principale de la désindustrialisation de la France. L’Allemagne et l’ltalie n’ont pas connu la même hémorragie. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont, en revanche, connu des évolutions similaires. Des entreprises françaises ont eu recours à des délocalisations, en particulier celles du secteur automobile mais cela n’explique qu’une partie du déclin de l’industrie qui a été plutôt provoqué par une perte de compétitivité constatée depuis le début des années 2000. La faiblesse des fonds propres, les impôts de production élevés et un mauvais positionnement de gamme ont entraîné la fermeture de nombreux établissements.
Avant même la crise sanitaire, une légère hausse de l’emploi industriel et de l’investissement direct étranger était enregistrée. En 2022, 150 nouveaux sites industriels ont été dénombrés pour seulement 70 fermetures de sites. Des projets de grandes usines sont en cours de réalisation pour fabriquer des batteries, des semiconducteurs, de l’acier décarboné, des panneaux photovoltaïques, etc.
La création d’une usine met entre trois et cinq ans sous réserve d’obtenir toutes les autorisations nécessaires
Des projets industriels concernent également la production de robots, d’hydrogène vert, des meubles, des aliments pour animaux, des médicaments ou des vaccins. Pour le moment, tous ces projets ne se traduisent pas par une hausse du poids de l’industrie au sein du PIB. Celui-ci était de 9,6 % du PIB en 2022, contre 10,2 % en 2019 ou 11 % en 2002. La création d’une usine met entre trois et cinq ans sous réserve d’obtenir toutes les autorisations nécessaires dans les temps. Ce ne sera qu’en 2030 que les résultats de la politique engagée ces dernières années pourront être réellement mesurés.
L’effet sur l’emploi ne devrait pas être marquant car pour être compétitives, les nouvelles usines industrielles se doivent d’être robotisées. Le coût horaire de la main-d’œuvre dans l’industrie demeure, en effet, élevé en France. En 2022, il était de 42,90 euros. Seule l’Allemagne qui a un coût supérieur (44 euros) a une proportion de robots industriels par emploi bien supérieure à la France qui a, en la matière, un important retard.
Un retard important en matière de robotisation
Par rapport à ses partenaires, la France a un retard important en matière de robotisation. La réindustrialisation devrait amener un rattrapage. En 2022, le nombre de robots pour 100 emplois industriels était de 3,8 au Japon, de 3,4 en Allemagne, de 2,8 aux États-Unis ou en Suède et de 1,9 en France. Ce rattrapage devrait contribuer à une augmentation de la productivité, ce qui sera positif pour la croissance. L’emploi industriel devrait rester autour de 10 % de l’emploi total dans les prochaines années. Une réindustrialisation devrait atténuer le solde commercial fortement dégradé de la France, plus de 160 milliards d’euros en 2022.
Laisser un commentaire