De 1999 à 2014, la Chine a été le moteur de l’économie mondiale, sa croissance représentant presque 2 points de la croissance mondiale, soit la moitié de celle-ci. La progression de ses exportations expliquait à elle seule la moitié de celle du commerce international. Cette période semble s’achever. Au profit de l’Inde ?
La Chine est confrontée à un ralentissement structurel de sa croissance. Ce fléchissement tient notamment au vieillissement de sa population, à l’essor de l’épargne de précaution des ménages et à la crise de l’immobilier avec le probable ralentissement des gains de productivité. Le rôle de locomotive de l’économie mondiale peut-il être repris par l’Inde qui est devenu le pays le plus peuplé de la planète ?
Risques de Chine
La croissance potentielle de la Chine est passée de 8,5 % dans la période de 2001 à 2011, à 3 % aujourd’hui, et à 1,8 % dans les années 2025-2030. Depuis 2020, la population active de ce pays diminue de 0,5 % par an. La productivité qui progressait de plus de 5 % par an se situe désormais autour de 1 %. Le taux d’épargne des ménages qui était de 25 % au début du siècle dépasse désormais 30 % du revenu disponible brut. Cette hausse résulte de la faiblesse des dépenses publiques en faveur des retraites et de la santé. La première n’absorbe que 5 % du PIB, contre 13,8 % en France. La seconde représente 2,2 % du PIB contre plus de 8 % au sein de la zone euro.
Pour préparer leur retraite, les ménages chinois ont investi dans l’immobilier provoquant une bulle immobilière. Plus de 60 millions de mètres carrés sont construits chaque année depuis une dizaine d’années contre moins de 20 millions en 1998. Les Chinois qui partent à la retraite sont conduits à vendre leurs biens immobiliers, ce qui devrait entraîner une chute des prix. Cette dernière pourrait être accentuée par le fait que de nombreux logements sont inoccupés.
La croissance de l’Inde dépasse celle de la Chine
La population de l’Inde a récemment dépassé celle de la Chine et compte plus de 1,4 milliard d’habitants. La croissance de l’Inde qui était jusque dans les années 2012 inférieure à celle de la Chine la dépasse désormais. Elle lui était même en 2022 deux fois supérieure.
Malgré une tradition protectionniste, l’Inde tend à s’ouvrir au commerce mondial. Les importations représentent désormais 30 % de son PIB mais son économie demeure de taille modeste, 30 à 40 % de celle de la Chine. Les importations indiennes représentent 3 % de celles du monde (11 % pour celles de la Chine).
Fragilités indiennes
L’Inde devrait conserver un fort taux de croissance durant de nombreuses années. La croissance indienne est tirée à la fois par l’investissement et la consommation. Les exportations commencent par ailleurs à progresser. Le taux de croissance de ces dernières dépasse désormais 10 %.
En revanche, l’Inde demeure fragilisée par des problèmes structurels récurrents. La proportion des diplômés du secondaire et de l’enseignement supérieur demeure modeste, moins du quart de la population active. En dix ans, ce ratio a néanmoins gagné 10 points. Le taux d’emploi des femmes reste faible, moins d’un tiers d’entre elles ont un emploi. Ce taux était de 18 % en 2002. Le taux d’emploi des hommes est en revanche correct à 77 %. Le taux de chômage reste malgré tout élevé autour de 8 %.
Les infrastructures indiennes demeurent en grande partie absentes ou défaillantes. La production d’électricité par habitant est six fois plus faible qu’en Chine.
L’Inde est engagée dans un processus de réel rattrapage économique avec des gains de productivité élevés, autour de 5 % par an, ce qui lui permettrait de jouer un rôle de plus en plus important au sein de l’économie mondiale, sous réserve de réduire les inégalités qui minent la société et d’opter pour un développement ouvert, ce qui ne fut pas toujours le cas dans le passé.
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