L’explosion des héritages en France : le grand transfert des baby-boomers

L’explosion des héritages en France : le grand transfert des baby-boomers

La génération des baby-boomers (nés entre 1946 et 1964) représente aujourd’hui environ 15 millions de personnes en France. Avec une espérance de vie moyenne de 85 ans, leur disparition progressive d’ici 2040 va entraîner une vague sans précédent de transmissions de patrimoine. Selon les projections, le nombre de décès annuels devrait passer de 640 000 à près de 680 000 d’ici 2034, libérant un potentiel de 3 millions de biens immobiliers sur la prochaine décennie. Ce vieillissement massif se traduit par une hausse mécanique du nombre de procédures liées à des héritages en France, estimées à plus de 700 000 par an d’ici 2030.

Un transfert de richesse historique et des enjeux fiscaux et juridiques majeurs

Les chiffres donnent le vertige : 9 000 milliards d’euros de patrimoine détenu par les plus âgés seront transmis à leurs descendants d’ici 2040, selon la Fondation Jean-Jaurès. Ce « grand transfert » est souvent présenté comme le plus important de l’histoire, mais il soulève des questions sur sa répartition et ses conséquences.

La fiscalité française reste l’une des plus lourdes d’Europe, avec des droits de succession pouvant atteindre 60 % du patrimoine transmis pour les héritiers non directs. Cependant, la loi de 2025 sur les successions, entrée en vigueur fin 2025, introduit un cadre plus transparent et équitable, encadrant strictement les frais bancaires et simplifiant les procédures. L’objectif : limiter les abus et réduire les délais, souvent source de tensions pour les familles.

Pourtant, malgré ces avancées, les inégalités risquent de se creuser. En effet, seuls 19 % à 55 % des baby-boomers prévoient de laisser un héritage, beaucoup préférant consommer leur épargne durant leur retraite. Résultat : une partie importante de la richesse se concentrera entre les mains d’une minorité d’héritiers, accentuant les disparités économiques entre ceux qui reçoivent et ceux qui ne reçoivent rien.

Illustration @adobestock
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Les familles recomposées, de plus en plus nombreuses, complexifient les procédures et multiplient les risques de conflits. Les notaires et conseillers en gestion de patrimoine soulignent l’importance de la planification successorale (testaments, donations, assurances-vie) pour éviter les litiges et optimiser la transmission. Les outils numériques, comme les plateformes de simulation de droits de succession, se développent pour accompagner les particuliers dans ces démarches.

Un impact économique profond

Ce transfert massif de richesses aura des répercussions sur l’immobilier, les marchés financiers et la consommation. Les secteurs de la gestion de patrimoine, de l’immobilier et des services juridiques anticipent une forte demande. Cependant, certains économistes appellent à canaliser ce transfert vers des investissements d’avenir (écologie, numérique, social) pour éviter une « société d’héritiers » où la richesse se transmettrait sans créer de valeur.

Héritiers français de l’étranger : quelles règles s’appliquent ?

Lorsque le défunt était résident fiscal en France au moment de son décès, ses héritiers — même s’ils résident à l’étranger — sont soumis aux règles françaises en matière de succession.

La fiscalité française s’applique alors à l’ensemble des biens situés en France, mais aussi, dans certains cas, aux biens détenus à l’étranger, selon les conventions fiscales internationales. Les héritiers non-résidents doivent souvent désigner un représentant fiscal en France pour régulariser la succession et payer les droits de succession, qui peuvent atteindre jusqu’à 60 % pour les héritiers non directs (frères et sœurs, neveux, amis, etc.).

Photo illustration © sipa
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Les démarches sont complexifiées par la distance : ouverture du dossier de succession, évaluation des biens, liquidation des droits, et parfois blocage des comptes bancaires jusqu’au règlement des formalités. Mais depuis 2025, la réforme des successions a simplifié certaines procédures, comme l’encadrement des frais bancaires, mais les héritiers étrangers restent confrontés à des délais administratifs plus longs et à des obligations déclaratives spécifiques. Il est donc crucial de se faire accompagner par un notaire ou un conseiller spécialisé en droit international pour éviter les écueils, notamment en matière de double imposition ou de conflits de lois entre la France et le pays de résidence de l’héritier.

Héritiers français de l’étranger et défunt non-résident en France : quelles règles ?

Lorsque le défunt n’était pas résident fiscal en France au moment de son décès, la succession est en principe soumise aux lois du pays de sa dernière résidence. Cependant, les héritiers français — même résidant à l’étranger — restent redevables des droits de succession français sur les biens situés en France (immobilier, comptes bancaires, etc.), selon les règles du code général des impôts.

La fiscalité française s’applique alors uniquement sur ces actifs locaux, avec des taux progressifs pouvant aller jusqu’à 60 % pour les héritiers non directs, sauf si une convention fiscale entre la France et le pays de résidence du défunt prévoit des dispositions plus favorables. Les héritiers doivent souvent fournir un certificat de non-résidence fiscale du défunt et justifier de la valeur des biens détenus en France. Les démarches, déjà complexes, sont aggravées par la nécessité de coordonner deux systèmes juridiques et fiscaux différents.

Là aussi, il est vivement recommandé de faire appel à un notaire ou un avocat spécialisé en droit international des successions pour éviter les risques de double imposition, optimiser les abattements applicables et sécuriser la transmission des actifs. Dans certains cas, des exonérations ou réductions de droits peuvent s’appliquer, notamment pour les conjoints ou partenaires de PACS, mais les procédures restent longues et exigeantes en termes de documentation.

Comment anticiper ?

Ainsi, l’explosion des héritages est une opportunité, mais aussi un risque pour la cohésion sociale. Les pouvoirs publics, les professionnels et les familles doivent se mobiliser pour en faire un levier de développement économique et non un facteur d’inégalités. La préparation et l’information restent les clés pour aborder sereinement cette transition générationnelle.

En conclusion, on vous compile quelques éléments qu’il faut garder en tête le jour J et même avant :

  • Rédiger un testament ou un pacte successoral pour clarifier ses volontés.
  • Utiliser des outils comme l’assurance-vie ou la donation-partage pour réduire la charge fiscale.
  • Consulter un notaire pour sécuriser la transmission et éviter les contentieux.
  • Se renseigner sur les nouvelles réformes (exonérations, abattements) pour optimiser sa stratégie.

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