Avec la crise du covid-19, l’Union européenne est mise au banc des accusés. Des voix se font entendre pour déclarer qu’elle a signé son arrêt de mort en raison de l’incapacité des États membres à s’entendre au sujet de la crise sanitaire. Au-delà des jérémiades et des polémiques, force est de constater que la monnaie commune, l’euro, est un paratonnerre extrêmement efficace, un atout majeur pour les États membres. Pour atténuer les effets de la crise, les gouvernements ont décidé de dépenser sans compter et par ricochet d’accroître la dette. Celle-ci est, en partie, reprise par la Banque centrale européenne qui joue le rôle de sauveur en dernier ressort. Sans la monnaie commune, les États auraient dû faire face avec leur monnaie nationale. La conséquence aurait été une envolée des taux d’intérêt et une dépréciation des taux de change.
Pour les pays fortement endettés qui, comme la France, accumulent depuis des années des déficits commerciaux, la curée aurait été de mise. La Banque de France aurait certainement procédé à une monétisation de la dette mais au prix d’une dépréciation violente de la monnaie. Il en aurait résulté une fonte des réserves des changes et une incapacité à importer les matières premières, l’énergie et les biens nécessaires au bon fonctionnement de l’économie. Face à la défiance généralisée des investisseurs étrangers, afin d’éviter la banqueroute, la France aurait été acculée à demander le soutien du FMI.
Ce scénario s’appliquerait de la même façon à l’Italie et à l’Espagne. La zone euro, malgré ses manques, malgré ses faiblesses, offre aux États membres un minimum de mutualisation. Un espace monétaire de plus de 300 millions d’habitants comptant en son sein des États gérés avec sérieux, tels que l’Allemagne et les PaysBas, est moins aisé à déstabiliser. L’euro ne s’est que faiblement déprécié depuis le début de la crise. Les taux ont légèrement augmenté mais tout en restant historiquement bas. Les simples annonces de la Banque centrale européenne ont permis une baisse de 0,5 points pour les taux français et italiens. L’euro permet à ces deux États d’économiser des dizaines de milliards d’euros au niveau du service de la dette.
L’Europe du Sud bénéficie de la rigueur du Nord. Les accusations d’égoïsme de l’Allemagne sont à relativiser. Il ne faut pas oublier que la politique des taux bas qui favorise le Sud de l’Europe pénalise surtout les épargnants allemands, expliquant la réticence de ces derniers vis-à-vis des eurobonds ou des coronabonds. Ils ne veulent pas être co-responsables des déficits du Sud sans disposer de pouvoir de contrôle. Pour être acceptables, les coronabonds supposeraient l’instauration d’une direction du Trésor européenne ayant un droit de supervision sur les directions du Trésor de chacun des États. Peu de ces derniers sont prêts à accepter une perte de souveraineté budgétaire aussi importante.
Après la crise, l’euro et la Banque centrale européenne seront des acteurs clef du redémarrage. Avec la monnaie unique, les échanges au sein des 19 États membres pourront se remettre en place sans être gênés par des dévaluations. La BCE veillera à la solidité des établissements financiers, banques et assurances. Les États profiteront d’un délai pour absorber le choc et assainir leurs finances publiques. L’euro est sans contexte un des atouts les plus précieux de tous les Européens qui en bénéficient.
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