Les visites surprises de Viktor Orbán en Chine et en Russie sous le feu des critiques

Les visites surprises de Viktor Orbán en Chine et en Russie sous le feu des critiques

Après une réunion des ambassadeurs de l’UE, qui représentent les États membres, mercredi (10 juillet) au sujet des récents voyages controversés du Premier ministre hongrois Viktor Orbán à Kiev, Moscou et Pékin, la Conférence des présidents du Parlement européen ont discuté de la question jeudi, envisageant même d’éventuelles répercussions.

Les rencontres de Viktor Orbán avec le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping la semaine dernière ont suscité de vives inquiétudes à Bruxelles et dans les capitales de l’Union européenne, d’autant plus que la Hongrie assure, depuis le 1er juillet et jusqu’à la fin de l’année, la présidence du Conseil de l’UE, où se réunissent les ministres des États membres.

Ces derniers jours, les dirigeants et les fonctionnaires de l’UE ont unanimement condamné l’approche non concertée de la Hongrie, particulièrement la visite surprise à Moscou, insistant sur le fait que Viktor Orbán n’agissait pas au nom de l’ensemble de l’Union mais uniquement en sa qualité de Premier ministre hongrois.

La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola (à gauche), et le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán (à droite), à Bruxelles, le 1er février 2024. ©EPA-EFE/OLIVIER HOSLET

Colère des ambassadeurs de l’UE

Lors d’une réunion de deux heures mercredi, les ambassadeurs de l’UE, qui représentent les États membres, ont interrogé la Hongrie sur les objectifs et les résultats de ces visites, que Budapest a décrites comme faisant partie d’une « mission de paix » destinée à mettre un terme à la guerre en Ukraine.

Selon des diplomates de l’UE présents à la réunion, les ambassadeurs ont exprimé leur mécontentement à l’égard de la Hongrie, soulignant que les initiatives de Viktor Orbán étaient incompatibles avec la présidence du Conseil de l’UE que le pays assure actuellement et pour les six prochains mois.

Au total, 25 États membres « ont exprimé leur mécontentement ou leur colère face au déroulement de la présidence hongroise », ont indiqué plusieurs diplomates. La Slovaquie n’a pour sa part pas participé à la discussion.

« La Hongrie a tenté de faire valoir que les visites étaient strictement bilatérales, [et étaient] uniquement destinées à évaluer la faisabilité et les conditions d’un cessez-le-feu », a expliqué l’un d’entre eux.

Budapest a reconnu qu’elle n’avait pas de mandat européen pour son initiative, mais elle a tout de même créé une certaine ambiguïté, notamment en utilisant le logo de la présidence hongroise du Conseil de l’UE dans ses communications sur les visites.

Les 25 capitales ont été « très claires dans leur évaluation que cet argument n’était pas crédible, étant donné le timing et l’enchaînement des réunions, l’utilisation des hashtags de la présidence, et la réaction de [Vladimir] Poutine », ont déclaré les diplomates.

En effet, il était clair que Vladimir Poutine approchait Viktor Orbán en espérant qu’il représente la position de l’Union.

« Les lignes ont été clairement et délibérément brouillées », ont asséné les diplomates.

Les ambassadeurs n’ont toutefois pas discuté des options possibles pour résoudre le problème ou, comme certains l’avaient demandé, pour « freiner » la Hongrie. C’était notamment le cas de la Pologne, qui avait initialement mis la question à l’ordre du jour de la réunion de mercredi.

« Personne n’a soulevé la question de la fin ou du raccourcissement de la présidence. Aucune mesure concrète n’a été présentée ou adoptée », a déclaré un second diplomate de l’UE.

De nombreux diplomates ont cependant souligné que si la Hongrie continuait sur cette voie, une nouvelle discussion pourrait être organisée sur le sujet.

Indépendamment de cela, certains États membres ont déjà fait des représailles diplomatiques en envoyant des fonctionnaires subalternes à la place des ministres aux réunions informelles organisées par les Hongrois.

Certains diplomates ont décrit cette approche comme un « boycott délibéré » des réunions de la présidence hongroise, mais le pays a tenu à minimiser les inquiétudes à ce sujet.

La Conférence des présidents aborde le sujet

Le sujet sera maintenant à l’ordre du jour de la Conférence des présidents du Parlement européen — composée du président du Parlement européen et des présidents des groupes politiques et responsable de l’organisation de l’agenda législatif et politique du Parlement — jeudi (11 juillet).

Selon nos informations, diverses mesures pourraient être envisagées, y compris boycotter ou mettre fin prématurément à la présidence hongroise, auquel cas il faudrait faire appel aux présidences belges ou espagnoles précédentes, ou même avancer le début de la présidence polonaise, qui devait débuter en janvier 2025.

« Honnêtement, la possibilité de boycotter la présidence hongroise a été discutée dès son premier voyage [de Viktor Orbán], celui à Kiev », a confié un fonctionnaire du groupe libéral Renew Europe à Euractiv.

Pour l’instant, les implications des discussions qui auront lieu lors de la Conférence des présidents sont encore incertaines, mais les relations entre Budapest, et par extension la présidence hongroise, et les 26 autres États membres deviendront probablement plus tendues pour la suite, après « moins de la deuxième semaine de la présidence de Viktor Orbán ».

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