Divisés, les dirigeants de l’UE ne sont pas parvenus à un accord sur les hauts postes de l’UE, et ont décidé de repousser le choix du futur président de la Commission au 30 juin, lors d’un nouveau sommet.
Les Vingt-Huit sont encore loin d’un accord sur le nom du prochain président de la Commission européenne, après une nuit de négociation à Bruxelles. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a déclaré aux journalistes après la réunion que les dirigeants se réuniraient à nouveau le 30 juin pour un dîner de travail.
« Le Conseil européen a eu une discussion approfondie sur les candidatures en tenant compte de mes consultations et des déclarations que j’ai faites au sein du Parlement européen. Il n’y a de majorité pour aucun candidat », a déclaré Donald Tusk aux journalistes. « Le Conseil européen a convenu de la nécessité d’une équipe reflétant la diversité de l’UE », a-t-il ajouté.
« Je suis heureux de voir que je ne suis pas facile à remplacer », a plaisanté l’actuel président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a déclaré qu’il ne serait pas plus facile d’obtenir un accord le 30 juin « mais cela doit être fait ».
Lors d’une conférence de presse de quelques minutes vendredi à 2 heures du matin, Jean-Claude Juncker et Donald Tusk ont tous deux évité de mentionner le détail des négociations.
Aucun progrès
Interrogé sur les progrès réalisés au cours des quatre heures de discussion, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a répondu qu’il n’y en avait aucun.
« C’est souvent plus rapide de choisir un Pape », a ironisé Leo Varadkar, Premier ministre irlandais.
Faisant écho à la position d’autres dirigeants, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré qu’en « toutes circonstances, nous voulons un accord global avec le Parlement [européen] et le Conseil [européen] avant la première séance du Parlement […] tout le monde était d’accord là-dessus ». Le nouveau Parlement européen doit commencer ses travaux à Strasbourg avec sa première session le 2 juillet.
Les vingt-Huit s’efforcent de parvenir à un accord global tenant compte des résultats des élections européennes, tout en respectant les équilibres de genre, de nationalité, entre grands et petits pays, etc.
Le PPE, qui est sorti vainqueur des dernières élections, défend son droit à choisir le prochain président de la Commission selon le système de spitzenkandidaten. Mais les dirigeants socialistes, libéraux et verts au Conseil européen et au Parlement ont rejeté cette logique et refusé de soutenir Manfred Weber, le candidat du PPE à la présidence de la Commission.
La chancelière allemande Angela Merkel a toutefois fait du respect du système des spitzenkandidaten un premier pas vers la création de listes transnationales pour les élections européennes, une proposition que la France défend.
Les commentaires d’Angela Merkel visaient à réduire les divergences de vues entre la France et l’Allemagne, qui minent le processus de nomination. Le président français Emmanuel Macron est en effet le principal opposant au processus Spitzenkandidaten et, en particulier, à la candidature de Manfred Weber.
« Je ne mets pas mon veto aux candidats parce qu’ils appartiennent à un parti politique », a déclaré Emmanuel Macron qui explique que ses réserves à l’égard de certains candidats sont fondées sur le manque de compétences requises pour le poste. En ligne de mire, l’absence d’expérience gouvernementale du candidat allemand.
« C’est le système défendu par les partis politiques qui a été contesté aujourd’hui », a déclaré le président Macron, « ce n’est pas une question franco-allemande ».
Le désaccord entre Berlin et Paris a pourtant bloqué toute avancée sur les nominations. L’Allemagne et la France « n’imposeront aucun accord aux 26 autres États membres », ont expliqué des sources de l’Élysée, mais un accord entre les deux gouvernements sera nécessaire pour avancer sur la question de postes clés de l’UE.
Alexandra Brzozowski, Alicia Prager, Beatriz Rios, Florence Schulz et Jorge Valero
traduit par Cécile Barbière
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