Comment les services consulaires s’adaptent-ils aux besoins des Français de l’étranger ? Quel premier bilan pour 2025 ? Quelles nouvelles mesures seront introduites d’ici la fin de l’année ? Dans un contexte budgétaire français complexe, l’administration consulaire doit-elle craindre pour son avenir ? Pour répondre à ces questions, Lesfrancais.press a interrogé Pauline Carmona, la directrice de la DFAE. Entre nouvelles procédures, expérimentations et évolutions administratives, elle détaille les réalisations et les prochaines ambitions pour les Français établis hors de France.
Bilan de l’action consulaire pour les Français de l’étranger au premier semestre 2025
Lesfrancais.press : « Pauline Carmona, tout d’abord, quel bilan de l’action consulaire tirez-vous du premier semestre 2025 ? Quels sont les chantiers qui ont été lancés ou aboutis pour les Françaises et Français de l’Étranger ? »
Pauline Carmona : « C’est un bilan très positif que nous tirons de ce premier semestre en termes d’activité consulaire. Nos services consulaires ont su faire face à une demande toujours plus forte, tout en maintenant ou en améliorant la qualité du service. Les chantiers de modernisation que nous avons conduits, le fort engagement de nos agents consulaires et la réorganisation de certains services pour davantage d’efficacité, nous ont permis de répondre à une demande de passeports et de cartes d’identité toujours très importante. Le réseau consulaire a ainsi reçu plus de 228.000 demandes en 5 mois, un chiffre comparable avec celui de l’an dernier, avec une nette progression de la demande de cartes d’identité.
« Nous faisons tout notre possible pour proposer à nos compatriotes des services consulaires plus simples, plus efficaces et plus proches des usagers »
Pauline Carmona, Directrice de la DFAE
Nous avons en effet lancé ou poursuivi plusieurs chantiers de modernisation, qui améliorent concrètement les services rendus aux Français de l’étranger et qui leur simplifient la vie au quotidien. Le service consulaire, c’est en effet la diplomatie du quotidien. Nous faisons tout notre possible pour proposer à nos compatriotes des services consulaires plus simples, plus efficaces et plus proches des usagers, bref en leur proposant des services à la hauteur de leurs attentes.
Plusieurs exemples de ce que nous avons fait cette année :
- D’abord, le Service France Consulaire, notre service de réponse téléphonique pour tous les Français de l’étranger sur les questions consulaires, continue son déploiement et a achevé l’intégration de l’ensemble des pays d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient. L’intégration des pays d’Asie sera réalisée d’ici la fin du mois de juillet, pour un total de 146 pays et plus de 76% des Français inscrits au registre mondial. La qualité du service est au rendez-vous, puisque les taux de satisfaction des usagers restent très élevés (94% de taux de satisfaction usagers).
- Nous avons également généralisé la certification de l’identité numérique de niveau élevé liée à la carte d’identité électronique (format carte bancaire). Cette procédure, en place dans tous les consulats depuis le 15 mai, a déjà attiré près de 2 000 Français. L’identité numérique certifiée permet, via l’application numérique « France Identité », que j’encourage vos lecteurs à télécharger sur leur smartphone, d’accéder à des services sécurisés qui nécessitaient jusqu’à présent un déplacement en personne au consulat. Je pense en particulier à la procuration de vote, qui pourra se faire désormais 100% à distance, à l’authentification simplifiée pour voter par internet pour les élections législatives et consulaires, ou encore au renouvellement à distance des passeports au Canada, au Portugal ainsi que bientôt, en Australie et Espagne, accessible également par l’identité numérique de La Poste.
- Nous avons généralisé, depuis le 2 juin dernier, la possibilité de prépayer en ligne sa demande de passeport, par timbre électronique. C’était déjà possible en France depuis plusieurs années, nous l’avons rendu possible dans les consulats à l’étranger. C’est une modalité de paiement qui suscite beaucoup d’engouement, puisque près d’un demandeur sur cinq l’utilise déjà. Nous encourageons vivement les usagers à payer en ligne leurs demandes de titres, car cela leur permet de gagner du temps lors du rendez-vous au consulat, et d’éviter toute difficulté éventuelle liée à un paiement en liquide par exemple. »`
Lesfrancais.press : « Une expérimentation pour renouveler son passeport à distance sans se déplacer à son consulat avait été mise en place au Canada et Portugal. Elle devait s’étendre en ce mois de juin à 10 autres pays avant une possible généralisation ? Qu’en est-il ? »
Pauline Carmona : « En effet, une expérimentation permettant le renouvellement des passeports sans comparution au consulat a été conduite pendant une durée d’un an, du 1er mars 2024 au 28 février 2025. Ce sont ainsi 2242 Françaises et Français inscrits sur les registres consulaires au Canada et au Portugal qui ont pu tester cette procédure innovante. Ce dispositif a été largement plébiscité par ceux qui y ont eu recours. Cette procédure permet en effet de limiter les déplacements de nos compatriotes qui se trouveraient géographiquement éloignés de leur consulat ou avec une mobilité réduite, et plus généralement de simplifier la vie de nos concitoyens.
Cette procédure a fait l’objet d’une évaluation et sera relancée et étendue prochainement, toujours sous forme expérimentale et pour deux ans, en Australie et en Espagne, en plus du Canada et du Portugal. La reprise de la procédure de renouvellement à distance interviendra dès que le dispositif juridique autorisant cette expérimentation aura pu être adopté. Notre objectif est que cela puisse se faire avant la fin de l’année. »
Renouveler sa carte d’identité au consulat : les conseils
Lesfrancais.press : « Cette possibilité de renouveler son passeport à distance sera-t-elle appliquée prochainement pour les cartes d’identité ? Dans l’hexagone, la démarche est désormais totalement digitalisée, les non-résidents s’impatientent. Avez-vous des conseils pour pouvoir accéder aux services désormais accessibles via France Identité sans CNIe ? »
Pauline Carmona : « La demande de carte d’identité en France, tout comme les demandes de passeport, peut faire l’objet d’une pré-demande en ligne sur le site de l’ANTS – France Titres. En revanche, une comparution en mairie ou en préfecture est toujours obligatoire pour la prise d’empreintes. En comparaison, le renouvellement des passeports 100% à distance est un service innovant et original, qui n’existe que pour les Français de l’étranger, comme l’est la possibilité de recevoir son passeport à domicile, dans une trentaine de pays, ou encore de récupérer ses titres d’identité et de voyage lors des tournées consulaires ou auprès d’un consul honoraire. Ce sont des exemples de ce que l’administration consulaire fait pour simplifier la vie des Français à l’étranger, qui peuvent se trouver très éloignés de nos consulats, pour leur éviter des déplacements. Je le souligne car les services consulaires que nous proposons n’existent pas en France, et donc d’une certaine manière, nous proposons un service public qui est plus innovant qu’en France, en termes de facilités offertes à l’usager. »
Dans ce cadre, la possibilité d’effectuer sa pré-demande en ligne sera effectivement ouverte aux Français à l’étranger d’ici la fin de l’année. Nous y avons travaillé activement avec l’ANTS-France Titres. Attention, les demandeurs devront malgré tout se déplacer au consulat pour la prise d’empreintes, que ce soit pour une demande de carte d’identité ou de passeport.
« Pour rappel, si vous disposez déjà d’une carte d’identité, toujours en cours de validité, vous ne pouvez pas à ce stade en demander le renouvellement anticipé pour obtenir la nouvelle carte d’identité »
Pauline Carmona, Directrice de la DFAE
Sur la question de pouvoir accéder aux services désormais accessibles via France Identité, sans que l’on ait une CNIe, je rappelle que la création d’un compte France Identité nécessite d’avoir une carte d’identité électronique. Toutefois, l’accès à de nombreuses démarches administratives en ligne est déjà possible en se connectant via son compte France Connect ou France connect +, qui n’est pas lié au fait d’avoir une CNIe. Concrètement, on peut déjà avoir un compte France Connect, sans avoir une CNIe, si on a un compte impots.gouv.fr, Ameli.fr, L’Identité Numérique La Poste, MSA, YRIS, France Identité, ou encore TrustMe.
Si on a une on peut télécharger France Identité, et accéder plus facilement à France connect via France Identité. Et si on a une CNIe et qu’on a fait certifier son identité numérique au niveau élevé, on peut aller encore plus loin dans les démarches en ligne : pour les Français à l’étranger, ce sera donc la procuration de vote qu’on pourra faire en ligne, et bientôt l’authentification pour voter par internet, et la possibilité de demander un passeport à distance sans venir au consulat, dans les quatre pays où se sera proposé. Pour rappel, si vous disposez déjà d’une carte d’identité, toujours en cours de validité, vous ne pouvez pas à ce stade en demander le renouvellement anticipé pour obtenir la nouvelle carte d’identité. Cela sera possible dès que le système de demande à l’étranger sera rattaché au système de pré-demande sur le site de l’ANTS, ce sera le cas d’ici la fin de l’année. »
Assises de la protection sociale et Direction des Français à l'étranger et de l'administration consulaire (DFAE)
Lesfrancais.press : « L’AFE (Assemblée des Français de l’étranger) a lancé une initiative inédite en mars 2025, à savoir les Assises de la protection sociale pour les Français de l’Étranger. Comment la DFAE est-elle impliquée dans cette organisation ? »
Pauline Carmona : « Les Assises de la protection sociale des Français de l’étranger ont en effet été lancées en mars 2025 par le ministre délégué Laurent Saint-Martin, à l’occasion de la dernière session de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE). Ces Assises portent sur un enjeu essentiel, à savoir les aides versées par le ministère aux Français de l’étranger et mises en œuvre par la Direction des Français à l’étranger (DFAE) et par l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) Elles couvrent des domaines variés, qu’il s’agisse des bourses scolaires et des aides à l’accompagnement des élèves en situation de handicap, des aides sociales directes ou indirectes, ou encore de l’avenir de la Caisse des Français de l’étranger.
Notre implication dans ces travaux se situe à plusieurs niveaux. Le secrétariat général de l’Assemblée des Français de l’étranger tout d’abord, qui apporte un soutien organisationnel et logistique aux Assises. Le secrétariat général travaille en étroite collaboration avec les élus pour organiser les évènements, tant en présentiel qu’en ligne, mais aussi pour faire le lien entre tous les acteurs impliqués. Il est également chargé du traitement des diverses contributions reçues et de l’animation du site internet et du blog dédiés aux Assises sur le site de l’AFE. Il a également participé à la mise en place d’une plateforme d’intelligence artificielle qui répond aux questions des usagers sur les Assises, accessible depuis le site internet de l’AFE.
Toutes les équipes de la DFAE sont pleinement mobilisées pour répondre aux nombreuses questions de fond qui sont évoquées dans le cadre de ces Assises sur l’ensemble des sujets relevant de notre compétence. Plusieurs agents de la DFAE ont participé activement à des tables rondes et webinaires, qui sont disponibles en ligne sur le site de l’AFE. J’ai moi-même été auditionnée, le jour de l’ouverture des Assises le 10 mars, sur le sujet des aides sociales. Le ministre délégué en charge des Français de l’étranger, Laurent Saint-Martin, a lui-même participé à un webinaire sur les AESH le 2 juin dernier, ainsi qu’à une séquence de présentation des conclusions du rapport d’audit conjoint des inspections générales des finances et des affaires sociales sur la CFE, destinée aux parlementaires, le 12 juin.
Enfin, nous nous employons à faire connaître largement cette démarche auprès des Français établis à l’étranger, afin de permettre la participation la plus large possible à ces réflexions qui intéressent directement nos compatriotes. Cela passe notamment par la diffusion régulière d’une lettre d’informations, à laquelle j’encourage vos lecteurs à s’inscrire. Nous communiquons également sur nos réseaux sociaux France consulaire et sur différentes plateformes. Nous avons également sensibilisé nos postes à l’étranger pour qu’ils puissent relayer l’initiative localement et faciliter l’organisation de conseils consulaires dédiés pour faire remonter les analyses et les besoins du terrain. »
L’AVENIR DU STAFE (Dispositif de soutien au tissu associatif des Français à l’étranger)
Lesfrancais.press : « Le STAFE évolue. Des dispositions viennent d’être arrêtées. Certains accusaient l’administration de décider quasi seule de la répartition des fonds dédiés aux associations et de ne pas prendre en compte les avis des conseils consulaires. Avec le recul quelle est votre analyse de l’utilisation du STAFE dans sa version initiale ? »
Pauline Carmona : « Conformément aux orientations du Ministre délégué en charge des Français de l’étranger lors de la 42ème session de l’Assemblée des Français de l’étranger, un groupe de travail comprenant les membres de la commission nationale consultative du STAFE s’est réuni afin de revoir le dispositif en vue d’une plus grande déconcentration, dans l’objectif de renforcer le rôle de l’échelon local, à savoir les services consulaires et les conseils consulaires, mais aussi de favoriser le consensus lors de l’examen des projets. Ce nouveau dispositif, qui sera mis en œuvre à titre expérimental lors de la prochaine campagne 2026, permettra donc aux conseils consulaires de sélectionner des projets et de les classer par ordre de priorité. L’administration n’interviendra ensuite qu’à deux niveaux : d’abord, pour s’assurer du respect des critères d’éligibilité objectifs des projets retenus par les conseils consulaires, ensuite pour mettre en œuvre un mécanisme de régulation budgétaire en cas de dépassement de l’enveloppe allouée au STAFE dans le budget du programme 151. L’ensemble des projets retenus sera ensuite présenté à la commission nationale consultative, qui se réunira au mois de mars. Il a été convenu qu’une évaluation de ce nouveau dispositif serait faite à l’issue de la campagne 2026 et que des ajustements éventuels pourront éventuellement être décidés, en fonction du résultat. »
Les nouveautés consulaires pour les Français de l’étranger
Lesfrancais.press : « Dans la seconde partie de l’interview, nous aimerions découvrir avec vous les autres projets programmés par la Direction des Français à l'étranger et de l'administration consulaire à destination de nos compatriotes hors de France pour cette fin d’année 2025 ? Quels sont-ils ? »
Pauline Carmona : « Comme je l’évoquais précédemment, nous allons travailler à plusieurs grands chantiers d’ici la fin de l’année :
- D’abord, nous sommes pleinement engagés en vue d’une couverture mondiale du Service de réponse téléphonique France Consulaire d’ici la fin de l’année. Cela permettra à 100% des Français résidant à l’étranger de trouver une réponse à leurs questions sur leurs démarches consulaires par téléphone ;
- Nous allons également reprendre et étendre l’expérimentation du renouvellement des passeports à distance dans les conditions que je viens de rappeler ;
- En lien avec l’ANTS-France Titres, nous allons aussi mettre en place la pré-demande en ligne des passeports et des cartes d’identité à l’étranger ;
- Enfin, nous travaillons à la mise en place du vote par internet dans le cadre des prochaines élections des conseillers des Français de l’étranger, qui se tiendront en mai 2026. A cet égard, un test grandeur nature de la nouvelle solution de vote est programmé du 19 au 22 septembre 2025, sur la base d’un scrutin fictif avec des électeurs-testeurs volontaires. Ceux-ci devront être inscrits sur la LEC en vigueur à la date du 11 juillet 2025 et vérifier que leurs coordonnées téléphoniques (téléphone portable) et électroniques (adresse courriel) renseignées sur le Registre des Français établis hors de France sont à jour. Cette vérification peut se faire en ligne en se rendant sur le portail service-public.fr.
Cette nouvelle solution de vote par internet permettra à l’électeur de s’authentifier directement grâce à l’identité numérique certifiée, sans passer par la procédure habituelle qui nécessite un identifiant reçu par courriel et un mot de passe reçu par SMS. Ce sera ainsi beaucoup plus facile d’utilisation. Les électeurs qui détiennent une carte nationale d’identité électronique (CNIe) sont donc invités à faire certifier leur identité numérique auprès de leur consulat, afin de pouvoir tester ce nouveau dispositif.
Les électeurs ne disposant pas de carte nationale d’identité électronique (CNIe) ou d’identité numérique certifiée devront s’authentifier sur le portail de vote selon la procédure habituelle, en utilisant l’identifiant qu’ils recevront par courriel et le mot de passe qu’ils recevront par SMS. Les électeurs-testeurs ont jusqu’au 11 juillet 2025 pour se porter volontaires en se rapprochant de leur consulat de rattachement, par courriel. Je saisis cette occasion pour lancer un appel aux volontaires et les invite à se faire connaître de leur consulat pour participer à ce test. »
Lesfrancais.press : « Toutefois, pour réaliser ces déploiements, il faut un budget identifié mais la situation nationale et internationale contraint le gouvernement à chercher des économies. De nombreuses personnalités politiques représentant les Français établis hors de France ont indiqué qu’en 2025 les crédits liés aux Français de l’étranger étaient, déjà, en baisse. Comment préparez-vous le budget 2026 ? Quelles sont les demandes de Bercy ? »
Pauline Carmona : « Dans le contexte budgétaire difficile que nous connaissons, tous les ministères sont appelés à contribuer à l’effort collectif. Ainsi, les taux de base, qui servent au calcul des aides sociales, ont dû être revus à la baisse en 2025 par rapport à 2024, à hauteur de 5,5%, afin de respecter l’enveloppe allouée.
« Il ne faut pas perdre de vue que la France est le pays au monde offrant le plus de services à ses ressortissants de l’étranger »
Pauline Carmona, Directrice de la DFAE
Je précise toutefois que le niveau de soutien aux Français de l’étranger a pu être globalement préservé. Les moyens alloués à l’aide à la scolarité (bourses + AESH) sont en baisse mais ils permettront d’assurer l’accompagnement des familles avec une enveloppe pour les bourses scolaires correspondant au montant versé en 2024 à l’AEFE et une dotation en hausse pour l’accompagnement scolaire des élèves en situation de handicap afin de répondre aux besoins exprimés. Il ne faut pas perdre de vue que la France est le pays au monde offrant le plus de services à ses ressortissants de l’étranger.
Pour le budget 2026, nos priorités sont les suivantes :
- Poursuivre les projets de modernisation, qui permettent de rendre un service public plus efficace et plus proche du citoyen. Un projet tel que Service France Consulaire permet aussi de décharger de la réponse téléphonique les équipes en consulat, qui peuvent ainsi consacrer davantage de temps à l’accueil et à l’accompagnement des usagers, au suivi des dossiers individuels, à la protection consulaire et aux urgences. Ce sont ces projets qui permettent au service public de se transformer et qui sont plébiscités par les usagers (plus de 90% d’avis favorables sur le délai d’attente et la qualité de la réponse) ;
- Préparer les prochaines échéances électorales, à savoir les élections consulaires qui se tiendront en mai 2026, lors desquelles une nouvelle solution de vote par internet sera proposée, qui permettra à l’électeur de s’authentifier en utilisant l’identité numérique certifiée de niveau élevé) ;
- Maintenir le meilleur niveau de soutien en matière d’aide à la scolarité et d’aides sociales, en s’assurant qu’elles s’adressent à ceux de nos compatriotes qui en ont le plus besoin. Les services consulaires travaillent notamment avec des organismes locaux d’entraide et de solidarité (OLES) que le ministère subventionne, afin d’identifier nos compatriotes les plus vulnérables et assurer un suivi de proximité des situations personnelles.
- Enfin, notre diplomatie féministe au service de nos ressortissants et ressortissantes est également une priorité du réseau consulaire. Où qu’elles soient dans le monde, les Françaises victimes de violences doivent pouvoir compter sur une protection efficace et immédiate. Nos postes consulaires sont en première ligne pour sécuriser les victimes, les orienter et les accompagner dans leurs démarches pour garantir un soutien adapté à chaque situation. Les contextes locaux, souvent complexes, allient différences juridiques, administratives et culturelles, ce qui accentue la vulnérabilité des victimes. C’est pourquoi les dispositifs d’assistance consulaire à nos ressortissantes à l’étranger ne cessent de se renforcer. La feuille de route que le Ministre a annoncée le 7 mars dernier, résultat d’une vaste concertation avec les institutions et professionnels concernés, ainsi qu’avec les élus et les associations, permet désormais de proposer à chaque victime des solutions concrètes adaptées à sa situation individuelle et d’assurer un continuum dans la prise en charge en cas de retour en France. »
Lesfrancais.press : « Cette situation budgétaire a-t-elle déjà un impact au quotidien dans les différents consulats ? Doit-on craindre de nouvelles fermetures ? »
Pauline Carmona : « Au niveau des consulats, nous avons au contraire mis en œuvre ces dernières années, conformément aux orientations du président de la République, un réarmement de nos postes sur le terrain : depuis 2023, le réseau consulaire à l’étranger a bénéficié de plus de 90 nouveaux postes de travail, dont 50 créations nettes. En administration centrale, pour la seule année 2025, 18 ETP ont été redéployés dont 8 gestionnaires au profit du Service France consulaire. Je rappellerai également que nous avons ouvert en 2024 trois nouveaux consulats généraux à Athènes, à Séville et à Melbourne. »
Retour en France et registre des Français établis à l’étranger
Lesfrancais.press : « En parallèle, les acteurs de la vie associative et citoyenne imaginent aussi des innovations comme la création d’un guichet unique pour centraliser les informations et les formalités nécessaires aux Français de l'étranger qui envisagent de rentrer en France. Ces derniers, après plusieurs années hors de France, se trouvent parfois désorientés face au nombre de démarches administratives à entreprendre. Soutenez-vous de telles initiatives ? »
Pauline Carmona : « Le retour en France est effectivement un sujet de préoccupation majeure pour de nombreux Français qui ont été expatriés plus ou moins longtemps ou qui, pour certains, n’ont même jamais vécu en France. L’ensemble des administrations concernées se sont penchées il y a quelque temps déjà sur cette problématique et ont travaillé conjointement à la mise en place d’un simulateur disponible sur le site service-public.fr, sous l’égide de la direction de l’information légale et administrative placée auprès du Premier ministre (DILA).
« Le retour en France est effectivement un sujet de préoccupation majeure pour de nombreux Français »
Pauline Carmona, Directrice de la DFAE
Cet outil permet, en fonction de sa situation, de bénéficier d’informations précises sur les démarches à effectuer au moment de son départ ou de son arrivée en France. Une évaluation faite par la Direction Interministérielle de la Transformation Publique auprès des usagers a permis de confirmer l’utilité de ce simulateur, avec 86% des répondants qui indiquent que cette fiche les a aidés efficacement à préparer leur retour. La DFAE a contribué en particulier à l’élaboration des 3 fiches « moments de vie » intitulées « Je pars vivre à l’étranger », « Je vis à l’étranger » et « Je rentre en France après avoir vécu à l’étranger », fiches qui sont évolutives afin de les perfectionner en fonction des retours qui sont faits.
Enfin, la DFAE entretient un dialogue permanent avec les autres administrations, pour qu’elles puissent prendre en compte les situations particulières des Français de l’étranger dans leurs démarches. A titre d’exemple, je citerai le travail initié au printemps de mise aux normes des formulaires CERFA. Sensibilisée par l’assemblée des Français de l’étranger et sur la base d’un travail de grande qualité des élus, la DFAE a lancé un chantier visant à la refonte des formulaires CERFA utilisées par les Français de l’étranger avec l’aide de la Direction Interministérielle de la Transformation Publique. Nous avons bon espoir que ce travail de réécriture aboutisse avant la fin de l’année, pour enfin permettre à nos compatriotes de l’étranger d’utiliser ces formulaires sans entrave dans leurs démarches avec les administrations. »
Lesfrancais.press : « Enfin pour conclure, nous voulions rappeler que pour adapter les services de la DFAE aux besoins de nos ressortissants vivant à l'étranger, il est essentiel de disposer d'une estimation précise de leur nombre. Or, cette donnée fait actuellement défaut ; l’estimation est portée à 3.000.000 mais aucun chiffre global n’est officiel. Pauline Carmona, pourriez-vous alors rappeler à nos lectrices et lecteurs quels sont les avantages à être inscrit au registre des Français établis de France ? »
Pauline Carmona : « Comme vous le savez, on compte officiellement 1,7 million de Françaises et Français inscrits au Registre des Français établis hors de France. Ce chiffre ne reflète en effet pas tout à fait la réalité de la situation, puisque l’inscription au Registre n’est pas obligatoire mais seulement recommandée, dès que le séjour dépasse 6 mois. Nombre de Français – on estime à plus de 3 millions le nombre de résidents total – résident à l’étranger sans être inscrits, que ce soit par négligence ou par méconnaissance de la démarche.
« L’inscription au registre n’est pas encore un réflexe pour l’ensemble de nos concitoyens résidant à l’étranger, malgré les avantages que cette démarche procure »
Armand Meimand, président du conseil consulaire, Français d’Iran
Malgré les nombreuses campagnes de communication que nous conduisons et les messages rappelés régulièrement par les consulats, force est de constater que l’inscription au registre n’est pas encore un réflexe pour l’ensemble de nos concitoyens résidant à l’étranger, malgré les avantages que cette démarche procure :
- Tout d’abord, l’inscription est obligatoire pour pouvoir bénéficier d’un certain nombre de services, comme la réception à domicile du passeport, active dans 28 pays aujourd’hui, ou la possibilité de bénéficier d’aides sociales ou de bourses scolaires pour ses enfants, en fonction de sa situation financière ;
- Par ailleurs, elle facilite le retour en France, vous en parliez, car le certificat de radiation du registre permet de justifier de sa résidence à l’étranger auprès des douanes et des autres administrations ;
- Pour les mineurs, l’inscription au registre vaut recensement automatique et permet également de bénéficier de la Journée Défense et Citoyenneté (JDC) si le consulat l’organise, ou si ce n’est pas le cas, de bénéficier d’une attestation de report permettant de participer aux examens nationaux ou de passer le permis de conduire par exemple ;
- Etre inscrit au Registre permet également de recevoir les messages et les consignes du consulat sur des questions diverses, comme les démarches administratives ou les élections, ou encore sur l’évolution de la situation ou de la règlementation locales dans le pays de résidence qui intéressent nos compatriotes ;
- Enfin, et c’est peut-être le plus important au regard de l’instabilité internationale que nous connaissons, l’inscription au registre permet au consulat d’être informé de votre présence dans le pays. Cela est essentiel pour bien calibrer notre dispositif à l’étranger, mais aussi indispensable, en cas de crise notamment, pour s’assurer de la sécurité de l’ensemble de nos compatriotes, pouvoir les joindre et diffuser les éventuelles consignes de sécurité mais aussi pour organiser correctement un rapatriement de nos ressortissants par les services consulaires quand cela est nécessaire.
J’invite donc tous nos compatriotes qui n’auraient pas encore finalisé leur inscription au registre à se rendre sur le site service-public.fr pour effectuer cette démarche simple et gratuite, directement depuis chez eux. En cas de difficulté, des tutoriels vidéo ont été mis en ligne pour accompagner les usagers dans cette démarche. »
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