Les pays de la zone euro mobilisent 120 milliards d’euros contre le coronavirus

Les pays de la zone euro vont consacrer environ 1 % de leur PIB (120 milliards d’euros) à la lutte contre l’impact économique du coronavirus. Mais ils restent divisés sur la question d’un programme de relance budgétaire commun.

L’impact du COVID-19 sur les hôpitaux, les entreprises et les marchés boursiers est considérable. La pandémie et les mesures prises pour la contenir devraient plonger l’économie européenne dans la récession cette année.

Dans ce contexte, les ministres des Finances européens ont discuté, lors d’une conférence téléphonique qui s’est tenue lundi 16 mars, d’un paquet de mesures économiques destiné à soutenir leurs systèmes de santé et leurs entreprises en difficulté, en particulier les PME.

L’Eurogroupe en format inclusif (comprenant les membres de la zone euro et les pays de l’UE qui n’en font pas partie) n’a cependant pas réussi à se mettre d’accord sur des mesures de relance budgétaire communes, comme le demandent certains États – tels que la France et l’Italie – pour faire face aux retombées du virus.

« Nous avons convenu qu’une réponse politique immédiate, ambitieuse et coordonnée [était] nécessaire », ont déclaré les ministres des Finances dans un communiqué à l’issue de la téléconférence de cinq heures.

Mais pour l’heure, l’essentiel de la parade provient toujours des gouvernements nationaux.
Selon la Commission européenne, le soutien budgétaire total accordé à l’économie jusqu’à présent en Europe représente, en moyenne, 1 % du PIB. Si l’on ne tient compte que des pays de la zone euro, ce montant s’élève à 120 milliards d’euros environ.

En outre, les gouvernements de la zone euro ont offert des facilités de trésorerie qui représentent au moins 10 % du PIB, y compris des systèmes de garantie publique et des paiements d’impôts différés.

Les États membres savent que ces fonds seront insuffisants. « Ces chiffres pourraient devenir beaucoup plus importants à l’avenir », stipule la déclaration.

Pour compléter les mesures nationales, la Commission européenne a promis de réaffecter les fonds structurels non dépensés, d’un montant de 37 milliards d’euros, au soutien des systèmes de santé, des PME, et des secteurs et des travailleurs les plus touchés. L’exécutif européen envisage également de débloquer 28 milliards d’euros supplémentaires, toujours issus des fonds structurels, à la couverture de ces dépenses.

Avec le soutien de la Commission, la Banque européenne d’investissement (BEI) mobilisera 8 milliards d’euros pour accorder des prêts aux PME, garantis par le budget de l’UE. Elle prévoit de porter ce montant à 20 milliards d’euros.

Les ministres ne sont cependant pas parvenus à s’entendre sur une proposition visant à augmenter le capital de la BEI afin de renforcer sa capacité d’action, ou à mettre en branle le mécanisme européen de stabilité (MES), qui dispose actuellement de 410 milliards d’euros. Recourir à la force de frappe du MES permettrait d’envoyer un signal clair aux investisseurs, soulignent certains analystes, après des jours de pertes record sur les marchés boursiers et de nouvelles turbulences sur le marché de la dette.

« Nous ne renonçons à aucune des solutions possibles », a affirmé Mario Centeno, le président de l’Eurogroupe. « Soyez assurés que nous défendrons l’euro avec tous les moyens à notre disposition », a-t-il déclaré aux journalistes lors d’une conférence de presse virtuelle organisée à l’issue de la téléconférence ministérielle.

Le grand argentier allemand, Olaf Scholz, a cependant déclaré que le débat sur le recours au mécanisme de surveillance de l’euro était encore « prématuré » à ce stade.

Faisant écho à la célèbre promesse de l’ancien président de la BCE, Mario Draghi, Mario Centeno a affirmé que « nous ferons tout ce qu’il faut, et davantage encore, pour rétablir la confiance et soutenir une reprise rapide ».

« Quelle que soit la politique coordonnée et décisive qui s’avérera nécessaire, nous sommes prêts à la mettre en œuvre », a-t-il déclaré, ajoutant que l’action serait « rapide ».

Mario Centeno a souligné que les mesures prises jusqu’à présent ne représentaient qu’une « première étape », et il a demandé à la Commission et au MES « d’examiner les moyens de relever les défis soulevés par le coronavirus, dans le cadre de leurs mandats ».

L’Eurogroupe s’est également félicité de la souplesse prônée par la Commission dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance – les règles budgétaires de l’UE -, et pour la mise en œuvre des règles sur les aides d’État, afin de faciliter les dépenses nationales.

Les ministres ont convenu d’organiser des réunions téléphoniques régulières, au moins une fois par semaine, afin de suivre l’évolution de la situation et décider des mesures à prendre.
Mario Centeno avait suscité des attentes avant le début de la discussion en déclarant qu’« une réponse puissante [était] en marche ».

Le commissaire européen à l’économie, l’Italien Paolo Gentiloni, favorable à une réponse européenne ambitieuse, a prévenu après la conférence téléphonique « qu’une coordination sans précédent sur les questions budgétaires [serait nécessaire] pour rétablir la confiance ».

Nadia Calviño, la ministre espagnole de l’Économie, a également soutenu l’utilisation de tous les instruments européens disponibles pour faire face aux conséquences de la propagation du virus.

« Nous devons faire, et nous allons faire tout ce qui est nécessaire, quand il le faut et comme il le faut », avait-t-elle déclaré avant la conférence téléphonique.

Nadia Calviño n’a toutefois pas souhaité joindre sa voix à celles de ses collègues français et italiens pour demander une vaste relance budgétaire européenne à ce stade.

« Nous continuons à travailler sans relâche et main dans la main pour préparer la reprise économique une fois que nous serons sortis de la crise », a écrit Bruno Le Maire, le ministre français des Finances, sur son compte Twitter après la téléconférence.

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