Au XXe siècle, après la Première Guerre mondiale et la Grippe espagnole, qui, à elles deux, ont tué environ 70 millions de personnes, un désir de vie, de plaisirs et de création s’est exprimé en Europe comme aux États-Unis.
L’influence de ce dernier pays sur les comportements et les mœurs a été alors très important. « L’american way of life » devient une référence. Les années 20 furent ainsi baptisées « années folles » en raison d’un goût pour l’excentricité de la rapidité des changements. Un bouillonnement culturel se fait jour grâce à la radio. Dans les foyers, des voix étrangères entrent, l’actualité en temps réel s’immisce dans le quotidien. C’est le temps du jazz et du surréalisme.
Les années folles sont également une période de forte croissance économique.
En parallèle à la reconstruction des territoires détruits par les combats, surtout en France et en Belgique, de nouveaux produits et services se diffusent. La vente de matériels électroménagers et d’automobiles s’accroît. L’utilisation du pétrole et de l’électricité se développe tout comme l’aviation. La production française d’hydroélectricité est multipliée par huit sur la décennie. À la Bourse de Paris, les cours des actions gagnent 500 %.
Un siècle après les années folles, la pandémie du covid-19 rend obsolètes bien des règles. En quelques semaines, de nombreux interdits, de nombreux murs comptables sont tombés. Les banques centrales injectent des milliers de milliards de dollars ou d’euros. Les États occidentaux financent les ménages, les salariés ou les entreprises sans limite ou presque. Les plans de soutien se succèdent à un rythme effréné au point qu’il est difficile de savoir ce qui relève de la pure communication ou de la réalité sonnante et trébuchante. La crise actuelle permet d’épurer les vingt ou trente dernières années. Elle offre aux États la possibilité de renouer avec l’interventionnisme économique voire de renforcer les pouvoirs de contrôle de la population.
Dans le passé, les épidémies ont toujours donné lieu à un renforcement des administrations et à des ruptures sur le plan économique et social. Avant la crise sanitaire, l’aversion aux risques atteignait des sommets. Avec l’épidémie en cours, les ménages seront peut être contraints d’accepter une dose supérieure de risques. Il en fut ainsi avec l’épidémie de choléra de 1832 qui provoqua, dans les premières semaines une peur sans précédent au niveau de la population avant de se transformer en une menace récurrente mais acceptée.
Le problème des années folles du siècle dernier est leur conclusion en 1929 du fait de la spéculation boursière. L’Allemagne n’a pas en la matière la même nostalgie sur le sujet car ces années 20 préfigurent l’arrivée d’Hitler et qu’elles sont synonymes d’inflation. La double menace de la spéculation générée par une augmentation de la masse monétaire en circulation et de l’inflation qu’elle pourrait à terme générer n’est pas à prendre à la légère.
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