Selon le Baromètre de la direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (DJEPVA) 2024, publié par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CRÉDOC) et l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP), 71 % des jeunes âgés de 15 à 30 ans déclarent, en 2024 que leur vie correspond à leurs attentes, un chiffre en hausse de 4 points par rapport à 2023. Cette augmentation reflète une relative amélioration de la satisfaction générale, bien que d’importantes disparités subsistent selon les caractéristiques sociales et professionnelles des jeunes.
Les jeunes diplômés semblent plus satisfaits de leur vie (78%) que ceux qui ne possèdent qu’un diplôme équivalent au baccalauréat ou inférieur (65%). Cette fracture souligne l’importance croissante du capital éducatif dans la construction d’une vie perçue comme épanouissante. De même, l’accès à l’emploi constitue, sans surprise, un facteur déterminant : 76 % des jeunes en emploi sont satisfaits, contre 54 % des jeunes au chômage.
Les revenus familiaux jouent également un rôle central dans cette satisfaction. Parmi les jeunes issus de foyers disposant de revenus supérieurs à 2 200 euros par mois, 78 % se disent satisfaits, tandis que ce chiffre tombe à 65 % chez ceux vivant dans des foyers aux revenus inférieurs à 1 200 euros.
Une confiance réelle dans l’avenir
Malgré la succession rapide de crises ces dernières années, l’optimisme des jeunes ne faiblit pas. En 2024, 71 % des 15-30 ans se déclarent confiants pour les trois prochaines années, soit une hausse de 3 points par rapport à 2023. Cette confiance est plus marquée chez les hommes (76 %) que chez les femmes (67 %), traduisant un écart de perception lié aux inégalités de genre.
De plus, les jeunes en situation de chômage expriment davantage de doutes sur leur avenir. En effet, 39 % des jeunes sans emploi se montrent incertains, mettant en évidence le lien fort entre précarité professionnelle et pessimisme.
Des jeunes de plus en plus engagés
Le bénévolat associatif connaît une augmentation significative, avec 30 % des jeunes déclarant s’investir dans une association au moins une fois par mois, soit une hausse de 5 points par rapport à l’année précédente. Cet engagement est plus marqué chez les hommes (34 %) que chez les femmes (26 %), en grande partie en raison d’une plus forte implication des hommes dans les associations sportives. Si cet engagement des jeunes dans le milieu associatif se confirme, il pourrait compenser la baisse du bénévolat chez les seniors.
Par ailleurs, d’autres formes de participation citoyenne émergent: 41 % des jeunes ont signé une pétition ou défendu une cause en ligne au cours des 12 derniers mois, et 30 % ont participé à des manifestations ou des grèves. Ces chiffres témoignent d’une mutation de l’engagement où le militantisme numérique et les actions ponctuelles prennent de plus en plus de place, au détriment des formes plus traditionnelles comme le bénévolat régulier ou l’adhésion à des partis politiques. La participation politique institutionnelle reste faible : seuls 18 % des jeunes ont adhéré à un parti politique ou à un syndicat. La syndicalisation des jeunes salariés demeure également marginale, représentant moins de 3 % des moins de 30 ans.
L’emploi, la principale priorité pour les jeunes
L’une des principales préoccupations économiques des jeunes reste l’accès à l’emploi. En 2024, le taux de chômage des 15-24 ans s’élève à 18,1%, soit plus du double de la moyenne nationale (7,5%). Cette situation met en lumière la difficulté des jeunes à s’insérer dans un marché du travail en mutation, notamment dans un contexte de transition écologique et numérique.
La précarité financière est également marquée : 16,4 % des 18-29 ans vivent sous le seuil de pauvreté, ce qui révèle une vulnérabilité économique persistante au sein de cette tranche d’âge.
Santé mentale : une préoccupation croissante
Le Baromètre DJEPVA met également en lumière des problématiques de santé mentale préoccupantes chez les jeunes. En 2021, 20,8 % des jeunes adultes (18-24 ans) ont déclaré avoir vécu un épisode dépressif au cours des 12 derniers mois, un chiffre en forte hausse par rapport aux 9,7 % de 2010. Cette évolution reflète la montée en puissance des troubles mentaux exacerbée par les incertitudes économiques, les pressions sociales et l’isolement, notamment durant la pandémie de Covid-19.
Les jeunes femmes sont particulièrement affectées, 12,8 % d’entre elles déclarant avoir déjà tenté de se suicider, contre 5,8 % chez les hommes. Les données du Baromètre DJEPVA 2024 tracent un portrait plutôt positif des jeunes en France. Ces derniers se montrent optimistes, engagés et motivés pour s’insérer dans le monde professionnel. Sous ses formes variées, l’engagement citoyen apparaît comme un levier de résilience et d’action collective pour une jeunesse désireuse de s’impliquer activement dans la société. Cependant, les inégalités sociales et de genre demeurent des obstacles importants à une réelle égalité des chances.
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