En raison du scandale de corruption du Qatargate, les « groupes d’amitié » entre eurodéputés et pays tiers seront désormais interdits dans le cadre d’un nouveau projet visant à améliorer la transparence du Parlement européen.
Il existe actuellement des dizaines de groupes d’amitié et autres groupes de travail politiques sans statut officiel au sein du Parlement. Leurs activités sont souvent financées par des lobbyistes ou des gouvernements étrangers.
Les dirigeants du Parlement européen, dont la présidente Roberta Metsola, ont récemment convenu d’un plan en 14 points élaboré en réponse au scandale du Qatargate. EURACTIV a pu consulter le document.
En décembre dernier, plusieurs eurodéputés et membres du personnel de l’institution ont été arrêtés et inculpés pour avoir reçu des pots-de-vin en échange d’un soutien politique au Qatar. Le pays émirati a toutefois nié toute implication dans cette affaire.
D’autres pays, notamment le Maroc, auraient offert des incitations financières à des eurodéputés en échange de faveurs politiques. Rabat a également réfuté ces accusations.
Une transparence accrue au parlement européen
Dans ses propositions, le Parlement prévoit d’introduire des contrôles réguliers pour tous les lobbyistes inscrits dans le registre de transparence, notamment en exigeant la vérification de leurs liens avec des pays tiers. Par ailleurs, les eurodéputés pourraient être tenus de publier toutes les réunions avec de tierces parties liées à un rapport ou à une résolution du Parlement ainsi que de déclarer tout voyage à l’étranger.
« Les événements du mois dernier ont conduit à la nécessité de restaurer la confiance des citoyens européens que nous représentons », peut-on lire dans une note. Les propositions constituent « la première étape pour renforcer la confiance dans le processus décisionnel européen ».
Cependant, pour certains, de nombreuses propositions du projet ne s’attaquent qu’à des problèmes de surface. Par exemple, même si les eurodéputés ont déjà demandé la création d’un nouvel organe d’éthique indépendant, ce dernier nécessiterait des propositions de la Commission européenne. En outre, le plan ne prévoit pas d’obliger les lobbyistes à publier leurs contrats et leurs activités avec les gouvernements et les acteurs étrangers.
Parmi les autres mesures prévues figure l’obligation pour les eurodéputés de déclarer tout conflit d’intérêts avant de devenir rapporteurs ou rapporteurs fictifs sur un dossier.
En outre, les anciens eurodéputés devront respecter une période de « transition » avant de pouvoir commencer à exercer des activités de lobbying auprès du Parlement, et ils ne disposeront plus de laissez-passer permanents pour l’institution et ne pourront plus autoriser l’entrée à d’autres personnes.
Il faut en faire davantage
Un porte-parole de Mme Metsola a indiqué à EURACTIV que les propositions de la présidente bénéficiaient d’un « soutien total ».
Cependant, les négociations n’en sont qu’à leurs débuts et les groupes politiques du Parlement attendent des mesures additionnelles.
Le président du Parti populaire européen (PPE), Manfred Weber, a déclaré à EURACTIV que les propositions représentent « un pas dans la bonne direction ». Cependant, « il en faut plus pour que le Parlement puisse gérer pleinement les conséquences du Qatargate », a-t-il expliqué.
M. Weber a également attaqué le groupe des Socialistes et Démocrates (S&D), dont plusieurs membres sont impliqués dans le scandale, affirmant qu’ils n’appliquaient pas la « politique de tolérance zéro contre la corruption ».
Toutefois, la présidente du S&D, Iratxe Garcia Perez, a déclaré dans un communiqué de presse que les discussions se sont très bien déroulées et que le groupe collabore avec la justice dans le cadre de l’enquête.
« Nous sommes déterminés à travailler avec le reste des groupes pour rétablir la confiance des citoyens et réparer les dégâts causés par quelques-uns à la crédibilité de l’institution dans son ensemble », a-t-elle ajouté.
Parallèlement, une source du groupe libéral Renew Europe a confié à EURACTIV que le groupe politique soutenait les propositions de réforme. « Nous insistons sur l’amélioration de l’organe éthique », a déclaré la source.
D’après Renew, il existe une volonté politique de « résoudre le problème avant l’été » du côté du Parlement européen.
Toutefois, l’agenda n’est pas fixé par le Parlement européen uniquement, car d’autres institutions sont impliquées dans le processus.
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