Deux concerts lumineux dans une église londonienne ont confirmé l’excellence du chœur francophone Les Fauristes, porté par la cheffe Blandine de Raulin. Un programme romantique à travers l’Europe, qui a séduit le public outre-Manche.
Un voyage choral à travers l’Europe
Après l’émotion du Requiem de Fauré en juin 2024, Les Fauristes ont de nouveau fait vibrer le cœur de Londres. La troupe francophone s’est en effet produite les 10 et 11 mai derniers à l’église protestante française de Londres, offrant deux concerts d’une grande richesse musicale, à la croisée du sacré et du romantisme.
Cette fois, la lumière était au rendez-vous avec la Messe n° 4 en Do majeur de Schubert, œuvre joyeuse et pleine d’élan, soutenue par une sélection de motets envoûtants signés Bruckner, Grieg, Rheinberger et Stanford. Un programme pensé comme un voyage choral à travers l’Europe du XIXe siècle, porté par la finesse de leur orchestre de chambre et la voix de quatre solistes d’exception : Blandine Pinget (soprano, Chœur de Radio France), Verónica Chacón (mezzo-soprano), Tim Kingston (ténor) et John Holland-Avery (baryton). À la tête de cet ensemble passionné et exigeant, Blandine de Raulin, cheffe du chœur, que Lesfrancais.press a pu rencontrer.
Un chœur francophone unique à Londres
Fondés en 2010 par un petit groupe de mélomanes réunis autour de leur passion pour le chant, Les Fauristes sont aujourd’hui bien plus qu’un ensemble vocal : ils incarnent une communauté francophone soudée, exigeante et vivante, au cœur de la capitale britannique.
« Au début on était une demi-douzaine à peine. C’était intime, modeste… puis on a rêvé d’un projet plus ambitieux »
Blandine de Raulin, cheffe du chœur, Les Fauristes
« Notre premier concert a eu lieu en 2011. L’année prochaine, cela fera déjà quinze ans », raconte Blandine de Raulin avec émotion. À l’origine, le groupe assurait l’animation liturgique du samedi soir à l’église Notre-Dame-de-France, sous le nom d’Ensemble vocal de Notre-Dame-de-France. « On était une demi-douzaine à peine. C’était intime, modeste… puis on a rêvé d’un projet plus ambitieux : un concert du Requiem de Fauré », se rappelle la cheffe du chœur.
Ainsi, rapidement, le petit ensemble s’étoffe. Des choristes issus d’autres églises londoniennes rejoignent l’aventure. « Un ami du chœur de St Martin-in-the-Fields, à Trafalgar Square, a participé. On a uni nos forces, et c’est ainsi que sont nés Les Fauristes. ». Le chœur connaît une croissance régulière : de 15 à 20 membres à ses débuts, il atteint près de 40 chanteurs entre 2016 et 2020. La pandémie impose une pause, un repli. Mais aujourd’hui, la moyenne se stabilise autour de 25 à 30 choristes, dans une ambiance résolument francophone. « Je n’ai pas que des Français pure souche », précise la cheffe. « J’ai aussi des francophones, des francophiles britanniques, ou d’autres nationalités. La seule règle : on parle français. »
« Mon genre de musique est plutôt rock, mais avec Les Fauristes, la musique classique devient accessible »
Solène, une Française de Londres
Même le public le plus éloigné du classique s’est laissé emporter. Solène, guide touristique chez Voyages à Londres, était dans le public du dimanche soir : « J’y suis allée pour soutenir une amie à la base, et je ne pensais pas que ce concert serait d’une telle envergure. Chœurs, solistes, orchestre… c’est vraiment un spectacle total. J’avoue que mon genre de musique est plutôt rock, mais avec Les Fauristes, la musique classique devient accessible et est servie dans un écrin. »
Une programmation au service du lieu, du sens… et de l’émotion
Depuis plusieurs années, Les Fauristes enchaînent les projets ambitieux. Gloria de Vivaldi, Requiem de Gabriel Fauré, motets variés… toujours portés par un souci d’équilibre entre les voix et les instruments. Mais aussi entre le choix de l’œuvre et la capacité acoustique des lieux. « Le programme de chaque concert est pensé en fonction de la taille du chœur, de la place disponible pour l’orchestre, mais aussi d’un fil conducteur artistique », explique Blandine de Raulin. Pour les concerts de mai, la cheffe voulait explorer une pièce de Schubert moins connue, et l’inscrire dans une thématique romantique européenne. Pari réussi.
Celui qui s’est déroulé ce 11 mai était conçu pour être accessible aux familles, accueillant parents et enfants dans une atmosphère détendue, mais toujours musicale. Une partie du programme devrait être reprise prochainement à Notre-Dame-de-France pour un concert de soutien. Celui-ci visera à récolter des fonds afin de financer les travaux de la maison de Pierre Chanel, lieu souvent utilisé pour les répétitions.
Blandine de Raulin, la cheffe au cœur du chœur
Née à Paris, Blandine de Raulin débute son parcours musical dès l’enfance avec le piano. Installée à Londres depuis 2001, elle découvre rapidement sa vocation : la direction de chœur. Elle chante d’abord avec l’Ensemble Vocal Français, avant de cofonder en 2002 l’Ensemble vocal de Notre-Dame-de-France, dont elle prend la direction.
« Ce qui me touche le plus, c’est de voir les choristes progresser, prendre confiance, et créer ensemble quelque chose qui nous dépasse »
Blandine de Raulin, cheffe du chœur, Les Fauristes
En 2010, elle crée Les Fauristes, dont la première performance publique est un Requiem de Fauré interprété à la NDF et à St James Spanish Place.
Depuis, elle a dirigé le chœur dans des lieux aussi prestigieux que la cathédrale de Westminster, St Paul’s Knightsbridge, ou la basilique Sainte-Clotilde à Paris. Son répertoire est large. De l’Exsultate Jubilate de Mozart au Magnificat de Bach, en passant par le Dido and Aeneas de Purcell ou le Concerto no 8 de Vivaldi. Toujours avec une rigueur douce et une passion communicative. « Ce qui me touche le plus, c’est de voir les choristes progresser, prendre confiance, et créer ensemble quelque chose qui nous dépasse. »
Une voix pour la francophonie
Les Fauristes sont aussi des ambassadeurs de la culture française au Royaume-Uni. Ils interprètent ainsi annuellement les hymnes français et britannique à la résidence de l’ambassadeur pour le 14 juillet.
Cette année, ils fêteront leurs 15 ans d’existence à Londres. Nul doute que ces noces de cristal résonneront auprès de nos compatriots installées outre-Manche, et même au-delà. En effet, comme le disait Beethoven, « la musique est la langue des émotions. », et chaque note de ces Fauristes touche ainsi nos cœurs.
Auteur/Autrice
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Alexander Seale est franco-britannique. Né et habitant au Royaume-Uni, il est correspondant pour lesfrancais.press, LCI (France) et LN24 (Belgique) à Londres.
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