Les États-Unis : une dépendance aux flux de capitaux étrangers

Les États-Unis : une dépendance aux flux de capitaux étrangers

Depuis le début de son second mandat, Donald Trump a pris des mesures susceptibles de réduire l’attractivité des États-Unis pour les non-résidents, en raison de leurs effets sur l’inflation, la valeur du dollar et l’évolution de la croissance. La politique de Donald Trump est ainsi de nature à ralentir les flux de capitaux étrangers investis aux États-Unis. Or, ces flux sont indispensables pour équilibrer le déficit de la balance des paiements courants et le déficit budgétaire.

Les besoins en capitaux des États-Unis ont tendance à augmenter.

La hausse des droits de douane, qui constitue une taxe sur la consommation des ménages américains, est par nature inflationniste. En réduisant le pouvoir d’achat des Américains, elle pèsera sur la croissance et sur la création d’emplois. La réduction des flux migratoires aura également des effets similaires. Par ailleurs, la volonté de Donald Trump d’abaisser la valeur du dollar en exerçant des pressions sur la Réserve fédérale est également susceptible d’alimenter l’inflation. Dans ce contexte, les flux de capitaux étrangers pourraient diminuer, avec une baisse de la demande d’actions, d’obligations et de parts d’entreprises américaines. Depuis le début de l’année, elle est déjà en retrait par rapport à l’année précédente.

Parallèlement, les besoins en capitaux des États-Unis ont tendance à augmenter. La politique budgétaire proposée par l’administration républicaine est expansionniste. Les baisses d’impôts (prolongation du Tax Cuts and Jobs Act, exonérations sur les pourboires et les heures supplémentaires) ne sont que faiblement compensées par des diminutions de dépenses publiques.

Les taux d’intérêt risquent d’augmenter

Le déficit public des États-Unis atteindra probablement 6,9 % du PIB pour l’exercice fiscal 2025, et plus de 7 % pour les années suivantes. Or, les États-Unis ne peuvent pas compter sur l’épargne intérieure pour corriger ces déséquilibres, d’autant que la balance courante reste fortement déficitaire : en 2025, son solde devrait rester négatif à hauteur de 4 points de PIB.

En cas de recul de la demande d’actifs américains de la part des non-résidents, les taux d’intérêt risquent d’augmenter aux États-Unis, d’autant plus que les déficits jumeaux – de la balance courante et du budget fédéral – resteront importants. Le pays ne peut pas s’appuyer sur l’épargne des ménages qui reste faible, inférieure à 5 % du revenu disponible brut.

Une hausse des taux aurait pour conséquence une accélération du ralentissement de la croissance, voire l’éventualité d’une récession. Le service de la dette publique augmenterait, réduisant les marges de manœuvre de l’État. La situation de l’emploi se dégraderait, de même que le pouvoir d’achat des ménages. S’il venait à se réaliser, ce scénario pourrait entraîner des conséquences funestes pour les Républicains à l’occasion des élections de mi-mandat prévues en novembre 2026.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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