Français de l’étranger rime souvent avec voyageurs. Les expatriés sont, en effet, beaucoup plus friands de découverte culturelles ou sociales que nos compatriotes franchouillars qui ne jurent que par les 4 coins de l’hexagone. Et ils ont souvent raison ; la France est un pays magnifique. Pour autant, le globe regorge de richesses à découvrir. Et avec le développement des classes moyennes dans la plupart des pays (enfin !), les touristes qui arpentent la planète multipliant les sites victimes du surtourisme. Et c’est là que La « no list » de Fodor’s trouve sa pertinence. On vous explique tout !
Le surtourisme
Ce classement est dévoilé chaque fin d’année. Son objectif ? Mettre en évidence « les destinations où le tourisme exerce des pressions insoutenables sur le territoire et les communautés locales ». La liste se décline en fait en deux catégories : la première concerne des endroits du globe qui souffrent du surtourisme depuis longtemps et pour lesquels pas ou peu de progrès ont été réalisés pour endiguer ce phénomène. La deuxième catégorie, quant à elle, est dédiée aux destinations qui commencent à être progressivement impactées par le tourisme de masse.
Mais l’agence Fodor’s n’est pas la seule à s’intéresser aux tendances voyages pour 2025. La plateforme de voyages Expedia s’y est aussi intéressée. On compile pour vous les destinations à éviter en 2025 !
Bali
Bali est de nouveau sous les projecteurs pour les mauvaises raisons, sans signe d’amélioration cette fois-ci. Récemment, une polémique a éclaté aux États-Unis lorsque le comédien Tony Hinchcliffe a qualifié Porto Rico de « tas d’ordures » lors d’un meeting politique. Cette critique aurait peut-être été plus appropriée pour Bali, car ses plages les plus fréquentées sont souvent submergées par les déchets.
Bien que dénigrer l’île ne rende pas justice à ses habitants chaleureux, le problème est que le battage médiatique autour de Bali en tant que paradis d’Asie du Sud-Est occulte une réalité moins séduisante : un tourisme de masse, une dégradation environnementale rapide, une authenticité culturelle en déclin et, oui, des amas de plastiques échoués sur le littoral.
Il semble que Bali ait conservé sa renommée mondiale, mais est désormais plus un symbole de statut social — « regardez où je suis » plutôt que « découvrez ce que j’ai vécu ». Au lieu de vous confronter aux désagréments de Bali, pourquoi ne pas explorer une autre île émergente d’Indonésie ?
L’Everest
La montagne était autrefois la chasse gardée des alpinistes. Mais ça, c’était avant. Elle est aujourd’hui le terrain de jeu de tout le monde, à commencer par les influenceurs. Il n’y a qu’à voir le phénomène autour de Kaizen, le documentaire d’Inoxtag sur son ascension de l’Everest pour s’en rendre compte. Conséquences, les visiteurs sont de plus en plus nombreux sur le plus haut sommet du monde. Avec à la clé de nombreuses dérives. Fodor’s explique : « Les touristes sans expérience de la montagne peuvent payer un travailleur local pour transporter leurs provisions, ce qui leur permet de vivre une aventure qui serait autrement hors de portée de la plupart des gens. C’est un problème de sécurité majeur, car les travailleurs locaux courent un risque plus élevé de blessure ou de décès lorsque leurs clients sont inexpérimentés ».
Le parc national de Sagarmatha, qui abrite l’Everest, a vu son nombre de visiteurs plus que doubler au cours de ces 25 dernières années. Environ 58 000 personnes le visitent chaque année. L’Everest est devenu un lieu de consommation. Les déchets s’accumulent là aussi dans les camps de base et sur les sentiers. Les visiteurs et les travailleurs produisent 790 kg de déchets par jour pendant la haute saison.
Îles Vierges britanniques
Les autorités touristiques des Îles Vierges britanniques semblent adopter une attitude détachée face aux préoccupations locales. Le principal problème est que les croisières sont devenues si centrales que les habitants ne perçoivent pas les bénéfices en retour.
C’est déjà notable, mais même si les croisiéristes prolongeaient leur séjour, on peut se demander si les Îles Vierges britanniques sont réellement prêtes à gérer un afflux croissant de visiteurs. Par exemple, lorsque l’ouragan Irma a détruit une station d’épuration en 2017, il a fallu des années pour la remettre en service, provoquant le déversement d’eaux usées dans les eaux cristallines de l’île.
Bien que 100 millions de dollars soient investis pour des améliorations nécessaires, on estime qu’il manque encore 600 millions pour répondre aux besoins. Si vous rêvez des Caraïbes, envisagez plutôt de visiter la Dominique, qui accueille volontiers les touristes américains.
Tokyo
Peut-on être trop économe ? Le Japon semble le penser. L’une des métropoles les plus captivantes du monde a vu la valeur de sa monnaie, le yen, chuter considérablement, poussant les voyageurs du monde entier à réserver pour maximiser leur budget.
Malheureusement, cet attrait économique a également entraîné des foules dans des sites sensibles comme Kamakura, dans la préfecture de Kanagawa, entre autres. En fait, la plus grande attraction naturelle près de Tokyo, le mont Fuji, impose désormais de nouvelles restrictions à certains endroits. Cela dit, explorer Tokyo peut être épuisant, à vous de voir.
Des villes et des régions en Europe
L’Asie n’est pas le seul continent touché par le tourisme de masse. L’Europe est elle aussi concernée, à l’image de Barcelone, en Espagne. Les locaux sont d’ailleurs descendus dans la rue pour clamer leur mécontentement avec sur les murs et les façades le même slogan « tourists go home » pour « touristes, retournez chez vous ».
Parmi les destinations à éviter, Fodor’s recense également Lisbonne. La capitale portugaise ne cesse de séduire les touristes chaque année. Les conséquences sont nombreuses pour les locaux avec une hausse du coût de la vie et du logement. Les Lisboètes n’hésitent d’ailleurs pas à quitter leur ville. Lisbonne a perdu 30 % de sa population en 11 ans. Le guide de voyages cite également l’île de Majorque, les îles Canaries et Venise parmi les destinations à éviter. Pour mieux les protéger elles et leurs habitants.
Auteur/Autrice
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Chantal Julia est maitre de conférence en Suisse. Après plusieurs années à l'Université de Lettre Paris 1, Chantal a suivi son compagnon à Lausanne où elle enseigne toujours la littérature française. Elle écrit pour différents magazines universitaires et Lesfrancais.press
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