« Les défis sont devant nous » - Alexandre Chateau Ducos - Responsable des Français hors de France pour EELV

A 8 semaines des élections consulaires, la rédaction du site Lesfrancais.press lance une série de rencontres avec les élus représentant les Français de l’Etranger. Députés, Sénateurs, mais aussi ceux que vous, électeurs inscrits sur la liste électorale consulaire, allez renouveler le 17 Mai : les conseillers des Français de l’étranger ,dans chacune des circonscriptions consulaires. En charge localement d’animer et de gérer la vie commune des expatriés français, ils vont aussi élire parmi eux les Conseillers de l’Assemblée des Français de l’Etranger (AFE). Informant et conseillant le gouvernement, ils sont vos relais à Paris. Après le format le président du Groupe d’Union de la Gauche à l’AFE, Mehdi Benlahcen, nous recevons, aujourd’hui, Alexandre Château Ducos, Conseiller élu à l’AFE et Co-secrétaire EELV  (Europe Ecologie Les Verts) de la région Hors de France. Dans les prochains jours, pour vous informer au mieux avant vos élections,  nous recevons d’autres acteurs de la vie politique des Français de l’Etranger, LFI, UDI, majorité présidentielle, LR etc.. 

Les francais.press : Quel avenir pour la communauté des Français de l’étranger après une phase d’accroissement inédite au cours des années 2010, depuis l’élection d’Emmanuel Macaron, le phénomène s’est tassé voir dans certains pays un reflux s’est amorcé. Comment expliquez-vous cette évolution et quelles perspectives anticipez-vous pour notre communauté ?

« Les défis sont devant nous ». La planète est monde et de fait, les français-es comme les autres nationalités s’expatrient par opportunité professionnelle, par goût de l’aventure, par amour, par recherche de sens, par découverte de nouvelles expériences de vie et par dévouement pour aider les populations en difficulté. Il n’y a pas de profil particulier pour favoriser le départ de France. Non, on ne quitte pas la France pour des raisons fiscales ! C’est ça la diversité des Français-es de l’étranger – que nous préférons appeler « hors de France » -,, des parcours et des vies singulières.

« Les défis sont devant nous car le péril est grand de voir de nombreux compatriotes revenir en France suite aux bouleversements qui nous attendent : climatiques et environnementaux, sanitaires, industriels ou encore sécuritaires. »

Or en France, rien ou très peu est fait pour les accueillir. Au contraire, on observe des délais de carence pour avoir droit à la sécurité sociale, les refus de prestations de chômage du fait de documents locaux absents ou non acceptés par l’administration française… Un exemple récent est la réaction de certain-e-s français-es de France face à la quarantaine ordonnée pour les Français-es revenant du foyer du corona virus. Nous sommes donc loin de l’image du retour de l’enfant prodigue. Partir évidemment, mais revenir simplement.

Lesfrancais.press : Cependant les Français de l’étranger sont particulièrement dynamiques et trouvent souvent la réussite à l’étranger ? Comment expliquez-vous cette situation souvent à l’opposé du stéréotype véhiculé par nos compatriotes  ? Le bagage scolaire et universitaire, l’approche culturelle…

« Nous nous devons de continuer à porter ces messages de liberté, d’égalité et de fraternité »

Il est indéniable que la France conserve son aura de nation émérite. Une communauté de talents liés à son système d’universités et d’écoles d’excellences, c’est certain : dans les domaines des sciences dures par exemple (mathématiques, physique, informatique) ou des sciences humaines (philosophie, sociologie), de la création ludique (univers du jeu) ou artistique (expertise dans le monde de l’art, musique, architecture…), du savoir-faire (artisanal, luxe ou gastronomie) etc.. Mais la France de la République permet également de transmettre dans la société les notions essentielles d’universalisme, de respect du droit et des personnes dans leur simple expression. Cette conception holistique du monde est grandement appréciée des autres communautés nationales. Nous nous devons de continuer à porter ces messages de liberté, d’égalité et de fraternité qui nous caractérisent tout en faisant en sorte que ce ne soient pas seulement des incantations, de ne pas laisser cette devise accrochées aux frontons de nos mairies, et qu’elles correspondent à de vrais engagements soutenus par une intervention publique forte avec les budgets adéquats.

Lesfrancais.press : Le risque d’une « diaspora » qui réussit, n’est-ce pas l’effilement du lien avec la France ? Mais avec nous, FdE, qui par essence, avons peu d’attitudes communautaires, comment entretenir une « envie de France » ?

Nous touchons ici un des points intéressants de la campagne consulaire. Jamais les Français-es vivant hors de France n’ont senti le besoin de créer une communauté à part dans leurs pays de résidence. La réalité nous montre que l’intégration et l’immersion sont des traits du caractère français. Elles s’expriment par de nombreux mariages binationaux, l’apprentissage de la langue locale, l’investissement dans des associations du pays, l’acquisition de la double nationalité, l’investissement politique local…. Cependant, ells et ils aiment à se retrouver à certaines occasions comme lors de la fête nationale ou pour les commémorations, ou à apprécier les actions de promotion et de representation de la culture française.

« L’état confie aux conseillers consulaires le softpower alors que ce n’est pas leur rôle. » 

Depuis tellement longtemps, nous  assistons au désengagement à marche forcée du lien avec la France. Je pense aux fermetures des Instituts Français, à la réduction des dotations de ceux qui subsistent au profit de l’autofinancement, à la vente de bâtiments historiques dans les pays qui nous accueillent et qui concourrent pourtant à l’image de la France. Ah oui, L’état confie aux conseillers consulaires le softpower alors que ce n’est pas leur rôle. Nous arrivons au bout de la logique néolibérale du désengagement total de l’État et c’est un drame culturel. Il n’y a plus de vision globale mais des économies à faire partout. Il est donc certain que c’est l’Etat et les collectivités publiques, en créant des synergies avec l’immense potentiel d’auto-organisation des Français qui vivent hors de France, qui doivent reprendre en main la politique culturelle de la France par des moyens financiers à la hauteur de l’envie de France des Français-es hors de France mais aussi de l’envie de France des pays qui nous accueillent.

Lesfrancais.press : A mi-mandat, que retenir de l’action de la majorité présidentielle ?  Au cœur des préoccupations des Français de l’étranger, et en particulier au Luxembourg, votre pays de résidence où vous exercez le mandat de conseiller consulaire, la fiscalité ! Combiné à l’amendement de la convention fiscale en cours d’adoption au Grand-Duché, les transfrontaliers seront particulièrement impactés par la réforme avec des impositions doublées, voir quadruplées, quelle solution, votre mouvement pourrait imaginer ? Autre victime, les retraités sans personne à charge. Ils sont nombreux à partir au Maroc, en Tunisie et aussi au Portugal mais là le RNH est lui aussi attaqué, quelle solution pour cette tranche d’âge ?

« j’ai moi-même été frontalier durant 5 années »

La fiscalité, superbe sujet de discorde. Mais je ne crois pas du tout que ce soit au cœur des préoccupations des Français-es hors de France. Pour nous, écologistes, notre credo en la matière est fondé sur la solidarité, la justice sociale et la baisse des inégalités. Ceux qui parlent le plus de fiscalité sont ceux qui veulent payer le moins possible mais veulent des services publics efficaces, des équipements modernes et bien entretenus, une école sans 25 enfants par classe, des hôpitaux qui fonctionnent etc. J’ai plaidé en tant que conseiller consulaire à ce que nous soyons consulté dans les travaux du Groupe de Travail Intergouvernemental Franco-Luxembourgeois car nous sommes les mieux à même de connaître les réalités terrains, j’ai moi-même été frontalier durant 5 années. Nous n’y avons jamais été invités. Les décisions sont prises par Paris, encore une limite du mandat de conseiller consulaire.

En matière fiscale, ce qui est indéniable, c’est que ce ne doit plus devenir un tabou pour la gauche. Nous devons la vérité aux Français-es. Il va falloir trouver de l’argent, beaucoup d’argent pour changer notre mode de vie qui ronge la planète, beaucoup d’argent pour construire mieux, pour innover, pour produire autrement, pour ne plus polluer, pour ne plus accentuer le dérèglement climatique, pour accompagner la transition, pour réparer et sauvegarder… Entreprises, individus, tout le monde va devoir contribuer à la hauteur et en proportion de sa richesse propre afin que nous respections les accords de Paris qui sont déjà dépassés. Et plus nous attendons, plus l’effort devra être important au risque même de mettre en péril nos démocraties. Il est donc absolument scandaleux, irresponsable et purement démagogique de promettre des baisses drastiques en matière fiscale. Evidemment, et c’est également ce qui nous différentie des autres forces politiques, cette réforme profonde de la fiscalité doit être européenne, avec la suppression des trop fortes disparités fiscales, avec la mise en place de minima sociaux décents et de salaires minima, de taxations des entreprises coordonnées…

Lesfrancais.press : La réforme des retraites est particulièrement lourde pour les fonctionnaires expatriés, le groupe Solidarité et Écologie (affilié PS) a lancé une pétition , il y a quelques jours, partagez-vous l’analyse ? Quelle est votre anticipation de cette réforme pour les FdE ?

« Dogmatisme libéral du siècle passé » 

Je ne m’arrêterai pas aux seuls fonctionnaires mais tout le monde va être touché par la réforme inique, mal préparée, honteusement habillé de questions de justice. Personne n’est dupe, la retraite par points est un énième coup de boutoir de ce modèle néo-libéral qui prône l’austérité budgétaire et ne cherche qu’à faire fondre les domaines de l’intervention de l’Etat en livrant aux fonds de pensions étrangers la mane des retraites françaises et en accentuant les inégalités. La question que chacun se pose est « combien vais-je perdre » ? Nous sommes typiquement dans le dogmatisme libéral du siècle passé. 80 % des nouvelles embauches sont en CDD, la précarité augmente, les chômeurs sont radiés ou découragés à chercher un nouvel emploi, les indemnités sont baissées, les prudhommes muselés, et le gouvernement parle d’une réforme sur base des carrières longues de 40 années et plus de cotisations. Mais dans quel siècle vivent-ils? C’est sans parler des nouveaux choix de vie, en particulier des parcours internationaux, de ne pas tout sacrifier à l’Entreprise mais à élever ses enfants, prendre un congé parental ou de formation, de vivre une expérience solidaire dans un pays en crise…. Il faut leur dire que le monde change plus vite que leurs théories économiques. La majorité des carrières sera des carrières hachées, en dents de scie. Nous, Français-es hors de France, qui bougons pour la plupart beaucoup, sommes déjà confronté-e-s à ce phénomène de hausse ou de baisse de revenus ou pas de revenus du tout pendant un temps. Le calcul du montant de la retraite de base française est toujours en proportion du nombre de trimestres validés en France. Pour ceux qui ont travaillé toute leur carrière en France, la retraite est fonction des salaires des 25 meilleures années, les plus mauvaises sont donc éliminées du calcul du salaire annuel moyen (SAM). Pour ceux qui ont moins de 25 ans de carrière en France, la retraite est fonction de toutes les plus mauvaises années, dont aucune n’est éliminée. Mais surtout, les années les plus faibles par un effet pervers peuvent non seulement ne pas augmenter la retraite mais au contraire la baisser. Bref, une réforme inutile et en total décalage par rapport aux préoccupations des français-es.

Lesfrancais.press : Autre sujet qui est important pour chaque Français, l’éducation. Au cœur du brassage républicain, l’AEFE et consorts se retrouvent aujourd’hui confronter à une baisse des dotations, et ce malgré un réajustement en 2019 de la chute des crédits décrétée en 2018, mais aussi à une remise en cause de l’association qui facilite la création d’établissement en se portant garant des encours. Imaginez-vous une nouvelle correction et dans le cas contraire, est-ce le temps de faire une place plus importante au secteur privé ?

Il est clair que depuis la Présidence Sarkozy, dont le bilan a été en partie prolongé sans complexe par le Président Hollande, l’Etat veut se désengager de l’AEFE. A rogner les budgets, à modifier le système de calcul des bourses, à augmenter les frais d’accès à l’enseignement à distance, à supprimer les supports pour les enseignants et les personnels titulaires, à labéliser aveuglement des établissements à tour de bras pour faire du chiffre, nous assistons comme pour l’action culturelle à un saccage de ce bel outil de la France. Le privé n’est pas la solution car, on le voit dans les pays qui ont voulu donné les clefs à ce type de structures (USA, Royaume-Uni…), c’est évidemment la recherche du profit qui prime en excluant tout un pan de la société, en captant les meilleurs professeurs payés au mérite, en oubliant le brassage social ou l’enseignement commun à tous, à reproduire les inégalités de naissance etc. Est-ce notre modèle Républicain ? Nous ne le pensons pas et au contraire, il faudrait compenser ce vaste désengagement qui a fait partir tant de compatriotes du système en doublant a minima l’enveloppe des bourses et dans des établissements en gestion directe. Il faudrait inclure des engagements clairs en matière de construction ou d’hébergement dans des locaux respectueux de l’environnement, il faudrait inciter les établissements AEFE à obtenir le label E3D comme certains établissements pilotes l’ont déjà fait…

Lesfrancais.press : Enjeu national de nos élections locales, les consulaires du 17 mai 2020 : les sénatoriales d’octobre 2020. Les conseillers et délégués consulaires élus en mai seront les grands électeurs de 6 sénateurs renouvelés cet automne. Quelle sera la position des sénateurs issus de votre mouvement sur la réforme institutionnelle, et en particulier sur la circonscription unique avec un scrutin à la proportionnelle intégrale par liste ?

« Nous sommes favorables et depuis longtemps à un scrutin proportionnel à tous les étages »

Concernant la réforme Institutionnelle, de la même façon que le scrutin proportionnel pour la Sénatoriale, nous sommes favorables et depuis longtemps à un scrutin proportionnel à tous les étages. A ceux qui redoutent le retour d’un système partisan comparable à celui de la IVe République, nous rétorquons que la République a grandi et que les électrices et les électeurs, lassé-e-s de la Ve République qu’une minorité peut accaparer, s’en détournent. Allons continuez à voir se déliter le taux de participation aux grands rendez-vous électoraux ? L’hyper-présidentialité de la Ve République, outre qu’elle concentre en une seule main des pouvoirs considérables, ne représentent plus l’expression de la communauté nationale mais le souhait des plus intégré-e-s socialement (par l’argent, la connaissance ou le milieu). Les classes les plus défavorisées se sont détournées de leur droit civique avec l’argument qu’ils ne seront de toute façon pas représentés. Le scrutin proportionnel rend de la dignité à l’électeur et à l’électrice et l’assure que son vote sera entendu et comptabilisé. Le vote blanc est un exemple flagrant de la continuation coute que coute du système actuel par les partis que cela favorise. A force de tergiverser et de prendre le risque de voir le système désavoué, il n’est toujours pas pris en considération. Ainsi, depuis des années, EELV prône une VIe République plus inclusive, plus participative, plus démocratique, bref, plus représentative.

« Nous ne sommes pas défavorables à la baisse du nombre de parlementaires »

Concernant la circonscription législative des Français-e-s hors de France, les avis sont partagés au sein de la région écologiste Hors de France. Certain-e-s voient dans un scrutin à une seule circonscription un facteur globalisant des problèmes des français-e-s hors de France ainsi qu’une réelle représentativité générale des composantes des français-e-s résident-e-s hors de France, d’autres voient dans le système actuel des circonscriptions l’expression de particularismes continentaux particulièrement intéressants pour la richesse des opinions. Nous prendrons pleinement part au débat le moment venu en faisant ressortir un consensus le plus favorable à la défense des intérêts des français-e-s hors de France.

Enfin, nous ne sommes pas défavorables à la baisse du nombre de parlementaires à la condition évidente de les doter de moyens à la mesure du surcroît de travail occasionné par cette baisse des effectifs. Nous sommes également attachés au bicaméralisme qui permet de faire vivre le contre pouvoir du sénat. Nous le voyons pleinement dans la période actuelle ou seul le Sénat est en capacité de mettre sur pied des commissions d’enquêtes ou de réaliser des rapports permettant de contrebalancer les avis d’une majorité pléthorique et aux ordres de l’exécutif. En outre, Assemblée Nationale et Sénat ne disposent pas des mêmes rythmes d’étude ni des mêmes compétences. A l’Assemblée des proposer les lois, au sénat d’en vérifier la pertinence via les rapports a posteriori. Les deux assemblées n’ont donc pas le même rôle, l’une doit représenter la diversité politique des opinions des citoyen-nes, l’autre la diversité territorial (ce qui de fait devrait amener à des modes de scrutin différents). Ce sont deux respirations différentes mais complémentaires d’une même conception d’un pouvoir législatif.

Lesfrancais.press : Votre mouvement EELV est le grand favori pour cette élection, en particulier en où les succès des formations locales, soutiennent votre progression, quelles sont vos ambitions pour les élections consulaires ?

« Nous défendons des idées qui ont pour but la défense de la planète, la solidarité internationale entre les peuples »

Grand Favori ? Je ne comprends pas cette qualification. Au-delà de notre score et même de notre parti politique, nous défendons des idées qui ont pour but la défense de la planète, la solidarité internationale entre les peuples, la réduction des inégalités liées au système de production et de consommation actuel. Nous espérons que c’est la sauvegarde de la planète qui sera toujours la grande favorite. Malheureusement, les enjeux des partis traditionnels qui ont si longtemps soutenu le système économique actuel et la mondialisation des échanges, continuent complaisamment à soutenir des politiques nocives pour l’avenir de l’humanité, des politiques en total décalage par rapport à la réalité climatique et environnementale que nous constatons tous.

De façon très prosaïque, beaucoup de militant-e-s du climat, du maintien ou de la sauvegarde de la biodiversité, du respect des peuples premiers, de l’arrêt de la déforestation ou de l’accaparement des terres … s’engagent dans de véritables sacerdoces de combat sur le terrain et se sont détourné-e-s de l’action politique institutionnelle. L’effet de la Ve République effaçant la représentation des minorités et l’expression des différences, les scandales à répétition d’hommes et de femmes politiques sans morale, le système perçu comme une grande machine impossible à arrêter …bref, peu veulent s’engager «en politique» et il est difficile de trouver des candidat-e-s. C’est la raison pour laquelle nous ne serons malheureusement pas présent-e-s partout, parfois pourtant dans des circonscriptions dont les électeurs et les électrices ont favorisé Europe Ecologie Les Verts comme jamais auparavant (par exemple Vancouver, Toronto, Mauritanie, Pondichéry, Laos…). Pour ce cru 2020, nous espérons cependant doubler notre score de 2014, en passant de 25 à 50 conseillers ou délégués consulaires. Si votre journal pouvait faire naître des vocations tardives pour cette élection, avant la semaine du 2 mars, alors nous aurions au moins fait progresser la cause de l’écologie.

Lesfrancais.press : Certains pensaient qu’au vu des résultats du PS lors des élections précédentes, de l’effritement de la dynamique LFI, que des listes de rassemblement derrière votre parti se constitueraient naturellement. Finalement, ça semble plutôt être l’exception. Quelles en sont les raisons ?

« Nous avons essayé d’y faire participer l’association Français du Monde-AdFE (FdM) dirigée en sous-mains par le PS, mais ils ont préféré écrire la mandature 2014-2020 sous la seule hégémonie du PS et de FdM en faisant même élire sous leurs couleurs un sénateur devenu LREM! »

Le parti EELV est à la base de la reconstruction de la gauche et ce depuis l’élection consulaire nouvelle formule issue de la réforme de 2014. Devant le virage déjà Macroniste du changement de gouvernement de Ayrault à Vals, nous avons pris le parti de fédérer les énergies, de rassembler et de recomposer la gauche saccagée par un PS sans boussole. Nous avons essayé d’y faire participer l’association Français du Monde-AdFE (FdM) dirigée en sous-mains par le PS, mais ils ont préféré écrire la mandature 2014-2020 sous la seule hégémonie du PS et de FdM en faisant même élire sous leurs couleurs un sénateur devenu LREM ! Nous avons tenté, après la déroute du PS à la Présidentielle et aux Législatives de proposer une nouvelle fois une alliance à l’élection sénatoriale de 2017, et avons essuyé de nouveau un nouveau refus, le PS ne privilégiant que les petits calculs immédiats au détriment d’une vision politique, celle du changement d’un système à bout de souffle.

Notre volonté présente est toujours de rassembler la gauche. C’est donc la stratégie qui a été renouvelée par le Bureau Politique Régional d’EELV en juin 2019 lorsque nous avons commencé à entamer les discussions consulaires. Nous y avons réussi dans un certains nombre d’endroits en privilégiant l’approche locale, en faisant confiance aux militant-e-s de gauche, encarté-e-s ou non mais désireux-euses de travailler ensemble à plus d’écologie politique, à plus de justice sociale, à briser les carcans et les codes. Ainsi, des listes comportant des militant-e-s du PS, de FdM, d’EELV, de la nouvelle association de gauche CISE (Confédération Internationale Solidaire et Ecologiste), de non encarté-e-s, d’insoumis-ses etc. ont vu le jour. C’était sans compter le travail de sape du PS et du Bureau National de FdM qui, il y a quelques jours, a décidé d’imposer aux listes d’union ainsi créées localement, en échange du soutien de cette association, la signature d’une charte obligeant tous les premiers candidat-e-s des listes à adhérer à FdM, à reverser une partie des indemnités consulaires, à siéger en tant qu’élu-e dans le groupe FdM de la future AFE et enfin de voter pour la liste sénatoriale qu’aura choisi le bureau national de FdM qui a toujours choisi évidemment des têtes de liste encartées au PS. Il n’est nul besoin de dire qu’il s’agit bien pour le PS et FdM de casser une dynamique qui fonctionnait en bonne intelligence au niveau local. On ne peut donc parler d’exception concernant des listes d’union, mais il y en aura évidemment beaucoup moins que ce qui aurait pu naître d’une réelle volonté commune à tous et toutes de lutter contre les politiques dépassées du Président de la République.

Lesfrancais.press : L’autre enjeu des élections locales que sont les consulaires, comme nous le disions, ce sont les sénatoriales ? Ferez-vous là aussi des listes autonomes ? Serez-vous la tête de liste cet automne ? Sinon quelle personnalité pourrait venir porter au niveau de la circonscription mondiale vos idées ?

« Notre approche sera celle qui a prévalu depuis 2014, le rassemblement »

Vous avez raison, et c’est aussi là que le bât blesse. La réforme ratée de 2014 n’a fait qu’augmenter le nombre de conseillers sans donner aucunes prérogatives aux élu-e-s de terrain. La réforme a créé une fusée à plusieurs étages : les délégués consulaires dont le seul rôle est de voter aux sénatoriales, les conseillers consulaires bridé-e-s dans leur volonté de travailler pour l’intérêt de la communauté résidente, les conseillers AFE dont les travaux sont de faible qualité et ignorés du gouvernement. En octobre 2019, a même été proposée par le Ministre Lemoyne, la création de supers conseillers AFE, ceux qui siègent au bureau de l’AFE (une dizaine de personnes) et qui discuteront avec le ministre 2 fois par an des sujets préoccupants les Français-es hors de France. C’est une caricature. Non ! Nous souhaitons pour notre part des conseillers consulaires avec de réelles prérogatives, des prérogatives légitimes en tant que représentant-e-s élu-e-s, autour de l’action culturelle, de l’éducation et du social. Nous les déclinerons lors de la campagne qui s’annonce.

Evidemment, cette réforme n‘ayant pour but que de faire élire des sénateurs et des sénatrices, il faut en parler. Notre approche sera celle qui a prévalu depuis 2014, le rassemblement. Nous ne souhaitons pas faire de listes autonomes, ce n’est pas dans nos gênes lorsque l’on ne nous y contraint pas. Nous proposerons alors de reconduire la plateforme de rassemblement de la gauche qui est en place depuis l’élection sénatoriale de 2014. Comme nous sommes des militant-e-s responsables et soucieux-euses du seul intérêt que constitue la sauvegarde de la planète et des générations futures, des préoccupations des Français-es hors de France, du combat contre toutes les sortes de discrimination et contre l’injustice sociale, nous y convierons une nouvelle fois le PS et l’association FdM afin qu’une seule liste de gauche puisse se présenter.

Concernant notre tête de liste, nous ne sommes pas encore entrés dans cette séquence. En outre, s’agissant d’une élection nationale, c’est le Bureau Exécutif d’EELV à Paris qui est en charge du choix des personnalités écologistes qui porteront les orientations politiques du parti pour cette élection. Il est cependant évident que la région Hors de France d’EELV proposera au BE des candidat-e-s issu-e-s de ses propres forces militantes.

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