Les chefs d’État empêtrés dans la nomination des postes clés de l’Europe

Les chefs d’État empêtrés dans la nomination des postes clés de l’Europe

Malgré une nuit de négociations, les chefs d’État et de gouvernement étaient toujours incapables de trouver un consensus sur la répartition des postes clés de l’UE.

Le blocage institutionnel pointe son nez à Bruxelles, après le nouvel échec des Vingt-huit à s’entendre sur le nom du successeur de Jean-Claude Juncker lors d’une réunion extraordinaire le dimanche 30 juin.

Une première tentative pour trouver un accord sur la désignation des nouveaux chefs des institutions européennes avait échoué le 21 juin.

Trois postes clés sont à pourvoir : la présidence de la Commission européenne, la présidence du Conseil européen et le/la haut(e) représentant(e) de l’UE pour les affaires étrangères.

La présidence du Parlement européen est ouverte, mais suit une méthode distincte, puisque les nouveaux eurodéputés devraient élire leur nouveau président lors de la session plénière d’inauguration le mercredi 3 juillet.

En début de semaine dernière, les dirigeants allemand, français, espagnol et néerlandais se sont rencontrés en marge du sommet du G20 à Osaka afin de sortir de l’impasse.

Le groupe, représentant les trois plus grandes familles politiques (PPE, socialistes et libéraux) a estimé que la présidence de la Commission devrait idéalement revenir à Frans Timmermans, le candidat socialiste.

Dans le cadre de cet accord d’Osaka, le PPE obtiendrait la présidence du Parlement européen, la présidence de la diplomatie européenne, et les libéraux la présidence du Conseil européen.

Rébellion du PPE contre l’accord d’Osaka

L’accord d’Osaka est perçu comme une concession majeure de la chancelière allemande Angela Merkel au nom du Parti populaire européen de centre droit (PPE), qui a terminé premier aux élections européennes du 26 mai prochain.

Le PPE a toutefois refusé d’accepter le compromis d’Osaka et a répété que leur « Spitzenkandidat », Manfred Weber, avait remporté les élections et devait donc obtenir la présidence de la Commission.

La rébellion contre Angela Merkel a commencé après son départ d’une réunion du PPE organisée pour préparer le sommet européen d’hier. « Merkel représente l’Allemagne, pas le PPE », a déclaré Paulo Rangel, vice-président portugais du PPE. En arrivant au sommet européen hier, le Premier ministre bulgare Boyko Borissov a répété la même chose.

Antonio Tajani, le président PPE sortant du Parlement européen a déclaré qu’il serait « impossible » pour le centre-droit de voter pour un candidat socialiste, car cela irait à l’encontre de la volonté des électeurs européens qui ont placé son parti en tête du scrutin.

« Pour nous, Spitzenkandidat signifie le candidat de la force politique qui a remporté les élections », a-t-il rappelé après la réunion avec les dirigeants européens.

Antonio Tajani a également déclaré que le Parlement européen voterait mercredi pour élire son nouveau président, que les dirigeants aient trouvé un compromis ou non.

Le Parlement européen est censé organiser un vote de confiance sur le nouveau président de la Commission européenne désignée par les dirigeants européens lors d’une séance plénière mi-juillet.

« Pour moi, il est très important d’éviter un conflit interinstitutionnel entre le Conseil et le Parlement », a déclaré Angela Merkel aux journalistes avant de rentrer dans la salle du Conseil.

Divisions au PPE

L’opposition féroce à l’accord d’Osaka a retardé le début du sommet de près de trois heures le dimanche 30 juin, alors que plusieurs chefs d’Etat tentaient de débloquer l’impasse lors de négociations en face à face.

Selon un diplomate, les divisions au sein du PPE sont à l’origine du manque d’avancées. Tandis que les leaders du PPE maintenaient leurs positions, Donald Tusk a suspendu le sommet vers 23h pour des négociations bilatérales avec les dirigeants européens. Des discussions qui ont duré près de cinq heures.

Boyko Borissov a rencontré la tête de liste socialiste, Frans Timmermans à la représentation permanente de la Bulgarie et lui a annoncé qu’un compromis était en train de prendre forme, selon lequel le Néerlandais obtiendrait la présidence de la Commission et Manfred Weber celle du Parlement. Une vidéo de deux minutes a été postée sur la page Facebook du Premier ministre bulgare. Mais l’annonce était un peu prématurée…

Lors de ces négociations bilatérales, Donald Tusk a tâté le terrain pour d’autres candidats du PPE, comme le négociateur en chef du Brexit, Michel Barnier, la directrice de la Banque mondiale, Kristalina Georgieva ou le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar.

Ce dernier était l’un des opposants les plus virulents à l’accord d’Osaka, avec le groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie). Des sources diplomatiques ont déclaré que ce trio d’options alternatives était étrange, car Leo Varadkar n’avait aucunement l’intention de quitter son poste à la tête du gouvernement irlandais.

La possibilité que la session inaugurale du Parlement européen cette semaine se déroule sans président de l’assemblée a ajouté de l’urgence à la discussion.

« Les chefs d’État européen sont conscients qu’il serait préférable de choisir ce soir » pour éviter d’être mis devant un fait accompli par les eurodéputés en fin de semaine, qui pourraient choisir quelqu’un d’autre que Manfred Weber en tant que président du Parlement, a reconnu hier soir un diplomate européen, avant de poursuivre : « le vote prévu mercredi pourrait apporter des changements considérables à l’accord [d’Osaka] »

Autre pierre d’achoppement : choisir un candidat libéral de Renew Europe pour la présidence du Conseil européen et celle de la diplomatie européenne tout en respectant la parité.

Une des possibilités envisagées hier serait de s’accorder uniquement sur la présidence de la Commission et laisser le reste des décisions pour un autre sommet.

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