La croissance américaine avoisine les 3 % quand celle de la zone euro peine à dépasser 1 %. Depuis plusieurs années, cette dernière est dans l’impossibilité de réduire cet écart de deux points. La politique économique de Donald Trump pourrait réduire la croissance de l’économie américaine mais elle pourrait également porter atteinte à celle de la zone euro qui dépend des exportations notamment vers les États-Unis. Au-delà des vicissitudes de la politique du Président américain, l’écart de part et d’autre de l’Atlantique est lié à quatre facteurs : le capital, le travail, la technologie et l’énergie.
Depuis vingt ans, un fossé se creuse entre les États-Unis et la zone euro. Entre 2002 et 2024, le PIB a crû de 65 % aux États-Unis, contre 30 % pour la zone euro. Cette différence de croissance repose sur un déficit de gains de productivité en zone euro. La productivité par tête a, en effet, augmenté, de 48 % de 2002 à 2024 aux États-Unis contre 10 % en zone euro. Par ailleurs, chez cette dernière, la productivité est étale depuis 2017 voire en léger déclin.
Faiblesse du capital et de la formation en Europe.
L’Europe est pénalisée par la faible augmentation de son capital productif. Celui-ci augmente de 2,5 % par an aux États-Unis contre moins de 2 % en zone euro. Entre 2002 et 2024, il a progressé, en cumulé, de 75 % chez les premiers, contre 50 % en zone euro.
Les États-Unis créent plus d’emplois que la zone euro. Entre 2002 et 2024, l’emploi y a augmenté de 20 % contre 17 % en zone euro. Les États-Unis peuvent compter sur une population plus jeune. Celle en âge de travailler continue à augmenter quand elle décline en zone euro. En termes de compétences de leurs salariés, les États-Unis font aussi bien ou aussi mal que les Européens. Le système éducatif américain n’est pas plus performant que celui de l’Europe. En revanche, les États-Unis attirent les meilleurs chercheurs de la planète. Les immigrés s’installant aux États-Unis sont, en moyenne, d’un niveau de formation plus élevé que ceux optant pour l’Europe.
Avantage technologique aux États-Unis.
Les États-Unis disposent d’un avantage comparatif élevé dans le domaine des hautes technologies. L’investissement dans les technologies de l’information et de la communication (hors logiciels) représentaient, en 2023, 3,8 % du PIB, contre 2,2 % en zone euro. Les dépenses totales en Recherche & Développement s’élevaient, toujours en 2023, à 3,7 % du PIB aux États-Unis contre 2,2 % en zone euro.
Les États-Unis peuvent compter sur une énergie à faible prix. Cela concerne avant tout le gaz. Il était deux fois plus élevé en zone euro qu’aux États-Unis en 2024. L’Europe achète de plus en plus de gaz liquéfié notamment en provenance des États-Unis qui est plus cher que le gaz naturel auparavant acheminé par gazoduc. L’écart pour le prix du pétrole n’est pas déterminant en ce qui concerne le brut mais, en raison des taxes, il est plus cher à l’achat en Europe.
La production manufacturière a baissé fortement en zone euro depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, surtout en Allemagne. Le recul atteint 10 % en moyenne. L’avantage coût énergie aux États-Unis pour l’énergie ne s’est pas traduit malgré tout par une hausse de la production manufacturière. Ce sont les pays émergents et en premier lieu la Chine qui ont profité des difficultés de production de la zone euro.
Entre 2002 et 2022, l’écart de croissance est d’un point par an, puis de deux depuis 2022. Cet écart peut être attribué, selon l’économiste Patrick Arthus, à 25 % par la progression plus rapide du stock de capital aux États-Unis et à 75 % par le rôle du progrès technique.
Laisser un commentaire